Fame Ndongo révèle : Paul Biya avait prévu les défections de ses ministres

President Biya   Claude Assira Paul Biya

Mon, 30 Jun 2025 Source: www.camerounweb.com

Le ministre d'État affirme que le président "connaît d'autres secrets" dans un entretien au Cameroon Tribune.

Dans une interview accordée lundi au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, le ministre d'État Fame Ndongo a livré des révélations surprenantes sur la prescience du président Paul Biya concernant les récentes défections ministérielles.

L'entretien mené par le journaliste Yves Atanga a pris une tournure inattendue lorsque le ministre d'État à l'Enseignement supérieur a affirmé que Paul Biya avait anticipé les candidatures de ses anciens alliés Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari.

Face aux questions directes du journaliste sur les récentes défections au sein du RDPC, Fame Ndongo n'a pas cherché à minimiser les événements. "Oui, Monsieur le président de la République, président national du RDPC, avait vu venir ces développements. Et ces défections ne l'ont guère surpris", a-t-il déclaré avec assurance.

Le ministre d'État a poursuivi en expliquant que le chef de l'État "avait codé, depuis belle lurette, les signes prémonitoires de ces départs qui participent du jeu politique classique, dans une démocratie libérale et avancée." Une formulation alambiquée qui traduit la volonté du pouvoir de normaliser ces défections historiques.

L'interview a pris une dimension plus intrigante lorsque Yves Atanga a poussé son questionnement, demandant si Paul Biya "savait donc que certains de ses ministres préparaient une fracture". La réponse de Fame Ndongo a été sans équivoque : "Bien sûr. Il le savait, de manière apodictique."

Le ministre d'État a alors livré une confidence qui en dit long sur le fonctionnement du régime : "Je vous rappelle qu'il est l'homme le plus renseigné de la République. Je subodore qu'il connaît d'autres secrets."

Cette révélation soulève des questions sur l'étendue du système de renseignement présidentiel et sur la surveillance dont pourraient faire l'objet les membres du gouvernement.

Piqué par la curiosité, Yves Atanga a tenté d'en savoir plus sur ces mystérieux "autres secrets". Mais Fame Ndongo s'est montré plus prudent, adoptant une posture à la fois taquine et diplomatique : "Même si j'étais dans le secret des Dieux, je ne vous en dirais pas plus. Or, tel n'est pas le cas, puisque je ne suis point dans le secret des Dieux."

Cette pirouette rhétorique, typique du style Fame Ndongo, laisse planer le doute sur l'étendue réelle de ses connaissances tout en préservant sa position institutionnelle.

Cet entretien révèle une stratégie de communication gouvernementale pour le moins audacieuse. En affirmant que Paul Biya avait anticipé ces défections, le pouvoir tente de démontrer sa maîtrise de la situation politique. Cependant, cette approche pourrait se retourner contre le régime en soulevant des interrogations sur les raisons pour lesquelles le président n'a pas agi pour éviter ces départs s'il les avait effectivement prévus.

Les déclarations de Fame Ndongo soulèvent également des questions sur le climat de confiance au sein de l'exécutif. Si le président "surveille" effectivement ses ministres au point de prévoir leurs défections, cela témoigne d'un environnement politique où la méfiance semble institutionnalisée.

Cette révélation intervient dans un contexte où d'autres figures du régime pourraient être tentées de suivre l'exemple d'Issa Tchiroma Bakary et de Bello Bouba Maïgari, particulièrement si elles se sentent sous surveillance constante.

L'intervention de Fame Ndongo dans Cameroon Tribune s'apparente à un exercice d'équilibrisme délicat. D'un côté, il tente de rassurer en montrant que le pouvoir maîtrise la situation. De l'autre, ses révélations sur les capacités de renseignement présidentiel et l'existence d'"autres secrets" créent un climat d'incertitude qui pourrait alimenter de nouvelles défections.

Source: www.camerounweb.com