La publication des listes électorales provisoires au Cameroun déclenche une nouvelle fois des tensions entre l'opposition et Elections Cameroon (Elecam). Erik Esousse, directeur général des élections, a vivement réagi ce jeudi aux accusations de fraude, appelant les "professionnels de la polémique" à privilégier les voies légales plutôt que la médiatisation du contentieux.
La controverse a éclaté suite à la publication des listes provisoires d'électeurs le 20 octobre dans les antennes communales d'Elecam. Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a rapidement dénoncé plusieurs irrégularités dans une déclaration datée du 22 octobre.
Au cœur des griefs, la procédure de transmission des listes. Selon l'opposition, le directeur général d'Elecam aurait court-circuité les commissions départementales de supervision, pourtant légalement chargées de cette mission. Plus grave encore, le MRC affirme avoir constaté des divergences entre les listes fournies par la direction générale et celles des commissions départementales.
L'accusation la plus sérieuse porte sur la radiation présumée de 120.000 électeurs, prétendument pour "absence d'empreintes biométriques". Selon le MRC, cette décision unilatérale n'aurait fait l'objet d'aucune validation par les démembrements départementaux. Les régions de l'Ouest et du Centre seraient particulièrement touchées, avec respectivement 15% et 10% de radiations.
Face à ces accusations, Erik Esousse défend la légalité du processus. "La révision des listes est une mission inclusive", a-t-il rappelé lors d'une conférence de presse tenue ce 24 octobre au siège d'Elecam à Yaoundé. Il souligne la participation de multiples acteurs : administration, municipalités et partis politiques, le tout encadré par des procès-verbaux dûment signés.
Le directeur général rappelle que la loi électorale prévoit des voies de recours officielles. Les partis politiques et les citoyens peuvent saisir les commissions communales de révision ou les commissions départementales pour tout manquement constaté, qu'il s'agisse d'éléments biographiques ou biométriques.
"Ces différents éléments servent à différencier chaque électeur dans le processus de traitement du fichier électoral pour le rendre crédible", a précisé Erik Esousse, invitant les contestataires à déposer leurs requêtes avant la date limite du 10 novembre.
Cette nouvelle polémique s'inscrit dans un contexte électoral déjà tendu au Cameroun. Elle souligne les défis persistants dans l'organisation d'un processus électoral transparent et consensuel, crucial pour la stabilité démocratique du pays.