Du 17 au 18 novembre dernier à Libreville, les enseignants d’universités, des praticiens du monde économique et financier et la société civile ont muri la réflexion sur la monnaie et le développement en Afrique centrale. Cet
échange avait pour principal objectif de « cibler de façon précise et réaliste les mécanismes opérationnels à mettre en place ou la mutation institutionnelle à opérer en vue de proposer un schéma approprié conduisant à l’évolution
de la monnaie comme demandé par l’instance décisionnelle de la Cemac », a précisé la ministre gabonaise de l’Économie pour planter le décor.
Pour aboutir à cette évolution commune de la monnaie escomptée par les pays de la zone Cemac, les participants ont proposé comme thérapie de choc, « l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France à savoir : la garantie de convertibilité illimitée par la France de la monnaie émise par la Beac, le franc Cfa, la fixité du taux de change, la liberté de transfert entre pays membres de la Beac et la France, et la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au trésor français », a expliqué le président de la commission Cemac. Pour les universitaires et autres économistes présents à ce colloque, le temps est venu de mener une véritable réflexion sur le bilan du Fcfa 60 ans après les indépendances.
De cette réflexion, « on sort un peu perdant de cette coopération. Puisque
quand on met les choses sur la balance, le côté rouge qui indique les pertes est dominant. On n’a pas vu les échanges s’intensifier, on n’a pas vu les investissements entre les pays s’intensifier, on n’a pas vu les institutions gagner en qualité. Donc, globalement à part la stabilité macroéconomique, le tableau qui ressort de ce bilan est négatif », regrette la société civile.
De ce tableau peu reluisant, plusieurs africains pensent que le moment est venu de se débarrasser du Fcfa et créer une monnaie propre aux pays de la zone Cemac, capable d’appuyer et de soutenir les efforts d’industrialisation, à défaut d’engager des réformes en profondeur des principaux mécanismes de fonctionnement de l’espace monétaire. En attendant le rapport où ont été consignées les différentes propositions faites lors de ce colloque qui sera par la suite déposé sur la table des chefs d’État de la zone Cemac, il ressort de façon générale que les populations s’incommodent de plus en plus de cette monnaie « vassale ».
L’espoir résidant dans un sursaut d’orgueil capable de libérer nos pays du joug français. Même si la démarche parait difficile, les pays de la Cedeao avec l’Eco sont suffisamment avancés sur ce chemin de la migration vers une monnaie authentique africaine et battue par nos
institutions bancaires.