En arrivant au ministère de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès aurait oublié que sa propension au « one woman show » était contreproductive. Mais elle persiste et signe dans la théâtralisation de son mode de gouvernance.
on la connaissait encombrante, Célestine Ketcha Courtès. Elle le démontre tous les jours, depuis le premier jour où elle a posé ses pieds à l’immeuble de l’émergence anciennement immeuble de la mort. Comme si elle pensait que le Minhdu c’était le cirque, son premier geste est apparu plutôt comme un pied de nez et une bravade aux autorités administratives et politiques de la cité capitale et surtout à l’édile de la commune de Yaoundé VI, l’inamovible et l’incontournable Jacques Yoki Onana. Croyant mettre un terme au phénomène des eaux usées et autres déjections des fosses septiques des camps Sic de Biyem-Assi, Acacias et Mendong, Célestine Ketcha Courtès a vite couru à la commune de Bangangté, récupérer les camions hydro cureurs estampillés « Mairie de Bangangté », afin de faire vider les fosses septiques à Yaoundé. Le tout sur fond de ramdam publicitaire agressif. Cette révolution a plutôt été de très courte durée. Car il suffit de revenir aujourd’hui dans ce quartier où le fameux « carrefour caca » porte plus que jamais son nom, au nez et à la barbe du Minhdu. Son activisme débordant ne l’amène-t-il pas à sillonner la ville siège des institutions pour se rendre compte de la situation de ces fosses septiques ?
Par incompétence notoire, elle aura peut-être compris qu’un ministre du gouvernement, c’est l’action ou on la boucle. Mais comme elle a fait de la gouvernance spectacle son dada, elle s’embourbe chaque jour dans des annonces sans effet. L’on se souvient par exemple qu’en août 2021, elle avait promis qu’en 18 mois, la poussière légendaire du quartier Nkolmesseng à Yaoundé 5 ne sera plus qu’un vieux souvenir. Elle s’appuyait alors sur le projet de développement des villes inclusives et résilientes (Pdvir), projet financé conjointement par la Banque mondiale et le gouvernement camerounais. Elle affirmait d’ailleurs avec force que le projet était effectivement entré dans sa phase d’exécution, avec l’entreprise Sinohydro corporation Limited. Pour la parade, on l’avait même vu aux commandes d’un Caterpillar comme pour dire que les travaux avaient commencé. Elle s’était alors faite accompagnée pour la circonstance par des autorités traditionnelles, municipales et administratives des arrondissements de Yaoundé 5 et 7, puisque ce projet s’étalait à Oyom Abang, dans l’arrondissement de Yaoundé 7 et des maires Augustin Bala et Augustin Tamba, représentant respectivement les communes de Yaoundé 5 et 7.
Curieusement, ces travaux tardent à se matérialiser. Que se passe-til donc ? Difficile à dire. Le show, c’est le dada de Célestine Ketcha Courtès. Qui ne se souvient pas de ses messes d’action de grâces ? En visite dans le Grand Nord à la suite des graves inondations sur cette partie du pays qui avait d’ailleurs vu l’écroulement du pont Palar à Maroua, coupant ainsi la circulation, elle avait été victime d’une sortie de piste sans grand dégâts, alors qu’elle faisait partie du cortège ministériel. A son retour à Yaoundé, elle a organisé une grande messe pour dire merci à Dieu et surtout au chef de l’Etat. Un chef de l’Etat et son épouse qu’elle mange à toutes les sauces comme si ceuxci allaient l’aider à sortir de son incompétence. Chantre du « m’as-tu vu ?», Célestine Ketcha Courtes n’avait pas hésité à se donner en spectacle à la suite d’un grave accident survenu à la falaise de Dschang. Elle avait alors procédé à des rites d’exorcisme villageois. « Pour nos malades et nos blessés qui sont à l’hôpital, que Dieu vous réveille. Que ça n’arrive plus jamais au Cameroun, ni ici », avait-elle prophétisé, habillée de ses plus beaux atours.
Qui ne se souvient pas de cette image où Célestine Ketcha Courtès singe le président de la République, à bord d’un véhicule décapotable ? De l’échauffement avant que la reine ne présente sa candidature comme il se murmure dans certains milieux d’affaires français. De l’esbroufe grandeur nature tout simplement. En tout cas, Célestine Ketcha Courtès n’a jamais cessé de surprendre. Sa dernière sortie de piste et sans doute pas la dernière, c’est cette escapade qu’elle s’est autorisée récemment à l’ambassade de France au Cameroun où elle s’est souvenue de ses instincts de base de mannequin. Elle a ainsi participé à un défilé de mode d’un autre genre. Pour quel but ? Pour quel dessein ? Et avec l’autorisation de qui ? En tout cas Célestine Ketcha Courtès n’a pas cessé de nous surprendre.