Extrême nord: le Mayo-Danay sous les eaux

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Wed, 4 Sep 2024 Source: Le Jour N°4232

Cinq arrondissements de ce département sont en proie aux pluies diluviennes qui s’abattent sur la région de l’Extrême-Nord depuis le mois d’août. Yagoua, le chef-lieu est le plus touché.

Comme en 2022, les arrondissements de Doukoula, Wina, Kalfou, Kaikai, Maga et Vélé et Yagoua, dans le département du Mayo-Danay font face à des inondations. A l’origine de cette situation les fortes pluies diluviennes qui s’abattent sur la région de l’Extrême-Nord et surtout la montée des eaux du Logone. Si pour le moment aucune perte en vie humaine n’est enregistrée les dégâts matériels sont énormes. La route entre Yagoua et Doukoula est coupé après l’effondrement du pont qui relie les deux arrondissements. Plusieurs villages et des hectares de champs de mil, d’arachides et de coton et des formations sanitaires des localités sont sous les eaux. La situation pas très inquiétante dans l’arrondissement de Kalfou où plus de 300 hectares de champs de mil, et une centaine de maison sont tombés après les pluies diluviennes. Dans la journée de lundi, 2 septembre 2024, le préfet du Mayo-Danay, à la tête d’une forte délégation s’est rendu à Doukoula et Kalfou pour évaluer les dégâts. Selon Jean Lazare Ndongo Ndongo, la situation est grave. La population a besoin d’aide d’urgence pour faire face à la furie des eaux. Pour cela, l’autorité administrative appelle à la solidarité agissante en faveur des populations. Le préfet du département du Mayo-Danay, avec détermination arpente sans relâche les zones sinistrées. Son visage, marqué par la gravité de la situation, témoigne de l'ampleur du désastre. Des mesures d'urgence attendent d'être mises en place. A savoir le recensement des sinistrés, l’organisation du recasement entre autres. Mais ces efforts, bien que louables, ne peuvent à eux seuls suffire à apaiser les souffrances d'une population dont le quotidien est un combat incessant pour la survie. A Yagoua, le chef-lieu du département, c’est l’apocalypse pour les populations. Une vingtaine de quartiers et villages de l’arrondissement de Yagoua sont sous les eaux qui continuent leur montée chaque jour. « Nous ne dormons pas ici, chacun veille sur sa famille mais aussi sur son voisin. Danayré n’existe que de nom aujourd’hui. Le quartier est englouti par les eaux. Je dors avec ma famille sur la route », confie Bouba, un habitant du quartier, joint par le Jour.

D’autres quartiers tels que Goboissou, Zaba 1 et 2, ainsi qu’une partie du quartier Joli-soir et le marché central de Yagoua sont inondés. « L’eau est à moins d’un mètre du lamidat. Nous ne dormons pas ici. Des sacs de sables sont mis pour empêcher à l’eau d’inonder le lamidat. C’est la catastrophe actuellement à Yagoua », ajoute un notable du lamidat de Yagoua. Le patron des lieux, sa majesté Hamadou Dairou, est aussi sur le terrain. Il veille avec les populations du quartier Zaba 1 et 2 et Danayré qui luttent contre la montée des eaux. « Notre présence rassure la population. Nous sommes aussi sinistrés par la montée des eaux. Le gouvernement doit vite agir et venir en aide aux populations de Yagoua et Vélé qui sont inondés par les eaux. Nos deux arrondissements sont les plus touchés par les inondations actuellement », explique-le lamido de Yagoua. La ville de Yagoua est coupée en deux depuis le lundi 2 septembre 2024. Le pont reliant le quartier Tikoro 1 au quartier Kaskao est sous les eaux. Ce quartier ainsi que les quartiers Kalfouré, Mamina, Goboissou et Sirataré sont sous les eaux des pluies. Le niveau d’eau dépasse par endroit les 1,50 mètres. Le stade municipal et une partie de l’école annexe d’application sont sous les eaux. À quelques jours de la rentrée scolaire 2024/2025, les regards sont tournés vers les cieux et les pieds dans l'eau, le Mayo-Danay attend plus que jamais une réponse, un soutien, une aide de la solidarité de la communauté nationale.

Le village Toukou est coupé du centre urbain de Yagoua après la rupture de dalot entre Bagara et Kirsidi. Les quartiers Djogoidi, Soukamna, Marao, Vounaloum et Bidim ne sont pas en reste. L’église catholique de Toukou est inondée par les eaux des pluies ainsi que l’école publique et le lycée de Toukou. Les populations avec le matériel de bord tentent de contenir la montée des eaux. Chaque jour rapproche la population de Yagoua vers une catastrophe sans pareil, si rien n’est fait en urgence. « Il est plus qu’impératif que cette situation ne tombe pas dans l'oubli, que l'urgence du moment ne laisse pas place à l'indifférence. Les prochains jours seront cruciaux. Car au-delà des chiffres et des statistiques, il y a des vies humaines en jeu », se lamente Jean Paul Bougolla, un habitant de Yagoua.

Dans l’arrondissement de Vélé, c’est une situation de catastrophe que vivent les populations de cette unité administrative. Des villages tels que Vada, Dabaye, Mouzouk et Kartoua sont inondés et la peur grandit chaque jour avec la montée des eaux du fleuve Logone. Des forages, des écoles inondées dans plusieurs villages de la commune de Vélé. Guirividig et Maga sont sous la menace de la rupture de la digue du lac de Maga. Des comités de surveillance veillent chaque soir pour colmater les brèches et alerter les populations. Selon plusieurs experts la montée des eaux du Logone et la forte pluviométrie des jours à venir sur le MayoDanay, en particulier et la région de l’Extrême-nord.

Source: Le Jour N°4232