Depuis trois ans que ce chantier a démarré, le décret d’indemnisation n’est pas signé. L’entreprise est incompétente selon le ministre des Travaux publics qui était face aux journalistes hier.
Patrice Amba Salla, le ministre des Travaux publics est actuellement dans une campagne de communication. Officiellement, c’est pour vulgariser le décret du Premier ministre portant organisation de la maitrise d’oeuvre technique dans la réalisation des projets d’infrastructures. Ce texte du chef du gouvernement signé le 21 novembre 2014 dispose que le maitre d’oeuvre technique, le ministère des Travaux publics, est responsable de la construction, de l’entretien, et de la maintenance des infrastructures, en liaison avec les maitres d’ouvrages concernés.
Mais en réalité, Amba Salla célèbre « sa victoire » contre son collègue du gouvernement, Abba Sadou, le ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics avec qui il était en conflit latent. Même si Amba Salla estime que ces « incompréhensions sont aujourd’hui derrière nous ». Lesquelles incompréhensions ont pourtant causé des préjudices aux projets infrastructurels dans notre pays. C’est le cas par exemple de la route Sangmelima-Ouesso, le prototype des projets qui n’aboutissent jamais à cause de pratiques bien camerounaises. Quelles sont les causes pour lesquelles ce projet piétine depuis trois ans qu’il est lancé ?
D’abord, c’est une route interrégionale qui permet de relier Yaoundé à Brazzaville par route. La ville de Brazzaville étant reliée à l’Angola depuis peu. Le coût du projet pour le Cameroun ( hors indemnisations, taxes et frais douaniers) est estimé à 50,136 Milliards de FCFA supporté à hauteur de 5milliards par le gouvernement et un prêt du FAD de l’ordre de 45,2 milliards.
Le projet a démarré depuis trois ans. Du côté de la République du Congo le projet est réalisé à plus de 90%. Mais actuellement, sa réalisation du côté du Cameroun est évaluée à 20%. Cette estimation est de Patrice Amba Salla qui s’est rendu le weekend dernier sur le terrain. Il décrit un chantier qui balbutie, loin des attentes.
Pour lui, ce chantier est au degré zéro, selon les normes. « Ce chantier a beaucoup de problèmes. D’abord, il faut optimiser les tracés. Eviter par exemple les virages, programmer partout où la route va passer, identifier les personnes riveraines qui seront impactées et les recaser », explique t-il.
Décret d’indemnisation Mais avant de recaser les riverains, il faut qu’ils soient indemnisés. Et l’indemnisation ne peut se faire sans un décret d’indemnisation. « Jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas de décret d’indemnisation pour ce projet », déclare Amba Salla. C’est donc un projet alambiqué. Puisqu’il faut d’abord indemniser les gens avant de procéder au déplacement des fils électriques, des sépultures, et engager les autres travaux. L’autre problème vient de l’entreprise devant exécuter ce marché. Pour Amba Salla, elle est simplement incompétente pour ce chantier. A l’en croire, c’est une entreprise non qualifiée qui a des limites techniques évidentes.
« C’est un canard boiteux », lâche t-il. Mais à qui la faute ? Amba Salla n’a pas voulu s’étendre sur la question. En revanche l’on apprend de lui que ce sont les bailleurs de fonds qui ont imposé cette entreprise. Il dit qu’il a trouvé le débat et qu’à l’époque des faits, ce sont bien les bailleurs de fonds qui avaient exigé ce que le marché soit attribué à cette entreprise. Ayant constaté ses limites, le ministre des Travaux publics dit avoir engagé des procédures pour résilier le contrat avec cette entreprisse. « On m’a demandé d’aller doucement parce que c’est une route sous régionale. On s’est plié à cette recommandation. Voici trois ans, nous patientons », ironise t-il. Rendu à ce stade, il pense que la seule solution, c’est d’accompagner cette entreprise.