Narcisse Mouelle Kombi, en désaccord avec Samuel Eto'o, qui s'est efforcé de l'éloigner des affaires du football depuis son arrivée à la Fecafoot, cherche à saisir l'occasion. Depuis longtemps, le ministre des Sports attendait un président de fédération qui jouissait jusqu'alors du plein soutien du pouvoir. Mais avec cette défaite face au Sénégal et l'élimination de l'équipe nationale de la CAN, il a enfin l'occasion de prendre sa revanche. De retour à Yaoundé, le ministre adresse un rapport accablant au chef du gouvernement sur les résultats du Cameroun à cette compétition.
Ce document est, certes, une tradition dans l'administration camerounaise. Mais, dans le contexte, il devient explosif, d'autant que son destinataire final n'est autre que la présidence de la République. Dans ce rapport, Narcisse Mouelle Kombi dénonce une "baisse des performances des équipes nationales" et évoque sans détour les "errements tactiques de l'encadrement technique". Parmi ses recommandations : le remplacement du sélectionneur des Lions indomptables, Rigobert Song. Or cet ancien défenseur des Lions doit sa nomination à Samuel Eto'o, qui lui conserve sa confiance.
De son côté, et à la différence de ses prédécesseurs, Eto'o n'a pas jugé bon de rédiger le rapport technique et financier habituel sur la participation du Cameroun à la CAN, qui doit en principe être adressé au ministère des Sports. Au lieu de cela, le président de la Fecafoot présente oralement le bilan à Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général des services du Premier ministre. Le 27 février, dans le bureau tout neuf construit à l'arrière de la primature, Eto'o défend Rigobert Song. Il sent bien, cependant, que le vent a tourné.
Au ministère des Sports, un comité de une dizaine de personnes est mis sur pied, sur instruction de Ferdinand Ngoh Ngoh, qui suit les directives de Paul Biya (dont une partie ont été exprimées dans le discours présidentiel à la Jeunesse, le 10 février). Le comité se fixe pour objectif de trouver un nouvel encadrement technique et administratif aux Lions indomptables. Et ce, à l'insu des responsables de la Fecafoot. Le Belge Marc Brys est choisi comme sélectionneur. Ses adjoints et l'encadrement administratif des Lions sont à leur tour désignés. Un nom attire l'attention : celui de Benjamin Banlock, ancien employé de la Fecafoot remercié par Eto'o, désigné par le ministère comme coordonnateur des sélections, chargé de gérer le vaste budget alloué par l'État. Narcisse Mouelle Kombi a assouvi sa vengeance.