Comme avant chaque élection présidentielle au Cameroun, le rituel des appels à la candidature de Paul Biya, âgé de 91 ans et dont la santé suscite de nombreuses interrogations, se poursuit. Les cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) ont déjà entamé ces démarches en 2023, mais le mouvement s'étend désormais aux partis satellites. Le 6 octobre dernier, le Mouvement démocratique pour la défense de la République (MDR) a ainsi pris l'initiative. Lors d'une convention extraordinaire tenue dans son fief de Maroua (région de l’Extrême-Nord), les instances du MDR ont annoncé leur intention de continuer à soutenir le président de la République, selon Jeune Afrique.
« Fidèle à la ligne politique définie par le président fondateur, feu patriarche Dakolé Daïssala, qui a toujours consisté à soutenir l’action du président de la République, le MDR entend soutenir la candidature de Son excellence Paul Biya à la présidentielle de 2025 », déclare une des résolutions finales signée par son président, le sénateur Paulin Djorwe, rapporte Jeune Afrique. « Nous nous préparons sereinement. Le parti est prêt. Nous engageons les militants dans ce sens », a ajouté l’avocat officiellement élu et installé comme nouveau leader de ladite formation, après avoir assuré un intérim de deux ans. Quelques jours plus tôt, à Yaoundé, un autre appel à la candidature de Paul Biya avait été lancé par l’Union des populations du Cameroun, selon Jeune Afrique.
À la suite d’une audience tenue le 4 octobre entre le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji et Robert Bapooh Lipot, qui dirige l’une des deux factions de ce parti historique actuellement en conflit, ce dernier a indiqué que sa formation « soutiendra la candidature du président Paul Biya aux élections présidentielle de 2025. Il s’agit de l’exécution des recommandations du congrès et des engagements pris par notre très regretté secrétaire général Augustin Frederic Kodock et de soutenir un homme grâce à qui nos héros Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandjé, Abel Kingue… sont célébrés dans cette nation », a ajouté Robert Bapooh Lipot, selon Jeune Afrique.
Le MDR et l’UPC tendance Lipot sont deux partis de la majorité présidentielle. Le premier a scellé son alliance avec le RDPC de Paul Biya après les législatives de mars 1992. Battu par l’opposition cette année-là, le parti au pouvoir avait obtenu la majorité après le ralliement des six députés du MDR. La même année, ce parti faisait son entrée au gouvernement avec quatre portefeuilles ministériels, selon Jeune Afrique.
L’alliance avec l’UPC interviendra quelques mois plus tard. Après d’âpres négociations avec son secrétaire général d’alors, Augustin Frédéric Kodock, ce parti fera lui aussi son entrée au gouvernement d’octobre 1992, obtenant à son tour quatre postes ministériels, et même un poste de ministre d’État en 1994. Mais, des décennies plus tard, le poids politique de ces deux formations politiques s’est considérablement réduit, selon Jeune Afrique.
Victimes d’interminables luttes intestines, le MDR comme l’UPC ont tous deux perdu de leur éclat. Lors des dernières législatives en 2020, le MDR n’a pu faire mieux qu’un seul siège de député, quand l’UPC n’a même pas été autorisée à concourir en raison de ses divisions internes. Ces formations restent cependant des symboles sur lesquelles le RDPC continue de s’appuyer pour vanter sa politique inclusive. En 2018 déjà, le parti au pouvoir s’était fortement appuyé sur le soutien du G20, un groupe de partis issus de sa majorité, pour donner de la voix face aux mobilisations politiques de l’opposition, notamment celle du candidat Maurice Kamto. Qui mobilisera le plus cette fois ? À l’approche des prochaines échéances électorales, la bataille des coalitions semble avoir repris de plus belle, selon Jeune Afrique.