Le lanceur d'alerte affirme sans preuve que l'ancien directeur général des médias du Groupe L'Anecdote aurait « livré » son patron alors qu'il serait lui-même l'instigateur du drame. Des accusations explosives qui relancent les interrogations sur le dossier.
Dans une sortie aussi fracassante que controversée, le lanceur d'alerte Paul Chouta vient de lancer de graves accusations contre Bruno Bidjang dans l'affaire de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. Selon Chouta, l'ancien directeur général des médias du Groupe L'Anecdote aurait « livré » Jean Pierre Amougou Belinga aux autorités judiciaires, alors que ce serait lui-même qui aurait conseillé au « Zomlo » de massacrer le journaliste.
« Bruno Bidjang a livré Amougou Belinga dans l'affaire Martinez Zogo pourtant c'est lui qui avait conseillé au Zomlo de massacrer Martinez Zogo. Allez savoir pourquoi il est en liberté », a lancé Paul Chouta dans une déclaration qui soulève autant de questions qu'elle n'apporte de réponses.
Il faut cependant souligner que le lanceur d'alerte n'a apporté aucune preuve matérielle pour étayer ses allégations. Aucun document, aucun enregistrement, aucun témoignage corroborant n'accompagne ces accusations qui pourraient pourtant bouleverser complètement la compréhension de cette affaire judiciaire sensible.
L'une des questions soulevées par Paul Chouta concerne effectivement la situation judiciaire contrastée des deux hommes. Alors qu'Amougou Belinga reste en détention provisoire depuis plusieurs mois, Bruno Bidjang demeure libre. Cette différence de traitement alimente naturellement les spéculations sur un éventuel deal judiciaire ou une coopération avec les autorités.
Dans l'affaire Martinez Zogo, plusieurs personnes sont poursuivies pour leur implication présumée dans l'enlèvement, la torture et l'assassinat du journaliste survenu en janvier 2023. Le dossier reste extrêmement sensible, mettant en cause des personnalités influentes du monde des affaires et des médias camerounais.
Ces accusations interviennent dans un contexte particulièrement tendu entre Bruno Bidjang et son ancien patron. Après avoir annoncé sa démission du Groupe L'Anecdote après quinze ans de service, l'ancien directeur général des médias vient d'apprendre qu'Amougou Belinga a demandé à Me Tchoungang de se déconstituer de sa défense dans le dossier Martinez Zogo.
Ce divorce judiciaire et professionnel consommé alimente les théories selon lesquelles Bruno Bidjang aurait pu négocier sa liberté en échange d'informations compromettantes sur son ancien patron. Toutefois, en l'absence de preuves concrètes, ces hypothèses relèvent pour l'instant de la spéculation.
La thèse du « conseiller de l'ombre »
L'accusation la plus grave portée par Paul Chouta concerne le rôle présumé de Bruno Bidjang dans la décision d'éliminer Martinez Zogo. Selon le lanceur d'alerte, loin d'être une simple victime collatérale ou un exécutant, Bruno Bidjang aurait été celui qui a suggéré à Amougou Belinga, surnommé le « Zomlo », de passer à l'acte contre le journaliste d'Amplitude FM.
Si ces allégations s'avéraient exactes, elles bouleverseraient complètement la hiérarchie des responsabilités dans cette affaire. Bruno Bidjang passerait du statut de complice présumé à celui d'instigateur principal, tandis qu'Amougou Belinga apparaîtrait davantage comme quelqu'un ayant suivi un conseil funeste.
Plusieurs questions demeurent sans réponse dans cette affaire :
Pourquoi Bruno Bidjang est-il effectivement en liberté alors que d'autres protagonistes sont incarcérés ? A-t-il bénéficié d'un traitement de faveur ou existe-t-il des éléments à décharge en sa faveur que le public ignore ? A-t-il coopéré avec la justice en échange de sa liberté provisoire ?
De son côté, Paul Chouta, connu pour ses révélations sur diverses affaires de corruption et de malversations au Cameroun, devra étayer ses accusations s'il souhaite être pris au sérieux par la justice et l'opinion publique. La simple affirmation, aussi grave soit-elle, ne suffit pas à établir la culpabilité d'un individu.
L'assassinat de Martinez Zogo continue de susciter l'émoi au Cameroun et au-delà. Le journaliste avait fait de la dénonciation de la corruption et des détournements de fonds publics son cheval de bataille. Son élimination brutale a été perçue comme une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit à l'information.