A en croire des sources généralement très bien informées, derrière l’ordonnance de mise en liberté du Pdg du Groupe l’Anecdote, Jean Pierre Amougou Belinga ; et le Dg de la Dgre, Léopold Maxime Eko Eko, se cache une main manœuvrière du ministre directeur du Cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo. Au cœur des manœuvres maffieuses du clan dont le bras séculier est le lanceur d’alertes Boris Berthold.
Comme par enchantement, depuis quelques semaines, l’affaire Martinez Zogo constitue le centre d’intérêt de l’actualité nationale relayée par quelques médias nationaux et internationaux. Ce qu’il convient de nommer aujourd’hui l’énigme de la suite à donner à cette scabreuse affaire, a atteint le pic vendredi dernier dans l’après-midi, avec un bal masqué de communication judiciaire pour le moins rocambolesque, dégageant au passage une forte odeur de manipulation des seigneurs des réseaux mafieux.
Vendredi 1er décembre 2023, alors que l’actualité à Yaoundé est pleinement arrosée par la session budgétaire à l’Assemblée nationale, comme une bombe à neutrons, l’ordonnance de mise en liberté signée par le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, magistrat, vice-président et juge d’instruction au Tribunal militaire de Yaoundé indique dans son dispositif ceci : « Donnons, d’office, main levée des mandats de détention provisoire décernée à l’encontre des sieurs Eko Eko Léopold Maxime et Amougou Belinga Jean Pierre ; Ordonnons en conséquence leur mise en liberté s’ils ne sont détenus pour autre cause ; Rendue en notre cabinet les mêmes jour, mois et an dessus ».
En français facile, Léopold Maxime Eko Eko et Jean Pierre Amougou Belinga, jusqu’ici poursuivis au Tribunal militaire de Yaoundé dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo, sont libres. Ceci, à la lumière de l’information judiciaire ouverte contre Justin Danwe et 13 autres inculpés, suivant l’ordonnance à fin d’informer N°011 du 3 mars 2023. Cette nouvelle de la libération du Directeur général de la recherche extérieure (Dgre) et du Pdg du groupe l’Anecdote porte l’estampille du lanceur d’alertes Boris Berthold.
Le timing pour exécuter cette opération est bien choisi comme chez les Daltons. A savoir que la libération de Jean Pierre Amougou Belinga et d’Eko Eko est bien planifiée pour se faire dans le cafouillage du vendredi soir, quand tout le monde se sent déjà en weekend. Dans tous les milieux de la capitale, on croit rêver. Voilà pourquoi ce post inattendu et pratiquement insolite de cet exilé basé en Europe, aujourd’hui carrément présenté dans certains milieux comme le porte-flingue de Samuel Mvondo Ayolo et de Léopold Maxime Eko Eko, suscite aussitôt un branlebas au sein de l’opinion publique nationale.
Chacun y allant ainsi de son petit commentaire : « J’avais dit que, un jour, nous allons nous réveiller et trouver qu’on a vendu le Cameroun, ça déjà commencé », entend-on ici. «Mvondo Ayolo et sa bande vont mettre le Cameroun à feu et à sang », renchérit-on par-là. « La fausse libération d’Amougou Belinga ou tentative d’évasion ? Il est à craindre que si les choses n’avaient pas coincé au niveau de la levée d’écrou, Amougou Belinga serait à Bangui et bientôt en Russie », va par exemple balancer Calixte Beyala. « Si l’information qui fait le buzz ce soir est confirmée, le clan Bulu et associés marquera un point important face au clan Nanga Eboko qui n’est pas prêt à s’avouer vaincu. Désormais tout va s’accélérer à qui mieux et au couteau », déclare un autre observateur.
AGITATION
Alors que toutes les plateformes numériques s’enflamment rageusement, dans le département de la Lékié (département d’origine du regretté Martinez Zogo), des groupes de jeunes commencent spontanément à s’organiser pour couper la route au niveau du pont d’Ebebda. Au même moment, du côté de la résidence de Jean Pierre Amougou Belinga, au lieudit Complexe Béac à Yaoundé, le dispositif d’accueil du Zomlo’o des Zomlo’o est déjà bel bien en place, confirmant ainsi que la nouvelle de sa libération était attendue.
Des vidéos de sa vrai-fausse libération envahissent les réseaux sociaux et se partagent comme des bouts de pain. Les éditorialistes à la solde du Pdg du groupe l’Anecdote multiplient des sorties. « Amougou Belinga lavé de tous les soupçons : au-delà de la vérité, le crépuscule des charognards commence », commente l’un des membres du clan Amougou Belinga. Certains lanceurs d’alertes ne sont pas en reste… Coup de théâtre.
Sur les réseaux sociaux, le chef de division de la communication au ministère de la Défense, Cyrille Atonfack Guemo, monte au créneau en indiquant que l’ordonnance de mise en liberté signée par le juge d’instruction Sikati II Kamwo est un fake. Personne n’y comprend plus rien. L’opinion publique est davantage confuse lorsqu’elle découvre cette même nuit du 1er décembre 2023, une correspondance signée du lieutenant-colonel Sikati II Kamwo himself adressée au commissaire du gouvernement près le Tribunal de Yaoundé portant en objet : « Circulation d’une ordonnance sur les réseaux sociaux ». Le juge d’instruction, viceprésident du Tribunal militaire de Yaoundé écrit : « J’ai l’honneur de vous informer que l’ordonnance de mise en liberté en circulation sur les réseaux depuis cet après-midi, concernant les nommés Eko Eko Léopold Maxime et Amougou Belinga Jean Pierre, n’est pas authentique. Les décisions éventuelles dans cette procédure interviendront en temps opportun ».
Une autre correspondance signée cette fois par le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé et adressée au régisseur de la prison principale de Yaoundé sur la « gestion de procédure judiciaire mettant en cause Eko Eko Léopold Maxime et Amougou Belinga Jean Pierre » semble à son tour mettre définitivement un terme à la polémique : «Faisant suite à la lettre de deuxième référence se rapportant à une présumée décision de mise en liberté des susnommés visés en objet, j’ai l’honneur de vous faire tenir thermocopie de la lettre du juge d’instruction de ce jour qui atteste que le document en circulation dans les réseaux sociaux n’émane point de lui ; il n’est pas authentique. Je vous invite par conséquent, en réitérant les termes de ma lettre de première référence, de ne pas exécuter en quelconque ordre de mise en liberté sans en référer. Votre prompte collaboration habituelle m’obligerait », écrit Cerlin Belinga, magistrat militaire, commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé. Alors question : que cache ce rétropédalage des magistrats du Tribunal militaire de Yaoundé ?
DÉTENTION PROVISOIRE
A en croire des sources généralement très bien informées, le réseau ayant à sa tête le Dcc, Samuel Mvondo Ayolo, serait au cœur de toutes ces manœuvres. Plus précis encore, on parle d’importantes sommes d’argent qui auraient profusément circulé au Tribunal militaire de Yaoundé en début de semaine dernière.
Ainsi, toute la chaine aurait été mouillée: allant des adjudants-chefs Juliette Natalie Engoung et Jean Didier Nkoa, tous greffiers d’instruction, en passant par le lieutenant-colonel Sikati II Kanwo, le juge d’instruction, pour ne citer que ceux-là. Vrai ou faux ? Toujours est-il que pour certains observateurs avertis, le juge d’instruction du Tribunal militaire de Yaoundé aurait, non seulement voulu mettre la haute hiérarchie militaire devant un fait accompli, mais surtout embarrasser le chef des Armées, démontrant ainsi aux yeux du monde ce qui se murmure dans certains milieux à savoir : que le président Paul Biya ne maîtrise plus rien. Pourtant, des indiscrétions dignes d’intérêt indiquent qu’une fois informé, après que le Mindef et le Sgpr aient à leur tour découvert la nouvelle de la libération d’Amougou Belinga et d’Eko Eko sur les réseaux sociaux, le président de la République, très remonté et en colère, aurait donné 24h à Joseph Beti Assomo, patron du Tribunal militaire, de remettre de l’ordre dans ses rangs. Démontrant ainsi, face à la maffia et à leur chef, Samuel Mvondo Ayolo, qu’il reste et demeure le seul chef d’Etat, chef des armées.
Toutefois, l’on se souvient que ce n’est pas la première fois que Samuel Mvondo Ayolo qui se confirme de plus en plus comme le chef du clan maffieux Amougou Belinga-Esso, se distingue ainsi négativement dans la gestion de l’affaire Martinez Zogo. Il y a quelques mois, il avait déjà été accusé de commanditer des manœuvres souterraines pour tenter de libérer Jean Pierre Amougou Belinga alors en détention provisoire. Ceci, en faisant venir à son cabinet du 2ème étage du palais d’Etoudi, le magistrat militaire Cerlin Belinga, commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé. Cette fois, avant de se rendre à Nden pour représenter le président de la République à une cérémonie religieuse qui s’est tenue samedi dernier, il a voulu frapper un grand coup en usant de l’effet de surprise pour mettre tout le monde dans l’embarras. Comme qui dirait, jamais un sans deux…
« Que tous ceux qui ont été de près ou de loin complices de cette grave manœuvre digne des films de gangsters, soient arrêtés, jugés et condamnés. Ils ont vraiment traversé la ligne rouge. », clame-t-on en chœur pour condamner cet acte de banditisme à ce niveau des structures de l’Etat.