Fatiguée des bastonnades, l'épouse d'un pasteur demande le divorce

Elle a saisi le tribunal pour qu’il ordonne leur séparation

Wed, 27 Oct 2021 Source: Kalara

Parent de trois enfants encore mineurs, la femme d’un pasteur dit ne plus vouloir de ce dernier comme époux. Elle a saisi le tribunal pour qu’il ordonne leur séparation.

«Je ne veux plus être le tam-tam de cet homme. Je suis fatiguée des bastonnades tous les jours. Je l’ai épousé parce que je croyais qu’il craignait Dieu. Hélas!». C’est en ces mots que Barbara a entamé son témoignage devant le juge du Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 20 octobre dernier. Chrétienne engagée et épouse d’un évangéliste dans une église réveillée, elle dit avoir reçu déception et humiliation à la place du grand amour que lui avait promis Jules, son époux et père de ses enfants. Les violences conjugales, l’irresponsabilité et le manque de respect de son homme, sont les motifs de sa requête en divorce introduite devant cette juridiction il y a à peine deux mois. Jules, qui a comparu pour la première fois, a décliné la compétence du tribunal coutumier après que son épouse ait fini de faire son témoignage.

La dame, qui ne se doutait de rien, a naturellement relaté au tribunal la litanie de ses déboires conjugaux. Elle a raconté au tribunal avoir fait la connaissance de Jules lorsqu’elle était encore élève et fiancée à un autre homme, qui payait ses études après le décès de ses deux parents. Ce dernier lui a posé des conditions, parmi lesquelles elle devait d’abord obtenir le baccalauréat avant de l’épouser. Ne pouvant pas remplir ces conditions qui pour elle était une forme de chantage, elle s’est jetée dans les bras de Jules, qui, à cette époque-là, était dans une école de formation et son enseignant à l’école biblique.

Déclinatoire de compétence

Barbara déclare que son tuteur, le pasteur de leur congrégation religieuse, n’a jamais apprécié Jules. Selon lui, il n’était pas un homme pour elle, encore moins celui qui devait faire son bonheur. Elle s’est entêtée et la relation s’est poursuivie. Au bout de quelques mois, l’évangéliste, qui prônait la chasteté avant le mariage, a eu des rapports sexuels avec elle. «Il m’a presqu’obligé de le faire. Dès notre premier rapport sexuel, je suis tombée enceinte de notre premier enfant», a-t-elle confié. Pour ne pas tomber davantage dans le péché, Jules a demandé Barbara en mariage. La cérémonie a été célébrée le 27 décembre 2015 en l’absence des membres de la famille de la femme, qui se sont toujours opposés à leur mariage. «Je l’ai épousé sous pression. Il ne m’a pas «doté» parce qu’il n’avait pas des moyens. Il avait peur que mon ex me récupère».

Barbara déclare que son calvaire a commencé un an après leur mariage civil et religieux. Elle raconte que son homme a posé main sur elle pour la première fois lorsqu’elle a fait les reproches à ce dernier pour avoir bastonné son grand frère. Elle a quitté le domicile conjugal et est allée se réfugier dans les bras de son ex fiancé. Après plusieurs assises entre leurs deux familles, elle est revenue dans son foyer. Depuis lors, déclare-t-elle, elle s’occupe toute seule des charges du ménage. Son époux, qui n’est pas en activité, est aussi une charge pour elle. Aujourd’hui parents de trois enfants âgés respectivement de 6, 4 et 1 ans, Barbara dit ne plus vouloir de Jules comme époux. «Depuis que j’ai épousé cet homme, je suis constamment victime des violences conjugales. Je suis fatiguée, mon corps souffre. Il m’a déjà cassé une dent, si je reste avec lui il peut me tuer. Je veux divorcer», a-t-elle conclu.

Silencieux tout au long du témoignage de son épouse, Jules est resté bouche bée lorsque le juge lui a demandé sa version des faits. Il s’est juste rapproché et a produit un document. «Pourquoi vous nous avez laissé ouvrir les débats si telle était votre intention? Pourquoi avoir entendu que votre femme fasse son témoignage? Madame, votre mari ne veut pas être jugé devant le tribunal du village. Il a décliné notre compétence», a déclaré le juge avant de mettre l’affaire en délibéré sur l’incompétence du TPD à connaitre de cette affaire. Ce sera à l’audience du 17 novembre 2021.

Source: Kalara