Ce sont les différents clans du pouvoir qui ruinent publiquement le crédit de l'État qui devraient être blâmés et non ceux qui demandent pacifiquement à ceux ci de ne pas embarquer le pays dans une aventure électorale et ou militaire. Les luttes qu’ils mènent au sommet de l'État renseignent sur l’imminence de la fin de règne tant redoutée par le RDPC et ses alliés officiels et officieux.
Blâmer les Démocrates pacifistes qui réclament le respect de la constitution et des lois ne suffira pas à conjurer le destin logique du régime RDPC, au regard de sa longévité exceptionnelle au pouvoir mais surtout de son bilan désastreux que chacun, y compris ses militants, peut voir et subir. Il est des moments où il faut être philosophe et accepter le sens logique des choses, de la vie. Aucun système n'est éternel, aucune personne de l’est, non plus, y compris le " Créateur" des " Créatures". Les jours et les mois qui viennent sont inéluctablement porteurs de Changement et d’alternance dans notre pays. C'est le sens normal de la vie. L'intelligence de situation serait d'en prendre acte. S’opposer à la volonté de changement irrépressible du peuple camerounais, perceptible à travers la ruée vers les postes ELECAM pour les inscriptions sur les listes électorales, c'est prendre un mauvais pari. Les Camerounais sont en colère.
C'est visible de tous. Les Camerounais en veulent à leurs dirigeants qui les couvrent de scandales financiers et moraux au quotidien. Des tréfonds de leur misère noire, ils voient leurs dirigeants qui les narguent avec leur train de vie royal. Ils constatent qu'en 2018 ils ont été politiquement arnaqués et que le Commandant du navire Cameroun est depuis longtemps épuisé, absent. Ils sont témoins des luttes à mort entre les clans mafieux au sommet de l'État. Le monde se moque d'eux.
Ils ont honte et veulent retrouver un semblant de fierté et de dignité. Le meilleur moyen de sauver notre pays, aussi bien pour les profiteurs du régime que pour les victimes de celui-ci, c'est que la volonté de ce peuple affamé et furieux s'exprime à travers les urnes et dans la paix lors d’élections libres, justes et transparentes. Lesdites élections nous guériront, et le Cameroun avec, du traumatisme des scrutins présidentiels de 1992 et de 2018. Pour cela, ELECAM et le conseil constitutionnel, deux institutions importantes colonisées par des militants non affranchis du RDPC, doivent être irréprochables dans le respect strict de la constitution et des lois.
Malheureusement, pour le moment elles n'en prennent pas du tout le chemin. Voilà la vérité que tout citoyen honnête et sérieux avec son pays doit reconnaître. Au lieu de ça, certains, prisonniers de leurs juteuses positions au cœur de l'État, se mentent à eux-mêmes, pensant que 2025 sera 1992 ou 2018. C’est pour cela qu’ils affichent une attitude aussi inutilement arrogante. Une posture qui a fabriqué une guerre civile désastreuse dont rien ne justifiait le déclenchement dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Ils devraient pourtant faire attention de ne pas commettre les mêmes fautes politiques que dans la crise anglophone qui a finalement dégénéré. L'enjeu ici est la survie même de la nation camerounaise.
Il y a tellement de rancœurs dans notre pays, parmi les clans mafieux qui luttent à l'intérieur du palais, du Gouvernement et dans les rangs du parti au pouvoir qu'il vaut mieux, pour ceux qui vivent sur les sacrifices du peuple, laisser la volonté des Camerounais s'exprimer pleinement, en 2025 ou avant, conformément à la constitution et aux lois. Il est à redouter que si cette volonté inextinguible de changement est, une fois de plus, étouffée par les manoeuvres et fraudes électorales sauvages habituelles, la colère populaire s'empare de tout et de tous.
Les Démocrates pacifistes qui réclament le strict respect de la constitution et des lois, c'est à dire des règles de la démocratie libérale, à leurs risques et périls, face aux extrémistes du RDPC chauffés à bloc pourraient être tous balayés par la fureur populaire. Cette fureur que l'incompétence du régime et les conséquences observables de l'affaiblissement de l'État par les luttes de clans alimentent chaque jour un peu plus.
En un mot comme en mille, en 2025 ou avant, les élections libres, justes et transparentes constituent le dernier rempart de la nation camerounaise contre le chaos en raison du niveau exceptionnellement avancé du délitement de l'Etat, de la très forte dose de tribalisme d'État érigé en mode de gouvernement, de la famine qui torture les Camerounais, du désespoir qui ronge la jeunesse pendant qu'une poignée d'individus qui ont pris l'État en otage et ont fini par le privatiser s'en servent pour narguer le petit peuple.
Raymond TAMFOU, militant du RDPC Babadjou, Bamboutos.