Ferdinand Ngoh Ngoh a commis le pire, Paul Biya envoie Joseph Dion Ngute en sapeur pompier après un séjour européen

Après un séjour de près de dix jours en Europe en compagnie de son épouse, le Premier ministre Joseph Dion Ngute est attendu dans la région de l'Extrême-Nord le 27 avril. Cette visite intervient environ deux mois après le passage mouvementé de Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence de la République, dans cette zone stratégique du pays.

L'annonce de cette visite suscite des interrogations sur ses objectifs réels, alors que la région demeure confrontée à de nombreux défis socio-économiques et sécuritaires. Pour certains observateurs, le déplacement du Premier ministre pourrait s'inscrire dans une stratégie de "réparation" suite aux ratés de la mission de Ferdinand Ngoh Ngoh mi-février.

"Cette visite du Premier ministre pourrait être perçue comme une tentative de rattrapage après les tensions engendrées par le passage du SGPR", explique un analyste politique sous couvert d'anonymat. "L'enjeu est de taille à quelques mois de la présidentielle prévue en octobre."

La mission de Ferdinand Ngoh Ngoh dans l'Extrême-Nord, mi-février, avait été marquée par plusieurs incidents révélateurs des tensions qui traversent la région. Accompagné des ministres de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, et de la Jeunesse, Mounouna Foutsou, le Secrétaire Général de la Présidence avait effectué une visite éclair de 48 heures.

À Kousseri, l'ambiance s'était particulièrement tendue lorsque des élites locales arabes choas avaient revendiqué l'élévation de certaines de leurs chefferies à un statut de premier degré. Face au refus de Ngoh Ngoh de leur accorder audience, invoquant un agenda chargé, les manifestants avaient bloqué le redécollage de son hélicoptère et organisé un blocage de la sous-préfecture.

La situation n'avait été désamorcée qu'en soirée, lorsque le collaborateur de Paul Biya avait finalement consenti à une rencontre avec les représentants des communautés locales. Ces derniers avaient alors exprimé leur sentiment d'abandon, dénonçant la précarité persistante, l'insécurité liée à Boko Haram, le chômage endémique et les infrastructures défaillantes.

Ce déplacement du Premier ministre s'inscrit dans un contexte politique sensible, à moins de six mois de l'élection présidentielle. L'Extrême-Nord, région densément peuplée, représente un enjeu électoral majeur pour le parti au pouvoir.

Les observateurs seront particulièrement attentifs à l'approche qu'adoptera Joseph Dion Ngute face aux revendications locales et aux tensions intercommunautaires. Sa capacité à renouer le dialogue avec les populations et à apporter des réponses concrètes à leurs préoccupations sera scrutée de près.

"La région fait face à des défis considérables : pauvreté, menace terroriste, tensions communautaires, infrastructures défaillantes... Le Premier ministre devra proposer plus que des promesses pour apaiser les frustrations", souligne un expert des questions régionales.

La visite de Joseph Dion Ngute pourrait ainsi constituer un test important pour le gouvernement dans sa stratégie de reconquête du Grand Nord à l'approche des échéances électorales d'octobre.