Depuis 2008 à la tête du diocèse de Yagoua, Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo mène un combat acharné contre la pauvreté dans sa région. Dans un portrait exclusif, Jeune Afrique nous fait découvrir un homme de terrain confronté quotidiennement aux défis socio-économiques de l'Extrême-Nord.
Un pasteur au plus près des réalités
Au volant de son Toyota tout-terrain, l'évêque sillonne inlassablement les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Danay. Ces territoires, comme le souligne le magazine, sont "les plus affectés" par la pauvreté dans une région où, selon l'Institut national de la statistique, 74,3% de la population vivait dans la précarité en 2020, "près du double du niveau national".
Originaire d'un "milieu modeste" comme le révèle Jeune Afrique, Barthélemy Yaouda Hourgo connaît intimement les difficultés de sa communauté. Son parcours, du grand séminaire Saint-Augustin de Maroua en 1989 à son ordination comme évêque en 2008, l'a toujours maintenu proche des réalités locales.
Une année 2024 particulièrement éprouvante
L'année écoulée a été marquée par des épreuves successives pour son diocèse. Jeune Afrique rapporte qu'en octobre, "l'abbé Komla Badjougou, prêtre de l'évêché de Yagoua, mourait dans la ville de Yaoundé, victime d'une agression armée". Un mois avant, des "inondations monstres" frappaient la région, causant "une dizaine de décès et plus de 3000 sinistrés".
Face à ces défis, l'évêque n'hésite pas à hausser le ton : "Il faut que le Cameroun change. Il faut que cela change radicalement", a-t-il déclaré lors de la conférence épiscopale de janvier. Son cri du cœur pour sa région est éloquent : "Où allons-nous caser les enfants lorsqu'il n'y a aucune industrie au Nord ? L'université de Maroua a été créée en 2008, aujourd'hui, il n'y a aucun bâtiment. Comment voulez-vous qu'on se taise ?"
La colère de l'évêque face à la marginalisation de sa région est d'autant plus vive qu'il dénonce, selon les termes rapportés par Jeune Afrique, le traitement de sa population comme "bétail électoral". Un engagement social qui, à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025, prend une dimension politique nouvelle mais profondément ancrée dans les réalités quotidiennes de l'Extrême-Nord.