Devant le patronat gabonais jeudi, l’homme qui a renversé le président Ali Bongo a décliné des priorités de son gouvernement qui devraient selon lui, détendre le climat des affaires dans le pays.
"Je suis pratique et pragmatique par conséquent, je veillerai personnellement à ce que les propositions de ce jour soient concrétisées", a déclaré le nouveau dirigeant gabonais, suscitant un standing ovation de l’assistance.
Dans une salle comble, au palais présidentiel de Libreville, Brice Oligui Nguema recevait les membres de la fédération des entreprises du Gabon, pour « définir ensemble des contours de la transformation économique et sociale de notre pays pour bâtir ensemble une économie plus forte, plus diversifiée, plus inclusive et résiliant », rapporte le président du patronat, Henri Claude Oyima.
13 propositions sont dressées à cette occasion, à l’endroit du nouvel homme fort, qui en retient quatre, qui vont « être concrétisées sous ma supervision directe. »
La toute première priorité, c’est le règlement de la dette intérieure, déclare le général Oligui, sans préciser si cette dette serait entièrement épurée. En 2020, un audit du gouvernement avait conduit à l’annulation de près de 241 milliards, déterminés comme fictifs sur l’ardoise de l’Etat.
Mais un an plus tard, le quotidien public « l’Union » pointait une explosion de cette dette, de près de 50 %, passant de 1695 milliards à 2572,7 milliards de Francs CFA. Ce qui représente à peu près de ¾ du budget de l’Etat du Gabon pour l’année 2023, qui culmine à 3602 milliards de Francs CFA.
Difficultés pour éponger la dette publique
L’état est il prêt à éponger une telle dette dans les conditions actuelles ? Ce serait difficile selon le Gabriel Zomo Yebe, professeur d’économie à l’Université Omar Bongo de Libreville. Mais s’il fallait privilégier une dette à éponger, ce serait la dette interne, car elle a plus d’impact grâce à « son effet multiplicateur ».
Selon M. Zomo Yebe, les entreprises souffrent très souvent des factures impayées de l’Etat, ce qui met souvent en difficulté ses créanciers et leurs fournisseurs.
Autre priorité retenue par Brice Oligui Nguema, c’est la restauration de la journée Comptable au Trésor, c’est un instrument mis en place par le Gabon pour assurer l’équité dans la gestion de la dette de l’Etat, explique-t-on à la fédération des entreprises du Gabon. Le chef de la junte estime que la réactivation de cet instrument permettra de mettre fin « aux petites combines entre copains et coquins » explique-t-il.
Privatisation des caisses de prévoyance sociale
En outre, Brice Oligui Nguema estime que « les retraités vivent mal », il est important de mettre « sous gestion du secteur privé des deux caisses de prévoyance sociale ». Il s’agir de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), une caisse mise en place en 2007 c’est elle qui gère la couverture maladie dans le pays et assure le service des prestations familiales, l’autre c’est la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dédiée à la sécurité sociale aux travailleurs du secteur privé.
Leur fonctionnement n’est pas optimal à l’observation. Début juillet dernier, le syndicat des retraités civils et militaires a brouillement manifesté devant les services du premier ministre pour exiger le paiement de leurs pensions qui accusent des retards depuis 2015.
Sur nos antennes jeudi matin, l’analystes des politiques publiques Petit Lambert Ovono estimait que la gestion des retraités devrait être l’une des principales priorités des nouvelles autorités militaires. D’autant plus que la caisse de sécurité sociale affiche un déficit de plusieurs milliards de francs CFA.
Recours aux transactions bancaires
Le général Oligui attache aussi du prix à une bancarisation des procédures, lorsqu’il s’agira de financer les projets gouvernementaux. C’est certainement pour limiter des flux financiers liquides entre gestionnaires de la fortune publique, comme les quelques 100 milliards retrouvés dans des valises, dans les domiciles de certains proches du président déchu Ali Bongo, le jour même de son renversement.
En 2013, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) avait par exemple déclaré que la corruption coutait entre 25 et 50 milliards de francs CFA par an aux caisses de l’Etat.