Au Sénégal, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, aurait fait appel de la décision du tribunal des flagrants délits de Dakar dans l’affaire Kémi Seba. Jugé il y a une semaine sur la plainte de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) , le polémiste avait été relaxé dans ce qui constitue l’un des procès les plus médiatisés sur la place africaine.
Pour rappel, le 19 août dernier, sur la place de l’Obélisque à Dakar, l’activiste a brûlé un billet de 5000 francs CFA (l’équivalente de 8,65 francs suisses), lors d’un rassemblement «contre la Françafrique» organisé par son ONG «Urgences panafricanistes» dans plusieurs villes africaines . A travers cet acte, le Franco-Béninois de 35 ans lançait un appel à l’indépendance monétaire des Etats africains. La Bceao avait porté plainte et réclamé le franc symbolique comme dommages et intérêts. La relaxe prononcée par le juge sonnerait-t-il comme un camouflet apparemment mal digéré?
En interjetant appel, le procureur relance un dossier explosif et à risque, qui constitue le principal débat du continent. A travers ses différents mécanismes de gestion et de garantie et sa mise sous tutelle française et européenne, le Franc CFA est difficilement défendable aux yeux de la définition académique d’une monnaie, instrument de souveraineté ou de co-souveraineté par excellence. L’annonce de la relance des poursuites contre Kémi Séba, révélée par le quotidien sénégalais L’Observateur intervient alors que l’ONG Urgences panafricanistes annonce une grande mobilisation contre le Franc CFA pour le 16 septembre prochain.