Dans une interview accordée à Cameroon Tribune en kiosque ce jeudi 23 novembre 2017, le président de la Commission nationale anti-corruption restitue le contexte de la campagne de sensibilisation contre la corruption qui se déroule actuellement dans les campus universitaires.
Que visez-vous en incitant à l’implantation des clubs d’intégrité dans les universités ?
Relevons d’abord que le domaine éducatif est le domaine le plus important et le plus sensible chez tous les peuples du monde. Il faut apprendre à l’enfant et lui montrer le chemin à suivre et dès qu’il deviendra grand, il ne s’en détournera plus. Si on apprend à l’enfant dès le départ que ce qui ne lui appartient pas, il ne doit pas le prendre, alors il comprendra que la chose publique n’est pas une chose privée. Et on apprendra donc à mériter un diplôme, une promotion ou un poste de responsabilité. Les universités sont donc pour la Conac, le laboratoire de la formation de l’individu sur le plan du savoir et du savoir-être. Nous faisons recours aux étudiants et universitaires qui seront demain des décideurs. Les clubs d’intégrité seront des cercles de réflexion et d’édification qui feront en sorte que le futur décideur soit intègre à partir de sa propre personne et à partir des actes qu’il pose.
Quels sont les moyens que vous mettez à la disposition de ces structures pour jouer leur rôle ?
Nous avons remis des documents de travail au club intégrité de l’université de Yaoundé I qui vont leur permettre de mieux s’organiser. Entre autres, le condensé des lois relatives à la corruption, le document du programme national d’éducation à l’intégrité, les rapports sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun. Il faut bien comprendre que nous ne voulons pas que la Conac soit l’unité exclusive de la lutte contre la corruption au Cameroun. Nous voulons que les citoyens, surtout les plus jeunes s’impliquent. Je suis d’ailleurs très heureux que le recteur de l’université de Yaoundé I se soit engagé à soutenir le club d’intégrité de son institution qui existe déjà.
Quel est le dispositif pour sécuriser ceux qui vont dénoncer ce fléau dans les campus ?
Dans le recueil des textes remis, il y a notamment le nouveau Code pénal où il est traité de la lutte contre la corruption et de la protection des dénonciateurs. Il y a la possibilité de faire des dénonciations anonymes. Tout comme on peut saisir le président de la Conac directement en déposant sa dénonciation au siège de la Conac. Des lignes de téléphone ont aussi été communiquées ainsi qu’une adresse de courrier électronique. Je pense aussi que si les responsables de haut niveau prennent au sérieux le problème de la rigueur et de la moralisation dont parle le chef de l’État, le président Paul Biya, ces responsables relayeront de bonnes pratiques. Si les institutions assument leurs responsabilités par rapport à la lutte contre la corruption, beaucoup de tares vont disparaitre, les pertes financières, les lenteurs dans les traitements des dossiers, dans la publication des résultats ou la promotion au sein de la communauté universitaire…