Feux de brousse : entre nécessité et danger pour la biodiversité

Feux De Brousse.jpeg Une fois le sol nu, c’est une grande joie pour les villageois

Wed, 4 Sep 2024 Source: Le Messager

Tout au cours du mois d’août, le labourage a été le train-train des cultivateurs d’Efok. Des hectares de terrain à perte de vue, il sera laborieux de déficher sans avoir une technique adapté. Pour les cultivateurs, le recours aux feux de brousse est la meilleure technique afin que le sol soit plus facile à cultiver.

Dans la brousse touffue d’herbes et de lianes, le brouillard de fumée qui s’étend réduit encore plus la visibilité. Reconnaissable par le bruit des flammes qui incendient la savane faisant craquer les racines, le feu se repend un peu plus chaque seconde, et ce sous le contrôle des cultivateurs. Ayant à l’esprit que les feux de brousse représentent un véritable danger pour la nature, les cultivateurs s’organisent pour le contrôler de manière stricte la portée des flammes. Des cas de cacaoyères ou des cases parties en fumée sont très souvent signalés.

Une fois le sol nu, c’est une grande joie pour les villageois, qui n’auront aucune difficulté pour retirer les racines récalcitrantes au passage des flammes, et par la suite de planter facilement les graines et tubercules. « C’est vraiment très rapide pour nous ; le fait de perdre le temps pour le défrichage est vraiment pénible. Il suffit juste que j’allume mon feu et la partie est jouée, comme vous pouvez le constater comment il est bien nu et bien propre » , exprime Romuald, qui avoue par ailleurs ne pas pouvoir «travailler sans brûler c’est vraiment impossible pour moi. »

D’après plusieurs habitants le fait d’apercevoir un feu de brousse dans la forêt, marque le début de la période des cultures dans le village. « Tous ceux que je peux dire jusqu’ici c’est que les feux de brousse pendant les cultures est déjà comme une tradition si je peux le dire ainsi. Chaque année c’est le cas, Ici nous avons deux séances de cultures : en janvier et en fin août les feux de brousse pour nous sont déjà un grand avantage à nos cultures » , renseigne Louis, un agriculteur. Un danger pour la biodiversité Malgré le fait que ces feux de brousse soient une tradition ancestrale pour les villageois, il ne faut jamais perdre de vue qu’au 21e siècle les feux de brousse sont devenus « un cancer pour le poumon vert du monde » , tel que dit par l’Unesco, gardienne mondiale de la biodiversité mondiale. Pour les cultivateurs du village Efok, cette prise de conscience se traduit par des récoltes de moins en moins productives comparativement aux années antérieures.

Pourtant, au temps des aïeux, le débroussaillement se faisait tel qu’il se doit, et les herbes étaient enfouis dans la terre afin qu’elles se décomposent pour produire de l’humus qui va enrichir les sols en sels minéraux. Les feux touchent chaque année de grandes étendues de brousse. L’agriculture en zone de forêt repose sur le brûlis. Les feux de brousse influencent fortement les organismes du sol, de manière indirecte, par le changement de la structure de la végétation, du microclimat et de la surface du sol. « Nous confirmons comment les récoltes ne sont plus rentables, ça s’en pire de jour en jour, années après année. Arrêtons vraiment de détruire la nature prenons le rythme de nos ancêtres» , explique Marguerite Belinga dévastée par cette pratique.

Garder l’environnement plus sain permet également d’avoir une santé saine. Les récoltes ne sont plus les mêmes qu’avant, pas seulement à Efok mais également dans d’autres villages qui subissent les conséquences de l’usage des feux de brousse qui représente un danger pour l’environnement.

Source: Le Messager