Appel lancé aux journalistes. Le Conseil pour la souveraineté du Cameroun les appelle à la solidarité dans la couverture de l'actualité sur la situation au pays. Dans une lettre que nous avons reçue, le destinateur est précis, c'est une « lettre ouverte aux journalistes du Cameroun ».
Le 12 octobre, le peuple camerounais a voté massivement pour le changement, élisant M. Issa Tchiroma Bakary à la présidence. Seule une personne de mauvaise foi pourrait prétendre le contraire. La proclamation et l'investiture de M. Paul Biya comme vainqueur reposent sur des résultats notoirement falsifiés.
Accepter de tels mensonges équivaut à renier toutes les valeurs morales et juridiques sur lesquelles repose toute société. Le peuple camerounais est déterminé à obtenir le départ de M. Biya et à confirmer la victoire écrasante de M. Tchiroma. Mais nous nous demandons si vous, journalistes professionnels, êtes prêts à témoigner des événements politiques qui se déroulent actuellement et qui permettront, à terme, au président légitime d'exercer son mandat.
Votre profession est essentielle à la vie de toute démocratie constitutionnelle. Or, nous constatons que les tentatives de censure et d'intimidation du gouvernement à l'encontre des journalistes ne rencontrent pas une résistance systématique. Dans certains cas, on pourrait même se demander si certains journalistes ne font pas preuve d'une autocensure plus sévère que le gouvernement dans ses menaces.
Les événements politiques majeurs au Cameroun sont généralement rapportés par un journal étranger, Jeune Afrique, c'est-à-dire un journal aux connotations néocolonialistes. La persistance de cette pratique est embarrassante pour le journalisme camerounais. L'image du Cameroun serait considérablement améliorée si davantage de journaux camerounais rendaient compte des mêmes développements politiques que les Camerounais découvrent généralement pour la première fois dans Jeune Afrique.
Curieusement, nous constatons que de nombreux développements politiques favorables au régime illégal et illégitime sont rapportés dans plusieurs journaux camerounais avec des formulations similaires. Cette couverture déséquilibrée des événements politiques doit changer. Pour progresser sur cette question, davantage de courage et de professionnalisme sont nécessaires.
Étant donné que le régime cible tous les journalistes courageux qui rendent compte fidèlement des développements politiques importants, conformément aux aspirations au changement, une plus grande solidarité est nécessaire pour faire face aux attaques contre votre profession. Nous constatons que la récente grève des chauffeurs de camion a été peu couverte par les journalistes camerounais. Parce que Le Jour a couvert l'événement, M. Adorlac Lamissia, chef du bureau du journal dans l'Adamaoua, a été convoqué pour rendre compte du travail de son journal et révéler ses sources. Cela va à l'encontre de la déontologie de votre profession.
Nous saluons la déclaration ferme publiée par le comité exécutif du Syndicat des journalistes camerounais, condamnant le harcèlement dont est victime M. Adorlac Lamissia. Nous appelons tous les journalistes à faire preuve de solidarité avec les journalistes du journal Le Jour et avec tous les journalistes pris pour cible par le régime.
Nous sommes convaincus que le courage, le professionnalisme et la solidarité créeront un climat favorable à tous. Cela permettra d'améliorer la qualité du journalisme et d'accompagner les changements politiques attendus au Cameroun. En tant que plateforme de la société civile, nous mettons en garde ceux qui tentent d'empêcher le cours naturel des choses ; ils veulent empêcher un fleuve de couler vers l'aval. Les Camerounais ont voté pour le changement.
Ceux qui s'opposent à ce changement souhaité non seulement échoueront, mais devront également rendre des comptes pour tous leurs excès, y compris la persécution des journalistes. Un avenir meilleur attend tous les Camerounais si nous faisons tous preuve de courage, de professionnalisme et de solidarité dans tout ce que nous entreprenons en tant que professionnels. Que Dieu vous bénisse et que Dieu bénisse le Cameroun.