Gouvernement : Dans les secrets du futur remaniement

22490 Remaniement010915750 Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Wed, 8 Jun 2016 Source: Sans Détour

Il ne s’agit pas de nouvelles, mais de coulisses du palais, qui font état de l’imminence d’un remaniement ministériel, avec en prime, l’entrée au gouvernement des personnalités jusque-là inconnues du monde de la politique, dont de nombreux fils ou filles à papa, qui pourrait constituer le fait majeur des changements attendus.

Des fuites qui fusent autour du Palais de l’unité sont formelles. Le Chef de l’Etat mettrait à profit son séjour privé en Europe pour peaufiner son prochain gouvernement, entre autres occupations. un gouvernement que certains introduits envisagent d’ici la fin du mois de juillet, en tout cas, juste après le congrès ordinaire du Rdpc, parti au pouvoir, qui pourrait intervenir au courant du même mois. Les grandes décisions qui devraient sortir de ce congrès, avec les supputations sur un éventuel départ de Jean Nkueté du Secrétariat général du Comité central, donneraient alors des indications sur la vraisemblance de ce remaniement bien susurré depuis quelque temps au sein de l’opinion publique.

Pour remplacer l’actuel Secrétaire général du comité central, les supputations évoquent le nom de Laurent Esso, l’autre affidé loyal du Chef de l’Etat. un choix qui, s’il venait à s’avérer, donnerait des pistes d’analyse sur les potentiels successeurs de Paul Biya, après René Sadi et Jean Nkueté à ce poste, considérés comme les fidèles parmi les fidèles du Chef de l’Etat, la gestion du secrétariat général étant considérée comme un galop d’essai pour la capacité du futur suzerain à tenir les rênes du pays.

En attendant, c’est le remaniement qui préoccuperait dans le sérail, et la curiosité pourrait venir de l’entrée dans l’équipe gouvernementale des progénitures de certaines figures historiques à l’instar de Ruben Um Nyobé, Ahmadou Ahidjo, Salomon Tandem Muna ou Le célèbre Fochivé. Un choix, qui selon ceux qui évoquent cette possibilité, serait guidé par le souci du Président de se montrer en rassembleur, au-delà des lignes politiques. Une option aussi guidée par le réalisme politique, et qui pourrait gloser les critiques sur la confiscation du pouvoir que certaines chancelleries occidentales feraient au président de la république.

Dans cette optique, le soleil pourrait se lever cette fois pour Aminatou Ahidjo, la fille du Premier président de la république, qui attend cette nomination dans un hôtel de Yaoundé depuis 2013. Dans les couloirs de la présidence, des indiscrétions laissent entendre que le Chef de l’Etat ne l’a jamais oubliée, elle qui est d’ailleurs aux petits soins au frais du pouvoir. Manifestement, le pouvoir espérait, à en croire ces sources, un apaisement de la part de la famille de l’ancien président, où les dissonances sont criardes. Bien que ces divergences soient loin d’être conjurées, Paul Biya aurait décidé de récompenser le courage politique de Fatimatou, elle qui revenue au pays contre le gré de sa maman, a accepté de porter les couleurs du parti au pouvoir pour faire campagne lors des élections couplées de 2013.

Bernard ou Akéré Muna

Toutefois, le cas le plus détonant de ce remaniement pourrait être celui de Daniel Um Nyobe, le fils de l’emblématique leader historique de l’UPC. Parfait inconnu de la scène politique nationale, Paul Biya pourrait utiliser sa nomination au gouvernement pour régler au moins deux problèmes. Se réconcilier avec le parti historique dont la réhabilitation des martyrs par une loi de 1991 n’a pas changé grand-chose aux yeux des UPCistes et de l’opinion publique, mais aussi trancher sur le vif la guerre de positionnement que se livrent les Secrétaires généraux bassa du parti des crabes pour un strapontin ministériel, ce qui n’échappe à personne.

Environ 60 ans, Ingénieur informaticien installé en France, Daniel Um Nyobé aurait été contacté pour une éventuelle entrée au gouvernement. Son invitation à assister autant au boulevard du 20 mai qu’au Palais de l’unité aux manifestations de la 44è édition de la fête de l’unité est perçue par les observateurs comme un signe précurseur, parce que jusque-là inédit. En dépit de la discrétion qui a marqué sa présence à ces différentes manifestations, peut-être aussi à cause de sa méconnaissance par le public camerounais, la procédure accélérée de son accréditation aux manifestations ne trompe pas sur les intentions du pouvoir. Selon des sources introduites, convoqué à l’ambassade du Cameroun à Paris deux jours seulement avant le 20 mai pour recevoir son billet d’avion, il a occulté de nombreuses procédures protocolaires et administratives pour se retrouver au Cameroun, ce qui de l’avis des introduits du palais, traduit son assentiment pour une collaboration avec le pouvoir.

Et pourtant, dans le champ politique, on ne retient de lui que des critiques acerbes contre le régime de Yaoundé sur les réseaux sociaux, et la condamnation des divergences qui cadencent la vie de l’UPC, le parti de son géniteur. Dans la même veine, un autre Muna pourrait remplacer Ama Tutu, sortie du gouvernement le 2 octobre 2015, vraisemblablement en vertu d’une amitié forte entre l’ancien et défunt président de l’Assemblée nationale Salomon Tandem Muna, et Paul Biya. Mais bien malin qui pourrait dire qui de Bernard et d’Akéré serait l’heureux élu, les deux noms se trouvant vraisemblablement sur la table du Chef de l’Etat. Mais d’après les introduits du palais qui évoquent ces cas, Akéré pourrait bénéficier des appréciations plus favorables, lui qui est resté loin du jeu politique, et qui aurait un tempérament plus pondéré que son frère.

Difficile de dire si les deux nominés sont au courant de ce qui se prépare pour eux, mais ceux qui évoquent leurs noms laissent entendre que personne des deux ne cracherait sur un poste ministériel, ne serait-ce que pour compléter leur carte de visite déjà bien fournie. Un autre dont le nom revient dans les coulisses, c’est Edouard Fochivé. La consonance de son patronyme évoque le très charismatique Délégué Général à la sûreté nationale, resté célèbre dans les annales de l’histoire. Mais à la différence de ce haut commis de l’Etat, Edouard Fochivé est un opérateur du secteur privé, patron de l’entreprise 2M.

Présenté comme un expert des affaires portuaires, d’aucuns lui prêtent une campagne de positionnement dans les médias à une certaine époque, qui le prédestinait plutôt à une nomination à la direction du Port autonome de Douala, au moment où Etoundi Oyono ne paraissait plus en odeur de sainteté avec le pouvoir. Mais c’est plutôt au gouvernement qu’il pourrait échouer, si l’on en croit les coulisses du palais, même si d’autres sources laissent entendre que le quitus du sultan, faiseur des roitelets dans le Noun, est loin d’être acquis.

Nos sources évoquent d’autres changements notables dans ce gouvernement à venir, même s’il est difficile de préciser les portefeuilles qui seront réservés à ces entrants. En attendant, il ne s’agit là que de simples spéculations, même émanant des couloirs de la présidence. Reste à savoir quelles considérations seront accordées à ces spéculations, les exégètes de l’analyse politique s’empressant de reconnaitre qu’en matière de remaniement ministériel, Paul Biya est plus qu’imprévisible.

Source: Sans Détour