Sa parole est aussi rare que ses apparitions publiques. Pourtant Laurent Esso a accepté se confier à l’hebdomadaire L’Anecdote du lundi 21 septembre 2015. Une sortie du ministre de la justice qui intervient alors que des ONG (la Commission des Droits de l’homme, Amnesty international) ont publié récemment des rapports dans lesquels elles déplorent les conditions de vie dans les prisons camerounaises.
Cette interview du Garde des Sceaux au sortir de la réunion des chefs des Cours d’appel du pays, sonne ainsi comme une réponse de celui qui a désormais en charge l’administration pénitentiaire. «Pour les personnes détenues à titre provisoire, l’Administration pénitentiaire, chaque fois qu’elles requièrent, prend des dispositions pour les présenter devant le juge d’instruction ou devant la juridiction qui connaît l’affaire », indique l’ancien Secrétaire Général de la Présidence de la Republique.
Laurent Esso va même plus loin : « Il n’y a pas violation des droits de détenus qui reçoivent régulièrement les visites de leurs avocats, des membres de leurs familles, ainsi que des personnels de santé dont dispose l’Administration pénitentiaire », soutient-il, en faisant remarquer que des instructions ont été données pour amener devant le médecin, tout prisonnier malade.
Sans nier le problème de surpopulation carcérale, l’ancien ministre de la Santé laisse entendre que « la surpopulation carcérale n’est pas en soi une violation des droits. Il y a surpopulation carcérale parce que la capacité d’accueil des prisons est insuffisante ». Il ajoute « les conditions de détention, notamment dans les prisons des grandes villes sont difficiles. Mais ce n’est pas une spécificité du Cameroun », se défend M. Esso qui aurait souhaité que les ONG sus mentionnées s’attardèrent aussi sur les avancées du Cameroun en matière d’univers carcéral.
Dans son entretien, le ministre énonce des propositions issues de la réunion des chefs des Cours d’appel afin de désengorger progressivement les prisons. On peut entre autres citer: la relecture de certaines dispositions du Code de procédure pénale génératrices des lenteurs judiciaires, la réappropriation par les magistrats des dispositions dudit code favorables à la liberté des mis en cause en cours de procès, et éventuellement au bout du compte, le prononcé des peines privatives de liberté avec sursis etc.