Ses partisans issus de la diaspora «anglophone» aux Amériques dont Simon Munzu et Benjamin Akih, viennent de lancer une campagne à cet effet.
Pour Benjamin Akih, activiste fédéraliste camerounais basé aux États-Unis, «si tes populations avaient le choix ils opteraient largement pour la séparation, mais s’il faut passer par les armes, elles n’y sont plus disposées». Alors, en l’état, «beaucoup préfèrent le fédéralisme», soutient ce membre de la English Cameroon for a united Cameroun, organisation membre de la Coalition des groupes et activistes fédéralistes du Cameroun (Cgafc), et qui réalise,des sondages régulièrement sur la crise dans le southerns Cameroon et à la tête du pays. Coalition qui prépare une campagne en vue de promouvoir la solution de la fédération au Cameroun.
Au cours d’une conférence de presse via zoom samedi dernier, modérée par Victor Waingeh, rapport du Cgafc, et à laquelle ont pris part les différents membres de la coalition, entre autres Cimon Munzu, Fabrice Lena, Benjamin Akih, Peter Atemkeng, Richard Ndifor,… la coalition a expliqué les contours de cette voie jusqu’ici rejetée par Yaoundé, pour sortir le pays-du bourbier de la guerre qui s’enlise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, avec de plus en plus d’effets sur les régions voisines.
Une situation qui va grandissante depuis novembre 2016, et dont l’issue est de plus en plus incertaine. Mais les fédéralistes continuent de croire que les séparatistes ne sont pas les plus nombreux en zone dite anglophone.
«Quand un peuple veut, il peut tout avoir, même face au pire des régimes», est convaincu Simon Munzu, mais il n’est pas question d’être jusqu’au-boutiste face à un régime de Yaoundé extrémiste sur la question de la forme de l’État. «Notre vision est l’émergence du Cameroun comme une démocratie paisible, fédérée et constitutionnelle dans laquelle les citoyens élisent librement des dirigeants qu’ils tiennent comptables à tous les niveaux pour servir l’jntérét général du peuple, assurer le développement égal de toutes les réglons et promouvoir la jouissance par chaque citoyen de ses droits et libertés ainsi que la réalisation de toutes ses potentialités dans tous les domaines de la vie», rappelle-t-on au Cgafc.
Au moment où certains ne cessent d’appeler les Nations unies au secours pour faire respecter le principe du «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», qui pourrait ouvrir une brèche pour les partisans de la séparation entre les deux entités d’antan. «Il n’y a aucun État indépendant au monde où les Nations unies peuvent aller organiser un référendum sans son aval; et n’oublions pas, quoi qu’on dise, que le Cameroun est un État. indépendant et souverain», assure Benjamin Akih. De même que «le président du Cameroun n’a aucun pouvoir d’organiser un référendum d’autodétermination dans les régions du Southerns Cameroon», a-t-il souligné.
Alors que sur le terrain, il devient de plus en plus difficile de concilier les positions des extrémistes des deux bords. Les fédéralistes croient être sur l’unique voie. «Nous regrettons que certains pensent qu’on ne doit plus parler de fédéralisme, parce que les armes tonnent. Nous devons avancer dans la légalité», insiste Simon Munzu, le leader de la coalition. L’ancien enseignant de l’université de Yaoundé I va même plus loin en disant que «nous avons les ressources pour mener notre campagne auprès des pouvoirs publics et même avec les populations».
Peut-être un peu illusoire tant Yaoundé a les mains liées par une forte puissance des extrémistes de son bord qui continuent de rejeter tout débat sur la forme de l’État. «Ça prendra du temps, il faudra de la patience, mais on y retournera», est-il certain. Regrettant un passé qui promettait leurs yeux un avenir radieux aux populations de l’ancien protectorat allemand d’Afrique centrale, jusqu’à ce qu’Ahmadou Ahidjo en décide autrement en 1972, et que son successeur perpétue ce croc-en-jambe malgré son échec.
Les fédéralistes anglophones ne passent pas par quatre chemins pour démontrer que le Grand dialogue national (Gdn) organisé par Paul Biya en octobre 2019 est un échec. La preuve, la guerre se porte de mieux en mieux dans les deux régions, au moment même où l’on parle d’accélération du processus de décentralisation, avec notamment un statut particulier pour les régions en crise, d’obédience anglo-saxonne.