Alors que la guerre des mots entre les États-Unis et la Russie s'intensifie au sujet de l'Ukraine, un acteur majeur de la scène internationale s'est également exprimé avec fermeté : la Chine.
Moscou et Pékin ont publié une déclaration présentant un accord sur une série de questions lors de la visite du président russe Vladimir Poutine pour les Jeux olympiques d'hiver.
Moscou y déclare soutenir la position de la Chine sur Taïwan et s'opposer à l'indépendance de l'île.
Cet accord intervient dans un contexte de tensions autour de l'Ukraine. La Russie dément avoir l'intention de l'envahir.
Toutefois, la déclaration russo-chinoise ne fait pas référence à l'Ukraine, sujet de l'escalade des tensions entre la Russie et l'Occident.
M. Poutine et le président chinois Xi Jinping ont eu des entretiens avant la cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver.
Le Kremlin a déclaré que les discussions entre les dirigeants étaient "très chaleureuses" et constructives.
M. Poutine est le premier dirigeant d'une puissance mondiale à rencontrer M. Xi en personne au cours des deux dernières années. Le dirigeant chinois a refusé de voyager à l'étranger et a rencontré peu d'étrangers depuis le début de la pandémie.
Dans leur longue déclaration commune, les deux pays accusent l'OTAN d'épouser l'idéologie de la guerre froide et se disent également préoccupés par le pacte de sécurité Aukus conclu entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie.
Ces derniers jours, Pékin a appellé au calme des deux côtés et à la fin de la mentalité de la guerre froide, tout en indiquant clairement qu'elle soutient les préoccupations de Moscou.
Il semble évident que la Chine se range du côté de son allié de longue date et ancien camarade communiste, la Russie. Mais la raison et la manière dont elle agit vont au-delà de leur histoire.
Jessica Brandt, directrice politique de la Brookings Institution, note qu'une partie de cette rhétorique est diffusée en plusieurs langues sur Twitter (qui est interdit en Chine) - dans le but de façonner la façon dont les États-Unis et l'OTAN sont perçus par le reste du monde.
"Je pense que l'objectif est de saper le soft power des États-Unis, de ternir la crédibilité et l'attrait des institutions libérales et de discréditer les médias ouverts", dit-elle à la BBC, ajoutant que c'est un exemple de la façon dont Pékin "amplifie régulièrement les points de discussion du Kremlin sur l'Ukraine" lorsque cela sert ses intérêts.
Tout cela aurait cependant un coût financier important pour la Chine - une des raisons pour lesquelles les experts pensent que, pour l'instant, Pékin ne va pas plus loin que l'écho de la ligne de Moscou. "Le soutien rhétorique à la Russie est un geste peu coûteux pour Pékin", déclare le Dr Miller.
Un conflit militaire en Ukraine aurait pour conséquence de distraire les États-Unis, ce qui serait sans aucun doute une aubaine pour la Chine. Mais de nombreux observateurs croient Pékin lorsqu'il affirme ne pas vouloir de guerre.
La Chine cherche à stabiliser ses relations avec les États-Unis en ce moment, souligne Bonnie Glaser, directrice du programme Asie du German Marshall Fund. Si Pékin apportait un soutien plus fort à Moscou, cela "pourrait créer davantage de tensions avec les États-Unis, y compris un clivage plus net entre démocratie et autocratie", explique-t-elle à la BBC.
Pékin est également susceptible de "couvrir ses paris" dans la crise, car il se méfie des véritables intentions de Moscou, déclare le politologue Minxin Pei dans un récent essai. En outre, un soutien accru à la Russie pourrait contrarier l'UE, deuxième partenaire commercial de la Chine, ce qui pourrait déclencher un "retour de bâton européen".
Selon le professeur Pei, cela pourrait éventuellement prendre la forme d'un soutien à Taïwan - une préoccupation qui a surgi en marge de la crise ukrainienne.
Les États-Unis sont restés délibérément vagues sur ce qu'ils feraient réellement dans l'éventualité d'une telle attaque. Ils disposent d'une loi qui les oblige à aider Taïwan à se défendre, mais dans le même temps, Washington reconnaît diplomatiquement la politique de la Chine unique définie par Pékin, à savoir qu'il n'existe qu'un seul gouvernement chinois.
Les experts ont toutefois rejeté ces parallèles, soulignant que les deux situations sont régies par des préoccupations géopolitiques totalement différentes. Ils soulignent que les États-Unis ont des liens historiques bien plus profonds avec Taïwan, qu'ils considèrent comme un pilier de leur stratégie idéologique, diplomatique et militaire en Asie.
"La Chine n'est pas la Russie, et Taïwan n'est pas l'Ukraine. Les États-Unis ont beaucoup plus d'enjeux avec Taïwan qu'avec l'Ukraine", déclare Mme Glaser.
Recherches supplémentaires par Wanyuan Song.