Financement Planut des logements Sociaux : Un autre scandale à grande échelle

Ketcha Courtes

Mon, 10 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

La gestion de 40 milliards de Fcfa mobilisés, sujette à caution du fait de la sous-traitance hors normes des marchés, des polémiques confuses, des rivalités, des conflits d'intérêts et même des guerres d'ego. Le Premier ministre interpellé.

Dans le cadre du plan d'urgence triennal pour l'accélération de la croissance

économique (Planut), avait été mobilisée la somme de 359 milliards de Fcfa pour la construction des logements sociaux et des hôpitaux.

40 milliards de Fcfa devraient exclusivement servir à la construction de ces logements sociaux dans toutes les régions du pays, excepté les villes de Yaoundé et Douala. Argent issu des financements d'Atlantique Banque et des Marocains.

Le coordonnateur et superviseur des travaux est alors un certain Jean François Ewane.

Malheureusement, la composante

Planut logements sociaux n'échappe pas à ce qui est devenu la règle au Cameroun, à savoir une gestion scandaleuse. Ici par exemple, d'entrée de jeu, l'on parle des marchés dont l'attribution ne respecte pas les règles de l'art. « Ces marchés ont été sous-traités à 100% et pourtant la règlementation en la matière exige une sous-traitance à 50% » confie une source. D'ailleurs bien d'autres manquements interfèrent avec la bonne gestion des sommes d'argent prévues pour la construction des logements sociaux dans le cadre du Planut. « Il faut préciser que le "Planut" de 40 milliards Fcfa pour 800 logements dans 08 régions, excepté Yaoundé et Douala, est tombé dans plusieurs travers, car les toitures des logements de Garoua et Maroua ont été emportées pour les mêmes étanchéités et dégradations avec à la clé, des superficies plus petites que les logements chinois (resic) » , renseignait d'ailleurs une source.

Ces travers sont entre autres, la brouille permanente entre la ministre de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès et ses collaborateurs impliqués par le Planut, laquelle ouvre les vannes à la cacophonie, aux fausses notes et vraies intox, jusqu'au pugilat insensé entre les différentes factions. Tout comme les polémiques confuses, les rivalités, les conflits d'intérêts et les guerres d'ego. Tout cela au grand dam de l'intérêt général qui en pâtit. Malheureusement, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, qui a sous son bonnet le Planut ne fait rien pour calmer le jeu. Et l'on s'achemine vers un autre désastre financier qui s'inscrira, à coup sûr, au triste palmarès des scandales les plus effroyables du "Renouveau national". A l'instar de Covidgate, Cangate et autres.

La coopération sino-camerounaise

Elles sont d'ailleurs nombreuses les personnes qui voyaient à travers ce Planut dans sa composante logements sociaux, un remake de bien d'autres projets dans ce domaine.

En parcourant par exemple le procès-verbal de la 2° commission d'attribution des logements sociaux de la coopération sino-camerounaise d'Ebolowa, l'on a froid dans le dos.

Le 27 avril 2021, s'était tenue dans la salle de conférences des services de la sous-préfecture d'Ebolowa 1°, « la deuxième session de la commission d'Attribution des logements sociaux sur financement "Planut" présidée par le directeur général de la Sic (...). Il s'est agi principalement d'examiner les demandes de logement en location simple afin d'amorcer définitivement la phase d'occupation effective desdits logements. Cette session rentre dans les obligations de l'agent immobilier conformément à l'article 6 du mandant de gestion signé le 30 décembre 2011 par l'Etat du Cameroun (Mandant) et la sic (Mandataire) et par décision N°052/D/Sic/DG/2020 du 07 mars 2020 ».

L'ordre du jour avait porté sur les points subséquents : l'analyse de demandes et sélection des bénéfi-ciaires, l'alimentation en eau et en énergie des logements à attribuer.

Au sortir de ces assises, il a été donné de constater les difficultés inhérentes à l'occupation: « les raisons de la non-occupation se résument en l'absence d'alimentation en eau, l'absence d'alimentation en énergie et le coût élevé des logements ». D'où sans doute, le flop constaté. Autres lieux, même mauvaise mœurs Mbanga Bakoko. Dans ce microcosme, c'était le pic de l'entourloupe avec comme chef d'orchestre rien moins que Célestine Ketcha Courtés, ci-devant ministre du Développement urbain et de l'Habitat (Mindhu). Icelle s'y était rendue flanquée de la Crtv et autres médias étant dans ses bonnes grâces et sa solde, histoire de verser dans une grande séance des coups d'encensoir.

Lions indomptables

Selon nos informations, il était question de la remise de 14 clés et, par la suite, de 26 clés à Yaoundé.

« Pour mieux asseoir son m'as-tu-vu, elle organise une cérémonie de jumelage mieux remake (Yaoundé et Douala, Ndlr) au cours de laquelle, elle récidive en remettant 67 clés à Yaoundé, y compris les logements chinois et 75 clés à Douala, alors que les bénéficiaires de la capitale économique avaient déjà reçu les leurs et ce, en début d'année. En clair, elle a réactualisé la même cérémonie avec, en prime les mêmes acteurs. L'inhabilité n'étant pas possible, les locataires souffrent le martyre depuis 2014. Par voie de conséquence, il est à rappeler que relativement au projet des logements sociaux, l'investissement était à hauteur de 12 milliards Fcfa et actuellement 4 milliards Fcfa sont bloqués par le ministère de Finances, car le Minfi a été trompé parce qu'il croyait dur comme fer que c'était les recettes non fiscales, alors que c'était de l'argent versé par les acquéreurs. Il faut également souligner que de tous les acquéreurs, aucun ne possède le moindre titre foncier. Les titres fonciers n'ont donc pas été délivrés. Même les logements sociaux pour des lions indomptables, n'ont pas de titre foncier. Ils ne peuvent donc pas se targuer d'être des acquéreurs car, l'absence de titre foncier, est contraire à la loi sur la promotion immobilière (sic) », indique une de nos sources sous le couvert de l'anonymat.

Et une autre source de poursuivre: « concernant par exemple les logements sociaux de Mhanga Bakoko, la Maetur réclame 06 milliards Fcfa pour achever l'habitabilité. Elle exige également 06 milliards Fefa pour l'achèvement de la construction de 1675 logements sociaux, commencé en 2009 et l'on n'est qu'à 30% d'évolution des travaux que l'on a réceptionnés sur 1675. Il est loisible de rappeler, à toutes fins utiles, que le crédit foncier du Cameroun (CFC) est prêt à verser la somme de 04 milliards pour l'achèvement de l'habilitalité. Mais, il faut d'abord que les titres fonciers soient présentés en hypothèque. De tout ce qui précède, il convient de souligner que, depuis 2020, la Sic (Société immobilière du Cameroun, Ndlr) a collecté la somme de 1 milliard 500 millions Fcfa. Il se raconte d'ailleurs que cet argent est bloqué au Mindhu dans un compte séquestre. Conséquence, l'on observe des désagréments, des effondrements de bâtiments inhabitables et le manque d'entretien » . Il est donc urgent pour le gouvernement de faire quelque chose pour sauver, s'il est encore possible, de sauver le Planut dans le domaine des logements sociaux, les 40 milliards qui y sont destinés étant très en danger.

Source: www.camerounweb.com