Plainte contre Pierre Castel à Genève
L'héritière du milliardaire Victor Fotso a déposé une plainte contre l'homme d'affaires français Pierre Castel à Genève.
Dans une publication sur "Le Club de Médiapart", Christelle Nadia Fotso explique les raisons pour lesquelles elle a déposé la plainte.
"Ce lundi 29 septembre 2025, j'ai déposé une plainte pénale contre Pierre Jésus Castel, milliardaire français de 98 ans résidant en Suisse depuis 1981, pour violation de l'article 128 du Code pénal suisse : non-assistance à personne en danger. Cette infraction, passible de trois ans de prison, sanctionne celui qui refuse de porter secours à une personne en péril alors qu'il pourrait raisonnablement le faire.
De l'espoir naïf à la trahison
Depuis notre première rencontre en 2016, j'ai eu le besoin farouche de croire en Pierre Jésus Castel… Il était le plus vieil ami et compagnon de mon père Fotso Victor vivant et je venais à lui pour lui demander de le sauver par amitié, par loyauté envers une histoire incroyable et une relation qui avait commencé dans les années 1950 avant les indépendances à Mbalmayo au Cameroun. Mon père était pris dans quelque chose que je ne comprenais pas très bien mais qui le broyait. Je pensais que la seule personne capable de lui éviter une fin calamiteuse était Pierre Castel. J'ai donc tout fait pour le rencontrer et j'ai pu m'entretenir en privé avec lui grâce à l'intervention de son épouse Françoise Castel, d'une grande humanité. Castel a écouté, il ne comprenait pas très bien ce que je lui racontais sur une affaire qui déjà avait la puanteur des trahisons, de la cupidité et de la monstruosité. Mais le fait qu'il prenne le temps, qu'il me donne des informations et qu'il me promette d'essayer m'a fait croire en son humanité vu qu'il était le seul dans le monde du pouvoir de mon père qui avait fait ce geste.
Je n'ai donc pas réussi à lui en vouloir lorsque Fotso Victor a fini comme un vieux nègre sans médaille à l'Hôpital Américain de Paris en juin 2020, en dépit de mes alarmes, des informations que je lui ai données, de l'aide que je lui ai demandée et de ce que son Groupe et lui ont laissé faire. Je me suis dit que mon père n'avait pas aidé en ne surmontant pas son amour-propre pour demander à son dernier "ami" de l'aide.
Les signaux qui auraient dû m'alerter
Puis il y a eu le coup de fil que Castel me passe le 23 mars 2020, trois jours après l'annonce officielle du décès de mon père, cette phrase faussement compatissante mais si intrusive et parlante qu'il me dit sur la succession de Fotso Victor en affirmant qu'elle était très importante mais qu'elle serait compliquée. Naïvement, j'ai pensé que cette intrusion montrait qu'il serait avec moi surtout qu'il savait les coups que j'avais pris en essayant d'intervenir pour sauver mon père en usant des informations qu'il m'avait personnellement données.
Il y a la messe que je réussis à organiser aux Invalides pour son ami à laquelle il ne vient pas sans même daigner se faire représenter ou s'expliquer… Il y a la suite, des preuves de fraude concernant la vente des actions de mon père aux Brasseries du Cameroun. La lettre que je lui écris fin 2023 lui parlant de la captation d'héritage manigancée par Catherine Thérèse Crochet, avocate exerçant à Genève et gestionnaire de fortune de Fotso Victor pendant plus de 30 ans. Je crois durant tout ce temps en l'humanité de Castel. Je sais qu'il est très bien informé mais je me dis qu'à son âge, il est probablement comme mon père prisonnier de son cercle nucléaire et ne peut rien faire.
Il me faudra lire une interview qu'il accorde après avoir été condamné à payer plus de 400 millions de francs suisses au fisc après avoir triché avec les impôts de la manière la plus anodine possible, en ne reconnaissant à son premier prénom Pierre que pour ne plus se faire appeler que Jésus Castel. Dans cette interview, il réduit Fotso Victor à un petit homme d'affaires régional comparé à lui qui est un entrepreneur mondial. Ces mots à l'accent colonial fort m'ont mis la puce à l'oreille et permis de comprendre que ni mon père ni moi n'avions jamais été vus par Pierre Jésus Castel comme ses égaux et c'est bien cela qui est au centre de la plainte que j'ai déposée ce lundi 29 septembre 2025 contre lui à Genève pour violation de l'article 128 du code pénal suisse.
L'accusation : non-assistance à personne en danger
De quoi est-il question ? De non-assistance à personne en danger. L'article 128 du Code pénal suisse punit celui qui refuse de porter secours à une personne en péril de mort alors qu'il pourrait raisonnablement le faire. Tous les éléments sont réunis dans mon cas : Pierre Castel connaît ma situation depuis 2016, dispose de moyens financiers exceptionnels (plusieurs milliards d'euros de fortune personnelle), entretient une relation de 60 ans avec ma famille, et peut intervenir sans aucun risque pour lui-même.
Je n'accuse pas Pierre Castel d'avoir été et de continuer d'être déloyal à Fotso Victor car les sentiments ici sont secondaires. J'accuse Pierre Castel d'avoir violé encore une fois le droit suisse, tellement certain de son impunité qu'il n'avait pas à s'en préoccuper parce que la personne concernée ici avait beau être la fille de son plus vieux partenaire mais n'était qu'une femme en situation de handicap africaine. Il pouvait donc jouer avec la fin de vie de son père, et avec elle en gardant comme toujours les yeux rivés sur ce qui pour lui est le plus important : les richesses africaines.
Le calcul cynique
J'accuse Pierre Castel d'avoir utilisé notre relation et mes informations pour faire ce qu'il ne considérait que comme une très bonne affaire en laissant l'Empire Fotso voler en éclats pour ramasser les morceaux même si cela voulait dire laisser une infirme être écrasée alors qu'intervenir même en étant vorace ne lui coûtait absolument rien. Il y a des gestes que Pierre Castel aurait eus pour Fotso Victor et surtout pour moi si nous n'étions pas des nègres et s'il n'avait pas parié que la Suisse ne viendrait jamais lui chercher des noises.
Le défi à la Suisse
C'est bien de ce pari qu'il est ici question : la Suisse aura-t-elle le courage de suivre ses propres lois dans ce dossier qui expose aux yeux du monde cette façon si propre qu'elle a d'user des richesses et des fortunes africaines pour toujours convenablement parvenir à délégitimer les indigènes qui les font et leurs héritiers qui eux finissent mal pendant qu'à Genève, les fruits de tout cela remplissent les banques et les ventres suisses.
Ma plainte n'est ni sentimentale ni revancharde. Elle a tout à voir avec les valeurs universelles pour lesquelles je continue de me battre en maintenant qu'on ne joue pas avec le handicap et que l'égalité devant la loi est un principe avec lequel on ne badine pas même, surtout lorsqu'on s'appelle Pierre Castel et qu'on a fait sa fortune sur le dos de l'Afrique et des Africains.
Un précédent historique
Cette plainte crée un précédent : elle pose la question de savoir si les milliardaires peuvent abandonner des personnes vulnérables en toute impunité, simplement parce qu'elles sont africaines et handicapées. Elle interroge la responsabilité morale et légale de ceux qui profitent des richesses africaines tout en déshumanisant ceux qui les créent.
Bien entendu, il y a une histoire ténébreuse derrière cette plainte que je vais raconter mais pour le moment, je mets le droit suisse en avant parce que c'est de lui qu'il est question. Pierre Castel savait, sait et a joué avec mon handicap, avec ma vie en la sachant détruite par une violence financière sans précédent et en danger parce que c'était dans ses intérêts et que depuis presque 100 ans, aucune autorité judiciaire ne lui a encore fait comprendre qu'il y a des interdits que même l'argent n'efface pas.
Après qu'il a fraudé avec le fisc, la Suisse s'est contentée d'un gros chèque. Ici, plus lui est demandé afin qu'elle prouve que Genève n'est pas que la capitale de la finance internationale où on casse et bouffe du nègre à volonté.
La justice suisse est désormais face à son propre miroir. Elle peut choisir l'impunité ou l'égalité. Il n'y a pas de troisième voie".