Garoua : les proches du lamido accusé d’assassinat montent au créneau

Ils crient à la cabale

Wed, 16 Feb 2022 Source: Le Messager N°451858

Ils reconnaissent que le lamido est inculpé pour meurtre mais ils déplorent le fait que la presse se laisse manipuler par certaines élites du nord qui souhaitent la chute de la plus importante autorité religieuse et traditionnelle de la région.

Cité à Garoua dans une affaire d’homicide pour lequel un jeune homme a été tué le 31 janvier dernier sur la propriété du lamido fraîchement élu, Ibrahim El Rachidine souffle le chaud et le froid.

L’affaire fait les gorges chaudes dans la région du Nord. Provoquant une ambiance électrique au sein des populations. De quoi en rajouter à la canicule qui sévit dans la partie septentrionale du pays. Noyé dans l’euphorie de la Coupe d’Afrique des nations (Can) qui est rentrée en gare le 06 février dernier par le sacre du Sénégal, le dossier n’a été amplifié que depuis une dizaine de jours. Sujet de conversations et de commentaires pour les uns ; pain béni pour la presse à scandales et argument de poids pour certaines élites et autres détracteurs du lamido, la nouvelle de la mort dans des circonstances tragiques d’un jeune homme le 31 janvier, continue de faire des émules. Ibrahim El Rachidine est soupçonné d’être lié au décès d’Ali Youssouf, tué sur la propriété du lamido et enterré dès le lendemain dans un cimetière de la ville. Le 3 février, le corps de la victime avait été exhumé pour être autopsié après que plusieurs témoignages vrais ou supposés avaient fait état de tortures et de sévices.

Suffisant pour amplifier l’affaire qui s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux. « Le mis en cause n’aura la vie sauve que grâce à l’intervention manu militari des forces de sécurité qui l’avaient extrait de sa résidence pour le conduire dans les locaux de la gendarmerie de Garoua accompagné de six autres personnes dont deux militaires étant au service d’Ibrahim El Rachidine», lit-on dans l’un des nombreux posts qui pullulent sur la toile. Faux, révèle notre source qui fait savoir que: « les mouvements d’humeurs ne sont jamais produits devant le lamidat de Garoua ce sont des inventions pures et simples pour discréditer le lamido qui est jusqu’ici en phase avec sa population».Depuis lors, les versions fusent de toutes parts. Entre ceux qui accusent le jeune « gardien des traditions » d’avoir ôté la vie à un innocent et d’autres qui soutiennent mordicus qu’il ne s’agit là que d’un complot ourdi par certains barons du Nord qui tirent les ficelles sous cape, chacun y va de son fantasme. Après recoupements, le Messager a appris que le rapport d’autopsie n’a pas encore été rendu de manière officielle mais que des intox inondent la toile pour démontrer le contraire.

Cible facile

Pour l’heure, renseigne une source bien introduite au lamidat, « on a laissé le soin à la Justice de faire son travail en toute transparence, en toute équité. Inculpé n’est pas signe de condamnation et àl’évidence, il y’a dans ces fausses nouvelles que des gens diffusent, la volonté de laisser croire à une évidente condamnation pour homicide volontaire du souverain du lamidat de Garoua.

L’inculpation donc ne signifie pas que le suspect est coupable, il ne s’agit pas d’un jugement et la personne inculpée n’est pas nécessairement arrêtée. Elle est toujours présumée innocente. En cas de refus ou d’accès limité, l’inculpé a un droit de recours devant la chambre des mises en accusation ».Pour plusieurs élites de Garoua joints par nos soins, cette affaire pue la cabale à plein-nez. La cible (facile) qui est l’autorité traditionnelle et religieuse la plus puissante du Nord mise en cause et dont la tête est recherchée donnerait des insomnies à une certaine élite en quête de pouvoir qui paient la presse à gage pour faire croire que le palais d’Etoudi a demandé à ce que le dossier soit instruit avec célérité.

De la compétence du Tribunal militaire

Et dans ce méli-mélo, tout ce qui est dit dans les journaux est fatalement pris pour argent comptant. « Les gens doivent savoir que tout militaire devrait en temps normal de justice n’être que juger par ses pairs.Car ici il faut repréciser que le tribunal militaire est compétent pour connaître à l’égard des militaires ou assimilés, des infractions spécifiquement militaires et de toutes natures commises par les militaires, soit à l’intérieur d’un établissement militaire, soit dans le service à l’égard de tous les justiciables, des infractions commises avec coaction ou complicité des militaires ou assimilés, perpétrés dans une région soumise à l’état d’urgence ou d’exception », précise Abdalah Ousmane, juriste à la retraite et originaire du coin.

Lui qui regrette que la presse se laisse lâchement manipulée pour une affaire aussi grave Pour lui comme pour beaucoup d’autres hommes de Loi, Ibrahim El Rachidine est soupçonné (reste encore sous le coup du soupçon jusqu’à ce qu’il soit jugé et peut un jour reconnu coupable, sinon en liberté Ndlr), d’être lié à la mort du défuntAli Youssouf. D’ailleurs, « dans un communiqué, le lamidat avait déclaré que le drame était survenu alors que la garde tentait de maîtriser le jeune homme qui se trouvait, sous l’emprise de la drogue. Une déclaration qui semble gêner, car elle est tirée de la bouche d’un homme qui a juré de servir Allah et de guider le peuple de Garoua », rappelle une source. En rappel, Ibrahim El Rachidine avait été élu lamido en mai 2021 à la suite du décès d’Alim Hayatou, qui était par ailleurs secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé. A suivre !

Source: Le Messager N°451858