Une nouvelle génération d'intellectuels et de professionnels issus du septentrion camerounais bouscule l'échiquier politique à l'approche de la présidentielle. D'après un article de Jeune Afrique publié ce 20 mars 2025, un collectif de seize personnalités qualifiées a signé un manifeste appelant à un "sursaut républicain" et à un changement de régime après 43 années sous Paul Biya.
Ce qui distingue cette initiative, c'est le profil de ses promoteurs. Contrairement aux mouvements habituels orchestrés par des barons politiques locaux en quête de postes, ce collectif rassemble principalement des membres de la société civile aux parcours remarquables mais jusque-là discrets sur la scène publique nationale.
"Entre pauvreté grandissante, insécurité et délitement du tissu industriel, la liste des maux qui minent cette partie du pays occupe l'essentiel de ces deux pages", rapporte Franck Foute dans Jeune Afrique, décrivant le contenu de l'appel. Le document dénonce également que "le Grand Nord n'est pas la préoccupation de la majorité présidentielle".
Parmi les signataires, Jeune Afrique cite notamment Aminou Mal Adji, ancien cadre de l'Agence spatiale européenne, Manon Aminatou, docteure en pharmacologie, et Me Abdoulaye Harissou, ancien président de la chambre des notaires du Cameroun. Cette nouvelle élite intellectuelle semble prendre ses distances avec les dignitaires traditionnels du septentrion comme Bello Bouba Maigari (UNDP), Issa Tchiroma Bakary (FSNC) ou encore l'ancien ministre Dakole Daïssala (MDR), tous alliés au pouvoir.
Cette émergence d'une intelligentsia septentrionale contestataire intervient dans un contexte électoral crucial. Les trois régions du Grand Nord, qui constituent près d'un tiers de l'électorat camerounais, ont historiquement soutenu le RDPC de Paul Biya, mais les équilibres semblent aujourd'hui fragiles.
Selon Jeune Afrique, la réaction du pouvoir ne s'est pas fait attendre. Cavaye Yeguie Djibril, président de l'Assemblée nationale et figure tutélaire du RDPC dans le septentrion, a rapidement convoqué les responsables du parti présidentiel des trois régions concernées pour réaffirmer leur loyauté au chef de l'État et l'encourager à briguer un nouveau mandat.