Dans une interview accordée au quotidien Le Jour de ce 18 mars, le politologue et enseignant d’Universités dit qu’il est important d’avoir un minimum d’éléments sur la santé de ceux qui nous gouvernent.
Alors que le séjour « privé » du couple présidentiel Paul et Chantal Biya en Europe, et les allégations faites par le journal français Le Monde sur sa santé, ne cessent de faire les choux gras de la presse au Cameroun, Eric Mathias Owona Nguini tente une analyse des raisons de la publication du bulletin de santé des chefs de l’Etats. Pour cet enseignant d’Universités, « on peut parler de la santé des chefs d’Etat parce qu’ils assurent les responsabilités essentielles dans l’organisation et le fonctionnement des Etats qu’ils représentent. Il est donc capital que les communautés politiques qui sont représentées par ces autorités puissent être informées de l’état de santé de ses responsables ».
Au Cameroun, parler de la santé du chef de l’Etat dans le contexte socio-politique actuel est un drame. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary, dans son démenti face aux allégations du journal Le Monde, a qualifié la démarche du journal français de « forces tapies dans l'ombre, qui cherchent obstinément à le [le président Biya, ndlr] déstabiliser et partant, à détruire notre nation tout entière ».
Pour Owona Nguini, « il faudrait dédramatiser la question, montrer les éléments essentiels sans pour autant fondamentalement mettre en scène les données essentielles qui sont celles de la santé de ces chefs d’Etats qui sont des individus et des citoyens comme les autres. Ils ont droit à un respect de leur vie privée. Cela dit, comme ils assument les fonctions publiques, il demeurent important d’avoir un minimum d’éléments sur leur santé ».
Il n’existe donc pas de risques fondamentaux à parler de la santé des chefs d’Etats « tant que les conditions dans lesquelles on en parle sont codifiées ».
« On pourrait imaginer qu’il y ait des dispositions légales ou constitutionnelles permettant que, de manière périodique, un bulletin de santé d’un chef d’Etat africain soit publié de manière à éviter des polémiques stériles et malsaines sur la question », explique le politologue.
On peut donc publier le bulletin de santé du chef de l’Etat, à condition d’en préserver la confidentialité de l’essentiel des données, de ne donner que des éléments essentiels qui puissent permettre de mesurer le niveau de santé du chef de l’Etat.
« Il faut tout simplement indiquer que cette question reste une question délicate. Même dans les systèmes politiques censés avoir construit une démocratie routinière, dans les pays comme les Etats-Unis ou la France, la question de la santé des chefs d’Etats est resté un sujet délicat », renchérie Eric Mathias Owona Nguini.