Ce n’est plus un secret, la consommation des drogues dures, par les jeunes filles et garçons qui en ont fait leur sport favori, aussi bien en journée que dans la nuit, est une réalité dans les arrondissements de Yaoundé 2, 6, 7 et autres.
Une circulation de ces produits nocifs, qui constituent un gros danger pour la jeunesse camerounaise. Plus rien n’arrête ces derniers, dans leur détermination à s’en approprier, un phénomène qui gangrène la société, créant de véritables ravages au sein de la jeunesse camerounaise, avec comme conséquences, la grande insécurité observée, engendrant la grande criminalité, le grand banditisme et la dépravation des mœurs.
Tout cela sous la barbe des forces de sécurité, qui ne jouent plus leur rôle, a la grande déception d'un jeune, lequel a décidé de dénoncer cet état de chose, à la suite du décès par overdose de son frère cadet, âgé de 18 ans. Revenu sur Yaoundé il y a quelques mois, après un séjour de quelques années à Douala, Honore M. fait le constat amer de la transformation des jeunes de son quartier Elig-Effa, qui pour la plupart ont décroché sur le plan scolaire, pour la voie facile, bon nombre sont addictifs à la drogue.
« Ils prennent pour la plupart les drogues dures encore appelées cailloux, le cannabis pour étant devenu léger », indique Damase, bien que n'étant pas un saint, entend combattre cet état de chose, au regard de ce qu'il a pu observer. Dénoncer parce que le phénomène prend de l'ampleur, avec la complicité de certains éléments des forces de l'ordre.
« Il faut le dénoncer parce que cela prend de l'ampleur, avec la complicité des hommes en tenue, beaucoup d'argent circule lorsqu'on interpelle un des leurs. J'ai pu le vivre à la brigade de Madagascar, alors que j'y étais pour défaut de CNI. Comment des gens venaient pour libérer, les garçons interpellés pour détention de stupéfiants, Tramadol et autres, nonobstant de fortes sommes d'argent. On les fait sortir, pendant que ceux qui y sont pour défaut de CNI et sans moyens pour négocier, sont transférés devant le procureur », précise ce dernier qui indique avoir remarqué les négociateurs, dont il suivra les traces à sa sortie de cellule.
Tout commence à Mokoloelobi, précisément à la station-service Tradex, véritable plateforme des passes de ces substances, lorsqu'un jour, il tombe sur une situation avec le commandant de brigade comme acteur. « J'ai commencé à observer, et un jour, je vois le CB arriver dans une petite voiture, un jeune s'emmène, s'introduit dans la voiture, avant d'en ressortir au bout d'un certain temps. Il venait de désintéresser le CB, question d'éviter les descentes des éléments », précise ce dernier.
Un constat qui va plus loin, du côté de Mvogbetsi, avec les alliances entre ces passeurs et le chef, « il donne l'alerte aux gars sur le terrain de l’arrivée des éléments, ceux-ci quittent les lieux avant même l’arrivée des hommes en tenue ». Dans le même engagement, il identifie de véritables ports de ventes de ces produits, précisément à la chefferie de Melen, au niveau de Fokou entrepôt.
« J’étais même au tribunal, question de rencontrer un procureur afin de dénoncer cet état de chose, question qu’il donne des instructions fermes, à l’effet de s’attaquer à ce phénomène. Je suis prêt à donner de mon temps, j’ai déjà identifié, cela se passe au Cameroun au vu et au su de tout le monde, c’est tellement frustrant que j’ai décidé d’apporter ma contribution dans la lutte. Je porte un doigt accusateur sur les forces de l’ordre ne jouent pas leur rôle, ils vont arrêter pour la forme, mais le reste ne suit pas », a indiqué Honoré, qui cite également le carrefour Biyemassi.
Un autre point important de ce trafic, véritable plaque tournante de l’activité, qui s’étend jusqu’à TKC. « À Biyemassi, l'on observe couramment les descentes, avec par moment des interpellations, qui malheureusement sont de retour quelques heures après et peuvent continuer sereinement leurs activités. Dès qu’ils payent leur tête, ils reviennent, vous comprenez que les hommes en tenue avaient besoin d´argent », déclare un habitant de ce quartier de l’arrondissement de Yaoundé 6. L'activité est intense et florissante, l'argent circule véritablement, les jeunes ont pris goût et sont prêts à tout, le prix ne les décourage pas.
« Les jeunes ne reculent plus devant rien, ils sont accrocs à la drogue qui coûte entre 2 500 et 5 000 FCFA. Les enfants ne vont plus à l´école, ils veulent avoir l’argent sans travailler à cause de ces drogues. Je soupçonne la provenance de celles-ci du côté de l’Afrique de l’Ouest via les associations culturelles, lors des voyages qui permettent de faire rentrer ces produits. C’est ce qui explique les agressions mortelles que l'observent aujourd’hui, les jeunes dévalisent les maisons, attaquent les paisibles citoyens pour de l’argent afin de s’en approprier, le phénomène des moustiques est la conséquence de ces drogues. Il faut faire quelque chose, la situation est grave, si rien n'est fait la jeunesse camerounaise est perdue, surtout dans les quartiers populaires. Il y a la dépravation des mœurs, comme on en observe à mini-ferme avec les esclaves sexuelles, obligées de prendre ces drogues afin de travailler et payer la patronne », précise Honoré.
Même si la loi du ghetto indique, « ce qui ne te concerne pas, n’en parle pas », mais lui, il a décidé d’en parler pour la mémoire de son petit frère. Les cas d'indiscipline, de comportements déviants et même de crimes d'un genre nouveau dus à la consommation des drogues se sont multipliés ces dernières années dans les établissements scolaires du Cameroun, tant en zone rurale qu’urbaine, donnant lieu à des expulsions spectaculaires. Depuis 2010, les médias ont fait écho de la recrudescence de la drogue dans les écoles, aucune région du Cameroun n'est épargnée. Le phénomène est accentué par la prolifération jusqu’aux abords des écoles, des pharmacies de la rue, des divers vendeurs ambulants et des débits de boissons. De nombreuses organisations de la société civile, l’État dans ses divers démembrements, ont entrepris des actions à plusieurs niveaux, afin d’aider les institutions scolaires à lutter contre ce phénomène.