Lire ci-dessous l’article publié par Jeune Afrique, le 17 juin 2024 :
Après avoir répondu à une interview de Jeune Afrique le 23 avril dernier depuis sa cellule, Marafa Hamidou Yaya s’attendait, après sa prise de parole, à un durcissement de ses conditions de détention au Secrétariat d’État à la défense (SED), cette garnison qui abrite à la fois le quartier général de la gendarmerie et une prison annexe pour anciens membres du gouvernement et hauts commis du Cameroun. La suite a donné raison à l’ancien secrétaire général du président Paul Biya.
Les procédures de sécurité ont été renforcés à l’entrée du SED, où l’ex-ministre de l’Administration territoriale est détenu depuis 2012, condamné à vingt-cinq ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle de détournement d’argent public ». Aux deux contrôles de gendarmerie habituels (un contrôle d’identité à l’entrée principale et un deuxième avec fouille à l’entrée de la prison annexe) s’est ajouté un check-point tenu par des éléments du Groupement spécial d’intervention (GSO), une unité d’élite de la police.
Marafa Hamidou Yaya craint de perdre la vue
Il faut donc montrer patte blanche une fois supplémentaire avant d’accéder au pavillon transformé en cellule de détention, où loge Marafa Hamidou Yaya et son voisin, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, un ancien directeur général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention inter-communale (Feicom), condamné à 30 ans de réclusion pour détournement d’argent public. Après la publication de l’entretien avec Jeune Afrique, quasiment tous les permis de communiquer délivrés aux visiteurs par le procureur ont été annulés.
Le cuisinier personnel de l’ancien secrétaire général a conservé son sésame et reste chargé d’apporter les repas du détenu au SED. En outre, un seul membre de sa famille peut encore lui rendre visite. Mais le flux des visiteurs a été drastiquement réduit : de passage au Cameroun, l’une de ses filles vivant aux États-Unis a été refoulée courant mai à l’entrée du lieu de détention.
Atteint d’un glaucome sévère, Marafa Hamidou Yaya a déjà perdu l’usage de l’œil droit. Il craint aujourd’hui pour son œil gauche. L’ancien secrétaire général de la présidence a adressé au président Paul Biya plusieurs demandes d’autorisation d’évacuation médicale. Elles sont longtemps restées sans réponse.
Selon les informations de Jeune Afrique, la présidence lui a proposé de faire venir un plateau technique et des médecins turcs pour que les soins appropriés lui soient prodigués dans un hôpital de la place. Craignant notamment pour les suites post-opératoires, le prisonnier a rejeté cette proposition.