A l’intérieur du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), la question ne se pose pas. Le président de cette formation politique est bel et bien le nommé, Dieudonné Yebga. Seulement, la forte présence d’Anicet Ekanè, ancien président et membre du Bureau politique dans des cérémonies officielles et son exposition médiatique achèvent de convaincre les plus sceptiques quant à l’existence d’un bicéphalisme au Manidem.
4 septembre 2016, Anicet Ekanè était l’un des panélistes de l’émission dominicale de grande écoute «Droit de réponse» diffusée sur les ondes de la chaîne de télévision Equinoxe. Loquace et brillant causeur, le membre du Bureau politique écume ainsi depuis pas mal de temps, les plateaux de télévision pour débattre. Dans les chaînes de radio, il est sollicité avec la même frénésie.
Les contenus des journaux accordent une part belle aux interviews de cette bête politique qui vit une exposition médiatique qui accroît sa cote de popularité, améliore son aura et lui confère une visibilité plus accrue. Au point où, pour beaucoup, l’ancien président du Manidem fait ombrage à son alter-ego, Dieudonné Yebga, très effacé, moins présent et surtout quasi taciturne.
Une attitude qui fait dire à plus d’un qu’Anicet Ekanè garde la haute main sur le parti. Bien plus, à côté de ce cliché, l’on observe que le membre du Bureau politique du Manidem est également présent dans des cérémonies officielles.
Du fait de sa réputation, en raison de ses relations, ses entrées dans les administrations, son entregent, Anicet Ekanè est le plus souvent convié à des manifestations officielles sous la casquette de «président du Manidem».
Une erreur portée sur la fonction officielle d’une bête politique qui est généralement corrigée à l’intérieur du parti et portée à l’attention des organisateurs, révèle un cadre du Manidem ayant requis l’anonymat. Beaucoup d’organismes l’ont compris et envoient deux cartons d’invitation au Manidem.
L’un au président Dieudonné Yebga et l’autre à Anicet Ekanè, à titre personnel. C’était encore récemment le cas avec Elecam qui fait venir systématiquement Anicet Ekane à l’essentiel des évènements que l’organe en charge des questions électorales au Cameroun, organise. A la décharge d’Anicet Ekanè, il faut noter que le président Dieudonné Yebga est un «mbombog», un garant de la tradition, un chef traditionnel dans la localité de Nkenglikog dans le Nyong et Kellé.
Une casquette qui restreint sans coup férir son exposition médiatique, réduit sa disponibilité à répondre aux sollicitations officielles et limite sa visibilité. Une responsabilité difficile à concilier avec sa fonction politique. Charles Nforgang, membre du Bureau politique du Manidem et ancien secrétaire national à la communication se lâche : «les responsabilités du président Yebga au plan traditionnel font que dans le parti, beaucoup de militants pensent que Anicet Ekanè dirige du fait que plusieurs camarades partagent ses idées et lui sont proches».
Pourtant, à bien y regarder, à l’intérieur du Manidem, pas de place au bicéphalisme. Le principe qui régente le fonctionnement de cette formation politique repose sur le «centralisme démocratique ». C'est-à-dire que le parti est dirigé par un collège de personnes. «Le président de notre mouvement ne prend aucune décision seul. Le Bureau politique est doté d’un secrétariat qui est composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire général et son adjoint… De ce point de vue, Anicet Ekanè ne peut pas gouverner le parti». Voilà qui est dit !