A quel jeu joue Yaoundé à mettre à rude épreuve les nerfs des supporters des Lions indomptables du Cameroun avec cet interminable et stressant feuilleton autour de cet emblème national ? A quoi rime ce laisser faire, ce laisser aller, hilarant et en même temps sidérant entre le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi et le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Samuel Eto’o Fils ?
Quel est l’objectif final non-dit et inavoué que recherche le gouvernement et dont l’Etat du Cameroun ? Que l’image du pays soit ainsi brocardée sur la place mondiale dans un attentisme ou un dilettantisme inédit des pouvoirs publics peut s’interpréter de toute évidence et à priori comme une ferme volonté du pouvoir de faire en douce, la reddition des comptes de la dernière Coupe du monde qatari et de la Can ivoirienne. Paul Biya avait donné le ton le 10 février dernier en s’adressant à la jeunesse, en demandant de meilleurs résultats. Pour y arriver, le gouvernement est passé par un débriefing à la Primature et Narcisse Mouelle Kombi à la sortie de ce conclave était naturellement chargé de la dimension praxéologique pour éradiquer la source du mal de la tanière.
Depuis lors, rien n’a plus jamais marché entre les deux hommes. Désaveu infligé aux prétentions de la Fécafoot Ils s’opposent sur tout, et le gouvernement dans son silence trompeusement naïf veille aux grains pour que dans toute opposition, le Minsep ait le dessus ou raison sur la Fecafoot. Le dernier fait d’arme à ce sujet est assez révélateur d’une stratégie nationale de réduction de l’instance faîtière du foot national à sa juste place à l’échelle d’un Etat. Entre le stade Roumdé Adjia de Garoua sur lequel la Fécafoot a jeté son dévolu et en opposition à la déclaration du Minsep d’accueillir la Namibie au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, c’est Narcisse Mouelle qui a finalement gain de cause sur toute la ligne. Les entraînements n’ont pas eu lieu à Douala comme annoncé par la Fécafoot ; aucun joueur n’a passé la nuit dans l’hôtel qu’elle a réservé. Pendant ce temps, Marc Brys est entré dans une phase intensive avec l’équipe à Yaoundé ce 3 septembre 2024.
Un cinglant désaveu infligé aux prétentions de la Fécafoot. Il en était allé de même du choix de l’entraîneur. Que de passions, de subjectivités et de schismes charriés au sein de l’opinion publique ! Après tant de salive et d’encre, après tant de cris et de frustrations qui ont débouché sur les tumultueuses préparations des matchs contre la Cap Vert à Yaoundé et l’Angola à Luanda, voici le match contre la Namibie qui remet une nouvelle couche rugueuse d’antagonismes entre la Fécafoot et la tutelle. Prétentions fallacieuses Devant l’étendue de la discorde, par souci de colmater au plus vite cette dangereuse brèche ouverte sur le navire du football africain et mondial en pleine mer, la Caf et la Fifa manœuvrent déjà pour parer à toute éventualité.
Comme on pouvait s’y attendre, la Fécafoot perd la face et le terrain au fil des confrontations mais s’entête dans le bras de fer qui nuit gravement à l’image du pays, car Narcisse Mouelle, on a l’impression que beaucoup d’acteurs du côté de Tsinga ne le perçoivent pas une fois pour toute, est la voix de l’Etat avec tous les moyens qui vont avec. Comment est-ce que la Fécafoot s’obstine à ne pas le comprendre ? Jusqu’où le gouvernement va-t-il laisser traîner l’image du pays dans la boue ? En cherchant à humilier le « Pichichi » jusqu’à l’os, à le remettre à sa juste place, à raboter sans façon ce que certains qualifient d’égo surdimensionné, l’image du pays n’en souffre-t-elle pas avec ?
N’y a –t-il pas une possibilité de s’asseoir, de taire les prétentions fallacieuses, de faire une mise au point et de fumer le calumet de la paix ? A l’évidence, tel que c’est parti, on a l’impression qu’une marche-arrière relève désormais de l’impossible ! Le clash de trop Le gouvernement pour autant devrait entamer plus une démarche pédagogique au management auprès de celui qui fut pendant longtemps un faisceau non négligeable de visibilité de l’image du Cameroun sur la planète foot. Il y a sans doute trois ou quatre choses à recadrer et l’homme pourrait luire comme un diamant poli en management du football. Il est entré par le sommet certes, mais jamais on avait vu une aussi énergie débordante dans la volonté de mettre le football camerounais dans le bon sens de la marche.
On se prend à espérer que si le Cameroun sort indemne de cet autre clash (de trop ?) entre le Minsep et la Fécafoot, que la hache de guerre soit enterrée à jamais, que toutes les parties reviennent à de meilleures sentiments. A ceux qui jettent allègrement l’anathème sur la Fécafoot et ses dirigeants, il y a lieu de noter tout de même que la tutelle n’est pas exempte de reproche. Ce n’est pas là d’ailleurs l’essentiel car c’est connu que la loi du plus fort est toujours la meilleure. Il n’y aura jamais dans une société qui construit la paix, un axe rectiligne qui sépare le mal du bien, les méchants des vertueux ! Si le Cameroun était suspendu ou perdait le match contre la Namibie à cause de nos errements, qui serait le plus à plaindre dans ce cas ? Evidemment, tous les Camerounais et supporters des Lions indomptables dans leur colère.