Vendredi 5 janvier dernier, à Abuja au Nigéria, le gouvernement nigérian arrête des leaders anglophones.
A en croire un responsable du Département des services de l'Etat (DSS), l'agence de renseignement du Nigeria, qui s'est confié au Sunday Times, un camp d'entrainement de combattants luttant pour l'indépendance de l'Ambazonie aurait été démantelé par les forces de sécurité dans l’Est de l'Etat de Taraba, frontalier avec le Cameroun, le 31 décembre dernier.
Lors de ce raid, 34 individus (dont 32 camerounais et 02 nigérians Ndlr) auraient été interpellés. Ces derniers, membres de milices créées opportunément dans la région du Sud-Ouest, auraient déclaré reconnaitre Sisiku Ayuk Tabe comme leader de leur mouvement. L'arrestation de ce dernier et ses 08 comparses viseraient donc à permettre des confrontations avec les éléments interpellés. Selon les médias nigérians, les sécessionnistes auraient été placés en détention par le Département des services de l'Etat (DSS).
Cependant, cette information est démentie par les responsables des services de renseignement nigérian approchés par le Sunday Times. Si des informations non vérifiées font état de ce que le groupe D’Ayuk Tabe aurait été expulsé vers le Cameroun, des sources crédibles confirment plutôt leur maintien en détention à Abuja.
Ainsi donc, Sisiku Ayuk Tabe et neuf de ses collaborateurs : Dr. Nfor Ngala Nfor, (président du Conseil national du Southern Cameroons (Scnc)), Dr. Fidelis Nde Che, Dr. Henry Kimeng, Prof. Awasum, Dr. Cornelius Kwanga, Dr. Tassang Wilfred, Barrister Eyambe Elias, Dr. Ojong Okongho et Barrister Nalowa Bih qui auraient sollicité les services d'un ténor du Barreau nigérian et activiste des droits de l'Homme, l'avocat Femi Falana pour défendre leur cause seraient gardés et exploités par les services de renseignement nigérian dans un lieu tenu secret. Jusqu’ici, aucun motif de leur enlèvement n’a encore été rendu public.
Selon Mandela Center, une Ong humanitaire, il s’agit là d’une escalade inquiétante de la crise sociopolitique qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sudouest depuis octobre 2016. L’Ong qui dit avoir contacté une source crédible au sein de la présidence de la République nigériane pense que les leaders anglophones pourront être remis en liberté dans les prochains jours avec des instructions fermes de l’État nigérian.
Dans un communiqué dont le Messager a reçu copie, elle rappelle aux autorités camerounaises que dans une crise politique avec des mesures essentiellement politiques, la décrispation réelle et l'apaisement passent obligatoirement par un dialogue national inclusif, franc et sincère. Aussi explique-t-elle qu’à défaut d’obligation conventionnelle liant l’Etat requis, le Nigéria et l’Etat requérant, le Cameroun, la décision d’octroyer ou non l’extradition relève exclusivement du pouvoir souverain de l’Etat requis.
Et qu’au regard du droit international public, l’extradition est une décision souveraine de l’Etat requis qui n’est jamais tenu d’y procéder (Cf. Affaire sur les questions d’interprétation et d’application de la convention de Montréal de 1971 résultant de l’incident aérien de Lockerbie (Jamahiriya arabe libyenne/Royaume-Uni), mesures conservatoires, Ordonnance du 14 avril 1992 de la Cour Internationale de Justice).
Bien plus souligne l’organisation non gouvernementale, aux termes du Traité d’extradition adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution A/RES/45/116, 68e séance plénière du 14 décembre 1990, puis modifié par elle dans sa résolution A/RES/52/88, 70e séance plénière du 12 décembre 1997, les parties s’engagent à se livrer réciproquement, sur leur demande, les personnes recherchées aux fins de procédure dans l’Etat requérant pour une infraction donnant lieu à l’extradition ou aux fins d’infliger ou de faire exécuter une peine relative à une telle infraction (art. 1).