Dans un communiqué conjoint publié le 26 mars, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont émis une alerte concernant un "risque d'interruption" de l'assistance alimentaire vitale aux réfugiés au Cameroun, en raison d'un déficit de financement. Selon le PAM, une somme de 23,1 millions de dollars (environ 14 milliards de FCFA au taux de change actuel) est nécessaire de manière urgente pour aider plus de 222 000 réfugiés originaires de la République centrafricaine (RCA) et du Nigeria, actuellement installés dans les régions de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, du Nord et de l’Est.
En l'absence de financement adéquat, ces personnes risquent de se retrouver privées de l'assistance alimentaire indispensable à leur survie. Les deux agences onusiennes ont indiqué que le manque de fonds avait déjà contraint le PAM à réduire de moitié les rations alimentaires distribuées à ces réfugiés dans ces régions. Cette situation a également entraîné la distribution de paniers alimentaires incomplets depuis la fin de l'année 2023, avec des produits essentiels tels que les légumineuses, l'huile végétale et le sel manquants. Le PAM envisage d'autres réductions dans les rations si les contributions financières sollicitées ne sont pas rapidement obtenues.
Wanja Kaaria, représentante et directrice-pays du PAM, a souligné les conséquences désastreuses que pourrait entraîner une nouvelle diminution des portions alimentaires pour les réfugiés. Elle a mis en garde contre une augmentation de la malnutrition et de la faim, ainsi que des risques accrus en matière de protection sociale, qui pourraient pousser les familles à prendre des mesures désespérées telles que le retrait des enfants de l'école et la réduction de leur consommation alimentaire. Wanja Kaaria a exprimé sa gratitude envers les généreux donateurs au Cameroun et les a encouragés à intensifier leurs efforts pour combler les déficits de financement, afin d'éviter de nouvelles coupes dans l'assistance alimentaire aux populations déjà vulnérables.
À la date du 31 décembre 2023, les donateurs avaient contribué à hauteur de 125,8 millions de dollars à la réponse humanitaire pour le Cameroun, ce qui ne représentait que 31 % des besoins selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Le financement limité a entraîné une réduction de l'assistance humanitaire, privant les populations d'une aide et de services de protection essentiels, a indiqué l'OCHA.
Olivier Guillaume Beer, représentant du HCR au Cameroun, a averti que la réduction des rations alimentaires risquait de provoquer une crise de protection croissante, affectant le droit humain fondamental à l'alimentation pour les personnes déplacées dans le pays. Il a souligné que de nouvelles coupes pourraient perturber la cohésion sociale existante, comme en témoignent les protestations déjà observées au sein des communautés de réfugiés. Olivier Guillaume Beer a lancé un appel aux gouvernements donateurs pour soutenir les réfugiés en leur offrant un accès à la nourriture nécessaire pour rester en bonne santé.
Le Cameroun est confronté à plusieurs défis humanitaires en raison de crises complexes, notamment le conflit dans le bassin du lac Tchad, la crise anglophone et l'afflux de réfugiés fuyant les violences en RCA. En décembre 2023, plus de 4,7 millions de personnes avaient besoin d'une assistance humanitaire dans le pays, dont plus de 2 millions étaient des réfugiés, des personnes déplacées internes ou des rapatriés, selon l'ONU. Bien que le gouvernement camerounais déploie d’importants efforts pour faire face à cette situation, le HCR et le PAM estiment qu'un "soutien supplémentaire" est urgent pour répondre aux besoins immédiats en alimentation et en nutrition des familles touchées par la crise. En début d'année dernière, l'Union européenne s'est engagée à fournir une aide humanitaire de 11 milliards de FCFA au Cameroun.