Le Groupe d'action financière (GAFI), organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme a indiqué dans un récent communiqué avoir placé le Cameroun, la Croatie et le Vietnam sous surveillance renforcée. L'organisation qui regroupe près de 200 pays a constaté des « déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte » contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et de la prolifération d'armes de destruction massive mais « travaillent activement » avec l'organisation pour y remédier et « se sont engagés à (les) résoudre rapidement ».
Le Cameroun rejoint ainsi le Panama et 22 autres Etats qui figurent sur cette liste grise. Le pays confronté à des crises sécessionnistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est exposé au financement du terrorisme. Les camerounais de la diaspora favorables à la cause des groupes séparatistes, constituent les bras financiers de ces organisations qui sèment la terreur depuis 2017 dans ces régions du Cameroun. Le 28 novembre 2022, les autorités américaines avaient annoncé l'arrestation et l'inculpation de trois Américains d'origine camerounaise accusés de financement l'armement des groupes terroristes et les kidnappings.
Selon les spécialistes, la présence du Cameroun sur cette liste grise est une alerte à prendre au sérieux. Selon le GAFI, le Cameroun fait partie des pays « particulièrement exposés à des risques de blanchiment des capitaux liés à l’intégration dans le système financier des produits issus de la corruption, des détournements de deniers publics, de la fraude douanière et fiscale, du braconnage, du trafic d’espèces fauniques et d’essences forestières protégées ».
Désormais sous surveillance renforcée, le pays de Paul Biya devra faire de nombreuses réformes afin de sortir de cette zone grise. Si la situation ne s’améliore pas, le Cameroun pourrait encore perdre des points et se retrouver finalement dans la fameuse et redoutée « liste noire ».
« En termes clairs, dans le cas où un État membre ou membre associé du Gabac faisait l’objet d’une déclaration publique du Gafi, les banques étrangères pourraient suspendre toute transaction avec leurs correspondants des pays concernés », explique l’ancien secrétaire permanent du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), Désiré Geoffroy Mbock