Fin du FCFA et cryptomonnaie: voici le dernier combat du vieux Biya

Biya et ses homologues

Thu, 16 Mar 2023 Source: Le Quotidien N° 1159

Le FCFA et la cryptomonnaie sont sur le grill. L’un des sujets qui seront adressés à l’attention des chefs d’Etat de la CEMAC est la réforme du Franc CFA. Au soir du 17 mars, l’on pourrait enfin avoir une idée sur « l’évolution » que le président Paul BIYA et ses homologues souhaitent donner à la monnaie communautaire.

L’on s’attend à ce que le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) présente le fruit d’une réflexion sur la question. En effet, réunis en sommet extraordinaire le 22 novembre 2019, les mêmes chefs d’Etat avaient demandé à Abbas Mahamat TOLLI de le faire, conjointement avec la Commission de la CEMAC. Ils avaient d’ailleurs pris le soin de baliser le travail à effectuer en se disant attachés à « une monnaie commune stable et forte », tout en demandant «une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération» monétaire avec la France.

Selon certaines analystes, ce pourrait être un sommet décisif pour cette monnaie que d’aucuns qualifient encore de coloniale et qui serait à la base de la grande majorité des performances économiques pas toujours reluisantes des pays de la communauté. Certaines sources citées par des confrères annoncent que le président de la Commission de la CEMAC va proposer de changer de dénomination : le franc CFA pourrait alors s’appeler désormais MAC (monnaie d’Afrique centrale), Fura ou Toumaï qui veut dire « espoir de vie » en langue Gorane. Il proposerait aussi la clôture du compte d’opération dans les livres de la Banque de France, avec à la clé le rapatriement des réserves de change au siège de la banque centrale de la CEMAC à Yaoundé. De même qu’il est envisagé le retrait progressif des représentants français au sein des organes décisionnels et de contrôle de la BEAC.

Enfin, Daniel ONA ONDO devrait proposer aux chefs d’Etat de choisir entre la continuité du rattachement à l’euro et un panier de devises constitué de l’euro, du dollar US et du Yuan chinois. Pour ce qui est de la cryptomonnaie, les chefs d’Etat de la CEMAC devraient être sollicités pour leur arbitrage, sur la base d’une analyse de la situation et les conséquences de ces monnaies sur les économies du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad. Actuellement, la République centrafricaine est le seul pays de la sous-région à avoir décidé d’aller vers la crypto-monnaie, en adoptant en avril 2022 le Bitcoin comme monnaie ayant cours légal sur son territoire. Pas certain que le gouverneur de la BEAC, qui devra encore intervenir sur ce sujet, conseille aux autres Etats de laisser faire. On se souvient de Abbas Mahamat TOLLI avait fustigé la décision des autorités centrafricaines, estimant qu’elle viole à la fois les accords de coopération monétaire avec la France, les textes régissant l’union monétaire, et les statuts de la BEAC.

Source: Le Quotidien N° 1159