À Garoua, les constructions anarchiques sur les berges et dans le lit de la Bénoué inquiètent de plus en plus les autorités administratives. En effet, malgré l’interdiction de construction sans autorisation, l’on constate que des maisons poussent comme des champignons tout au long des berges, voire dans le lit du fleuve Bénoué comme c’est le cas au quartier Sabongari, dans le premier arrondissement de la ville de Garoua, où l’Inspecteur général des services régionaux (Igsr) s’est rendu le samedi 14 octobre 2023. Une descente de terrain en compagnie des autorités administratives, des sectoriels et des chefs traditionnels au cours de laquelle Alim Garga a constaté l’ampleur du problème.
«Il y a une occupation illégale, une occupation massive, des constructions tout le long des berges de la Bénoué. Et les propriétaires de ces maisons ne disposent d’aucun titre de propriété, encore moins le permis de bâtir. Et il nous a été rapporté que ces personnes avaient d’abord commencé par développer les cultures saisonnières sur ces lopins de terre et par la suite elles sont venues construire littéralement sur les berges du fleuve», Alim Garga. Pourtant, et c’est connu de tous, pendant la saison des pluies, le fleuve Bénoué déborde de son lit ensablé pour inonder de vastes surfaces. Les habitations situées dans le lit du fleuve sont envahies par les eaux lors des crues, causant ainsi de lourds dégâts matériels et humains. En outre, cette occupation illégale et contre nature des berges et du lit de la Bénoué entraîne également la dégradation de l’environnement biophysique et la pollution du fleuve. Conscient du danger, l’Inspecteur général des services régionaux a saisi l’occasion de cette descente qui coïncide avec la célébration de la Journée internationale de la réduction des risques de catastrophes pour sensibiliser les populations, mais surtout pour siffler la fin de la tolérance administrative.
«Nous avons sensibilisé les populations sur cette occupation anarchique et attirer leur attention sur les dangers qu’elles encourent à occuper ces berges et le lit de la Bénoué. Maintenant que la Bénoué est en période de crue, certains habitants ne peuvent plus vivre dans leurs domiciles envahis par les eaux», constate l’Igsr qui a saisi l’occasion pour également instruire les chefs traditionnels de la localité, les autorités administratives et les maires de prendre toutes les dispositions pour stopper cette occupation anarchique. «Cette tolérance administrative doit cesser car aucun texte en vigueur n’autorise à occuper les servitudes du fleuve», a rappelé Alim Garga. Quant aux chefs traditionnels, très souvent accusés d’être impliqués dans les cessions frauduleuses de terrains situés dans ces zones interdites à toute construction, ceux-ci se réjouissent de cette descente de l’autorité administrative et invitent les occupants illégaux à libérer les espaces : «Nous demandons à ceux qui ont acheté, ceux qui ont construit, ceux qui comptent acheter, qu’ils sachent que ce ne sont pas des endroits indiqués pour des constructions. Quand les gens viennent nous voir, ils nous déclarent que c’est leur champ et qu’ils vont y cultiver le maïs ou les arachides. Quelques mois après vous constatez que ce sont des maisons qui sortent de terre, et cette fois-ci plus personne ne nous informe. On ne dit rien au lawan mais on déclare partout qu’on a un papier du lawan. Pourtant c’est faux», déclare Adamou Abdou, chef traditionnel de 3e degré de Padama. Sommés désormais de quitter les lieux, les contrevents, les populations occupant les berges et les lits du fleuve Bénoué n’ont pas d’autres choix que de s’exécuter. Dans le souci de prévenir d’éventuelles catastrophes et préserver des vies humaines, les autorités sont déterminées à aller jusqu’au bout afin que les habitats anarchiques ne se multiplient plus dans ces endroits qualifiés de dangereux.