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Fabrication systemique des milliardaires au Cameroun

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Tue, 28 Feb 2023 Source: www.camerounweb.com

Historiquement, tous les capitaines d'industrie de la période française à LA fin des années 1990 (voire au delà) sont dans leur immense majorité, des fabrications du système.

Le dire ce n'est pas calomnier ni nier le génie de ces pionniers. C'est démonter tous les mythes autour de ces anciens vendeurs de cacahuètes et gardiens de bœufs qui seraient devenus milliardaires à force de travail. En termes simples, la "ligne 94" et ses équivalents existent depuis toujours.

Dans cet ouvrage, un des architectes de cette stratégie de promotion sociale livre un témoignage de première main.

Extrait :

" pendant la première livraison, Kadji a reçu pratiquement 200 millions en devises (allez savoir ce que valaient 200 millions en 1958… c’est presque 10 milliards actuels), Monthé Paul a reçu 250 millions en devises, Monthé Luc a reçu quelque chose comme 200 millions. C’est des chiffres que je ne peux pas oublier. Il y avait le propriétaire de l’Aurore (Ndingue) aussi qui a reçu une dotation de 60 millions. Il y avait d’autres… Bachirou, Nassirou, Tidjani, des ressortissants du Nord, chacun a eu une dotation de 150 millions”

Cette première phase de l’opération connut un succès relatif, puisque quelques déceptions furent enregistrées. Certains hommes d’affaires, lorsqu’on leur remettait ces devises, “ ils allaient trouver la Hollando pour importer les marchandises. Ils n’arrivaient pas à importer eux-mêmes. Ils prenaient les dotations qu’on leur donnait pour aller les remettre à une maison de commerce, soit la Hollando, soit la PZ, alors que nous les fabriquions pour qu’ils deviennent des importateurs. Il y a quand meme eu des exceptions qui ont confirmé qu’on n’avait pas tort. Ce sont les Kadji, les Monthé Luc, Ce sont des exceptions!”

L’année suivante, d’autres hommes d’affaires camerounais furent sélectionnés pour recevoir des dotations en devises, notamment “ Fotso Victor et d’autres. Il y avait Tchuisse Mathieu. En tout cas, l’échantillon des hommes d’affaires camerounais officiellement accrédités sur le plan international était là. Je suis très content d’avoir vu que certains ont réellement réussi et sont des reférences aujourd’hui”.

Kodock fit cette précision de taille : “ Je voudrais que le peuple camerounais sache que c’est le gouvernement qui a fabriqué ces hommes d’affaires. Il ne faut pas que quelqu’un dise qu’il s’est fabriqué lui-meme. C’est une erreur.”

Ainsi naissait une cuvée de négociants camerounais qui n’avaient fait aucun effort particulier pour être riches. Cependant, il faut reconnaitre que leur dynamisme a donné raison à Kodock, en ce sens que c’est précisement eux qui font la fierté du Cameroun dans le domaine du commerce extérieur à l’heure actuelle.

Pour les expatriés qui s’estimaient victimes d’une ignominieuse injustice, Kodock n’était, au mieux, qu’un apprenti-sorcier, au pis, qu’un communiste qui ne disait pas son nom."

Joseph Wouako Tchaleu (2015), Augustin Frédéric Kodock, Paris, L'Harmattan.

Source: www.camerounweb.com