La bataille s’annonce rude à l’intérieur des partis. Les potentiels candidats à l’Extrême-Nord
1575 électeurs sont attendus aux urnes le 12 mars 2023 dans la région de l’Extrême-Nord. Ils devront élire sept sénateurs. Si la participation du parti au pouvoir (Rdpc) à cette élection est un secret de polichinelle, celle de son principal challenger, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) est déjà quasiment actée.
A en croire Saidou Maïdadi, membre du bureau politique de l’Undp, Bello Bouba Maïgari, président national de l’Undp, est arrivé à Maroua ce jeudi pour superviser personnellement les investitures. «Toutes les fédérations ont été conviées à Maroua pour une rencontre autour du président national à l’effet d’opérer les meilleurs choix pour une liste porteuse de victoire», a indiqué Saïdou Maïdadi. De sources bien introduites auprès des différentes fédérations de l’Undp de l’Extrême-Nord, les clés de répartition du nombre de siège par département est déjà acté en fonction d’un ensemble de paramètres. Le département du Mayo-Tsanaga où l’Undp contrôle trois communes sur sept (Hina, Koza, Mogodé) en plus d’avoir raflé localement la totalité des conseillers régionaux devrait s’en tirer avec au moins deux postes.
Ici et là, dans divers départements de l’ExtrêmeNord, les supputations vont bon train. Dans le MayoDanay, les noms de Gondji jacob, Alim Souleymanou et de Gigla Wandji reviennent sans cesse sur la liste des possibles candidats. Idem dans le Mayo-Kani où on retrouve dans les starting blocs, Taybé ; dans le MayoSava, Ngadjiba entend relever le défi tout comme Nafissatou Hamadou Bilali, Kodji Wandala, Fenged Rose, Mahmoud Hamadou et Sidi Oumarou dans le MayoTsanaga. Dans le Diamaré, la formation de Bello Bouba pourrait investir Souley, un transfuge du Fsnc pour mieux puiser les voix dans son ancienne famille politique. «L’Undp va jeter toutes ses forces dans la bataille dans la région de l’Extrême-Nord avec pour objectif de contraindre le Rdpc au partage de sièges. Je pense que Bello Bouba vise un groupe parlementaire au Senat et pour cela, il lui faudra au moins 10 sièges. Son engagement part donc du principe qu’il remportera les sept sièges de l’Adamaoua, et qu’il lui faut par conséquent tirer quelques marrons du feu à l’Extrême-Nord et dans le Nord», croit savoir un proche du président de l’Undp. Il reste à savoir si, avec 138 électeurs potentiels estampillés Undp, le parti au pouvoir lui laissera le champ libre pour manœuvrer. Par le passé, et l’exemple du MayoTsanaga est encore vivace dans les mémoires, l’Undp a prouvé qu’elle pouvait renverser les montages...
LE PARTI AU POUVOIR
Du côté de la formation au pouvoir, l’heure est à l’attente de la fameuse « circulaire du parti » attendue ce vendredi. En attendant, les candidatures supposées ou assumées animent les conversations. Dans le Logone et Chari, c’est un charter de prétendants qui est annoncé. Les passagers sont les suivants : Le sultan de Logone et sénateur sortant (Mahamat Marouf Bahar), ses homologues de Bodo (Dr Djibrine Mahamat), de Goulfey (Ali Mahamat), le sénateur sortant Mahamat Abdoulkarim, Abakaka Moussa, Djibrilla Hessena, Acheik Alamine et Mahamat Abicho Adef. Dans le Diamaré, outre les sénateurs sortants Alioum Alhadji et Mme Djakaou, l’on avance les noms de Adama Yassifou et dans une moindre mesure celle de l’ancien ministre Sali Daïrou. Bakary Yaouaré jusqu’ici en lice devrait jeter l’éponge en raison de sa récente nomination à la tête de la Midima.
Dans le Mayo-Tsanaga, outre le sénateur sortant Abdoulaye Wouyak Marava, Vandi Joseph devrait se jeter dans la course aux cotés, vraisemblablement, de l’ancien ministre Zacharie Perevet. A tort ou à raison, beaucoup lui prêtent en effet l’intention de se lancer dans la course.
Le sénateur sortant Bladi Abba est en lice dans le Mayo-Sava. Il devra cependant batailler dur contre ceux qui rêvent de mettre la main sur son strapontin. Reviennent dans les supputations, les noms de l’ex-sénatrice Saki Lamine, Mahamat Mahamat ou l’ex- directeur de Cabinet du président de l’Assemblée nationale Boukar Mahamat.
La situation dans le Mayo-Danay est particulièrement complexe en raison des partages politiques qui excluent des groupes ethniques déjà «repus». L’actuel titulaire du poste est le sénateur Amrakaï Martin qui pourrait être menacé par la candidature de Mamoudou Ousmane.
L’ancien secrétaire général de ministère et cadre au comité central du Rdpc, Zoua Houli Abraham, devrait concourir pour le Mayo-Kani. Il est pour l’instant le seul candidat sérieux à pouvoir challenger la sénatrice sortante, Mme Zakiatou Djamo.
Aux côtés de ces deux poids lourds, deux autres partis espèrent néanmoins tirer leur épingle du jeu. Le premier, le Mouvement démocratique pour la défense de la République (MDR), entend participer à la toute première élection après le décès de son leader charismatique, Dakolé Daïssala, en 2022. Et marquer ainsi sa présence sur le champ politique. «Nous comptons participer à cette élection dans un esprit républicain ; le MDR n’ayant jamais fait de la chaise vide, sa politique. Le parti est en train de s’organiser pour répondre présent à ce moment important de la vie politique nationale et la semaine prochaine, à l’issue des consultations internes, vous saurez qui sont nos candidats. Prenez votre mal en patience», explique Me Paulin Djorwé, président national du MDR. Avec 92 conseillers municipaux dans son escarcelle, ce parti compte assurément jouer les trouble-fêtes dans le duel annoncé entre le Rdpc et l’Undp.
La seconde formation politique en embuscade reste le Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) qui compte 35 conseillers municipaux. Au moment où nous allons sous presse, les militants de l’Extrême-Nord étaient toujours dans l'attente de la décision de leur président national. Selon nos informations, l'honorable Salmana Amadou Ali, responsable régional du Fsnc s’est rendu à Yaoundé pour rencontrer son président national, Issa Tchiroma Bakari, à l'effet de se concerter sur la décision du parti.