La France annonce le versement au Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) d’une somme de 1,5 millions de dollars pour le premier semestre 2015, en faveur des réfugiés. Qu’est-ce qui motive ce geste du gouvernement français ?
Lors de sa visite le 21 février, le ministre Laurent Fabius avait exprimé la solidarité de la France à l’égard des populations victimes des violences de la région, les réfugiés des pays voisins, qui ont toujours été accueillis avec générosité au Cameroun, les déplacés de l’Extrême Nord chassés de leurs villages par Boko Haram et toutes les communautés qui partagent avec eux leurs maigres ressources et se trouvent elles aussi dans des situations de détresse.
M. Fabius avait pris l’engagement de renforcer l’aide humanitaire française au Cameroun.
Le versement au HCR d’un million et demi de dollars, soit près de 900 millions de CFA, est une première réponse. Nous travaillons à en préparer d’autres que j’espère pouvoir annoncer bientôt. Il s’agit de contributions apportées à titre national.
Elles ne représentent pas la totalité de l’effort de solidarité de la France, dont une partie passe par les canaux de l’Union européenne. Comme vous le savez, l’Union européenne a augmenté son assistance humanitaire de façon tout à fait substantielle, de 4 à 7 millions d’Euros, soit 4,6 milliards de CFA.
Concrètement, à quoi devrait servir cette assistance sur le terrain ?
L’affectation précise sera faite par le HCR, en fonction des besoins évalués en coordination avec le gouvernement et les autres acteurs humanitaires et c’est le HCR qui mettra en œuvre sur le terrain cette assistance, en liaison avec l’équipe humanitaire présidée par la Coordinatrice du système des Nations Unies.
Quand je suis allée visiter les réfugiés centrafricains à l’Est, j’ai pu voir ce que font concrètement le HCR et d’autres acteurs humanitaires pour apporter aux réfugiés et aux populations qui les accueillent les services de base nécessaires pour vivre dignement, des abris, des produits d’hygiène, de la nourriture, de l’eau, des soins médicaux, de l’éducation, du soutien psychologique… Dans l’Extrême Nord, où il y a énormément à faire, un des problèmes prioritaires est l’accès à l’eau.
Quel regard posez-vous sur l’évolution de la lutte contre Boko Haram ?
Sur le terrain de l’Extrême Nord, on constate une relative accalmie, due à plusieurs facteurs : la capacité des forces de défense et de sécurité camerounaises à protéger leur territoire, l’engagement des troupes tchadiennes et nigériennes et la progression des forces armées nigérianes, qui ont ensemble, permis de chasser Boko Haram de certaines de ses positions au Nigéria.
Le bon déroulement des élections présidentielles au Nigéria, malgré les menaces terroristes, a montré l’attachement du peuple nigérian à la démocratie, ce qui redonne de l’espoir.
Mais il est clair que les efforts ne doivent pas se relâcher. N’oublions pas que Boko Haram contrôle encore de vastes territoires au Nigéria, le long de la frontière du Cameroun. La France continuera de soutenir la lutte contre ce groupe terroriste.
Le président Hollande a appelé le vainqueur des élections nigérianes, Muhammadu Buhari, et lui a réitéré le soutien de la France au Nigéria et à ses voisins dans leurs efforts de lutte contre Boko Haram.
La France continuera aussi à agir sur le plan diplomatique.
Comme l’avait annoncé M Fabius, elle a travaillé à New York en faveur de l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution destinée à mobiliser un soutien maximum de la communauté internationale aux pays de la région qui se sont engagés dans les opérations militaires avec l’appui de l’Union africaine. D’intenses négociations ont eu lieu entre les membres du Conseil de sécurité, il y a eu des progrès mais pas d’aboutissement. Les discussions vont se poursuivre à New York et la France y restera très active.
La France vient de déployer un détachement de liaison à Maroua pour appuyer les forces de défense camerounaises. Quel sera son apport ?
Ce détachement de liaison français est composé d’un officier et d’un sous-officier. Il est effectivement déployé à Maroua, auprès de l'état-major de la 4ème Région Militaire Interarmées, conformément à une décision prise par le président Paul Biya. Son rôle est de contribuer à l'échange et à la coordination du renseignement tactique et opérationnel contre Boko Haram.
Il est aussi d’assurer la liaison entre, d’une part les forces camerounaises et tchadiennes engagées sur le terrain et d’autre part, la cellule de coordination et de liaison (CCL) installée à Ndjamena.
Cette cellule a vocation à accueillir des officiers des pays du bassin du lac Tchad (dont deux Camerounais) pour faciliter la collaboration et l’échange de renseignement, notamment pour prévenir toute attaque ou infiltration à partir de regroupements suspects de personnes et de véhicules pouvant être détectés en territoire nigérian.