Extrême-Nord: des écoles coraniques pour lutter contre Boko Haram

Ecole Coranique 5 329 personnes déplacées ont été enrégistrées en janvier à Diamaré

Thu, 26 Apr 2018 Source: L'Essentiel N°156

A Maroua, la société civile s’implique pour faciliter l’encadrement des enfants déplacés victimes du conflit Boko Haram.

Pour mieux contrer la montée de l’extrémisme violent dans la région de l’Extrême-nord, le Collectif des organisations de la société civile contre la radicalisation et le terrorisme (COSC-CRT) joue sa partition en s’intéressant à l’encadrement des enfants déplacés dans les écoles coraniques. Ceci parce que ces enfants sont non seulement victimes collatérales de guerre (orphelins, séparation avec leur famille), mais aussi vulnérables car à cause de leur situation précaire, ils sont passibles d’enrôlement et d’endoctrinement par Boko Haram à travers une mauvaise interprétation du coran.

L’intérêt pour les écoles coraniques réside aussi dans le fait que Boko Haram, au-delà des replis identitaires et de la pauvreté, fait aussi recours à la fibre religieuse pour enrôler ces jeunes.

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Concrètement, pour Mouazamou Ahmadou, anthropologue à l’Université de Maroua, par ailleurs secrétaire général et porte-parole du COSC CRT, la stratégie a tout son intérêt parce que dans les zones périphériques affectées par Boko Haram, le cycle de vie commence par le coran. « La meilleure façon de regrouper et de contrôler les enfants déplacés qui sont en divagation c’est à travers l’école coranique ; il est question d’identifier et rassembler pour mieux contrôler ces enfants afin qu’ils ne soient pas à la merci des recruteurs de Boko Haram », expliquet-il. C’est dans cette optique, que le COSC-CRT et le délégué départemental des Affaires sociales du Diamaré ont effectué une descente sur le terrain le 09 avril dernier pour visiter les écoles coraniques qui spécifiquement accueillent des enfants déplacés.

Sur le terrain, l’on dénombre plus de 580 enfants dans la seule ville de Maroua, soit 230 au quartier Doualaré, 200 au quartier Doursoungo et 150 au quartier Douggoi. Ces enfants déplacés qui se sont retrouvés à Maroua à cause des exactions de Boko Haram, viennent des localités frontalières telles qu’Amchidé, Limani, Kolofata, Kerawa, Achigachia, etc. L’on a relevé aussi que la délégation départementale des Affaires sociales s’est intéressée aux cas spécifiques des enfants déplacés qui ont perdu les liens avec leurs familles et ceux qui n’ont pas des actes de naissance.

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A cet effet, le délégué a promis mener des actions pour trouver des solutions. Avant cette descente qui visait à réfléchir sur la situation de ces enfants déplacés qui pour la plupart sont vulnérables entre les différentes parties, le Collectif a au préalable mené des actions concrètes notamment la construction des hangars, les dons (denrées alimentaires, bouilloires pour les ablutions, les nattes).

En rappel, pour ce qui est des statistiques relatives aux mouvements des populations, selon les l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) dans Matrice de Suivi des Déplacements (Displacement Tracking Matrix) en janvier 2018, le Diamaré a enregistré globalement 5 329 PDI dont la plus grande concentration de PDI se trouve dans les arrondissements de Pette (2 040 personnes) et Maroua III (2 239 personnes) qui concentre le plus grand nombre d’écoles coraniques.

Source: L'Essentiel N°156