Le mercredi 14 juin 2017, à 13 heures, le Commandant de la Brigade Ter de Bonanjo (Douala) lançait un avis de recherche national contre les dénommés Lars Stork, Antoine Pamboro et Wilfred Sama.
Les intéressés ne sont pas seulement recherchés, mais « poursuivis pour blanchiment des capitaux, financement du terrorisme en Afrique Centrale, fraude à la législation des changes, faux en écriture privée et de commerce. » Des faits qui sont d’une rare gravité. La procédure, selon le télégramme, est consécutive à une enquête ouverte à la suite d’une plainte déposée par dame Halimatou Hassana, gestionnaire d’une entreprise privée à Douala, représentée par Mr Ibrahim Zachari.
Les incriminés présumés partagent la commune caractéristique d’être les principaux responsables d’une compagnie de téléphonie mobile qui s’est récemment installée au Cameroun. Ils sont respectivement Directeur Général, Directeur Financier et Chief Officer. Alors que les supputations allaient bon train et que l’on s’attendait à établir une corrélation avec une affaire de financement de la secte Boko Haram en lien avec des transferts d’argent suspects, l’on apprenait que la même Brigade avait émis un télégramme de cessation desdites recherches.
Ce n’est d’ailleurs pas tant la cessation qui étonne, que la suite réservée à cette affaire. Le document de la Brigade Ter de Bonanjo, datée du 15 juin à 17 heures, indique en effet que « les individus présentés ce jour (le 15 juin), sont libérés sur ordre du Procureur du TGI de Bonanjo. » Le télégramme ne porte pas le visa du Procureur sus-évoqué. Ce dernier y est pourtant convoqué pour cosigner, avec le commandant de Brigade, légaliser et légitimer la cessation de recherche.
Devant la gravité et la sensibilité des faits énoncés par le mandat de recherche en lien avec le récent rapport d’enquête dénonçant le financement, par des camerounais, du groupe terroriste islamiste Boka Haram, il y a lieu de s’interroger sur la tournure assez rocambolesque que prend cette affaire.