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Il y a un an, le ciel tombait sur la tête de Martin Camus Mimb

Le journaliste s'est retrouvé au coeur d'un gros scandale sexuel

Fri, 17 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

Avant le 17 juin 2021, tout souriait pour le journaliste sportif et patron de presse Martin Camus Mimb. La promotion internationale de son livre « Débout » connait un véritable succès. Le Directeur de RSI défilait sur plusieurs plateaux de télévision et beaucoup de ses compatriotes le comptait déjà parmi les commentateurs vedettes de la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Total Energies Cameroun 2021) que son pays organisait.

Rien ne se passera comme prévu. Martin Camus Mimb va se retrouver au cœur d’un gros scandale sexuel. Le journaliste n’avait pas que la diffusion des matchs de football comme passion. Mimb et son ami Wilfrid Eteki ont des tendances perverses qu’il assouvissent à volonté dans le bureau journaliste. Une fuite des pratiques sexuelles de Mimb va choquer l’opinion nationale et internationale. Entre mensonges, aveux, prison et condamnation, le journaliste va vivre des moments difficiles. Aujourd’hui libre, sa voix porte peu. Il consacre d’ailleurs une partie de son temps à l’adoration de Dieu. Retour sur l’aventure de l’homme.

Au Cameroun, l’homme n’est plus à présenter. Martin Camus Mimb de son vrai nom Martin Fleur Mimb Hiol fait partie de la crème des journalistes sportifs du continent. Les millions de téléspectateurs qui ont suivi la phase finale de la coupe du monde 2010 et 2014 sur Canal+ ont surement écouté ses commentaires. Et pourtant la nature n’a pas été clémente avec le patron de la station de radio (Radi Sport Info).

A un an et demi, la vie de Martin Camus Mimb bascule. Le petit garçon atteint de la poliomyélite est devenu un handicapé moteur. Entre les regards moqueurs des uns et les discriminations des autres, Mimb ne s’est pas laissé abattre. Il se rappelle des nombres fois qu’il chutait en voulant monter les marches des escaliers de son école. Martin Camus Mimb sait qu’il pouvait compter sur sa famille.

« J'ai eu la chance d'être avec des parents qui m'ont très bien encadré et qui m'ont donné l'amour qu'il fallait. Généralement ce sont les parents qui ont honte des enfants. Mes parents n'ont jamais été comme cela avec moi. Je tire d'abord ma confiance de là », confie-t-il.

La passion pour le journalisme

Inscrit au lycée bilingue d'Edéa, Martin Camus Mimb intègre le club journal de l’école et prend la présidence. Il se consacre entièrement à cette association scolaire au point de mettre en veilleuses ses cours. Il rate une première fois le baccalauréat. L’année suivante, son père l’inscrit au Lycée classique d’Edea. Il rejoint encore le club journal de son nouvel établissement mais parvient cette fois-ci à obtenir son baccalauréat avec mention « Assez bien ».

Le journalisme, Marin Camus Mimb, l’apprend dans un premier temps sur le tas. Il s’inspire de son mentor Victor Minka, journaliste et fonctionnaire à Edéa qui lui apprend les rudiments du métier. Mimb était passionné par les commentaires des matchs de football. Il s’inscrit à la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Douala où il décroche une licence en communication. Martin se consacre désormais à sa passion tout en suivant des cours à distance dans le journalisme.

Tour à tour, Martin Camus Mimb a travaillé pour la presse écrite Djkalo à Douala en 1998, la radio Equinoxe en 2002 puis la télévision STV en 2008. Malgré son handicap, Martin ne s’est jamais plaint. Il se rappelle des efforts surnaturels qu’il faisait chaque jour pour se rendre dans le studio de Radio d’Equinoxe qui se trouvait au dernier étage de l’immeuble.

« Rien ne peut me décourager dans cette vie. Quand, à l’âge d’un an et demi on a été frappé par la poliomyélite et qu’on est obligé de traîner un handicap toute sa vie on n’attend pas qu’on vienne vous porter sur la tête pour vous balader partout. Tout le monde ne va pas se battre. Il y a des êtres extraordinaires qui se battent peut-être comme moi. Et d’autres qu’on doit pouvoir accompagner », explique-t-il.

Les heures de gloires

En 2010, Martin Camus Mimb a réalisé l’un des plus grands rêves de tout journaliste sportif ; couvrir la coupe du monde pour une chaîne internationale. Formé par les équipes de Canal+ et CFI, Mimb alors âgé de 40 ans commente pour la première fois une coupe du monde. C’était en Afrique du Sud. Il réédite l’exploit quatre ans plus tard lors de la coupe du monde en Brésil. L’homme est au sommet de sa gloire.

« Cela représente la reconnaissance. Cela représente le couronnement de ma jeune carrière. Tout ce que j’ai eu à avoir aujourd’hui en plus de ce que j’ai eu à faire depuis, je l’ai eu parce que, au moins en mondovision, les gens ont pu apprécier ce que j’étais capable de faire. La tribune était idéale et elle m’a permis de montrer ce que je savais faire. Les mêmes choses je les faisais depuis à Equinoxe, dans d’autres médias, mais ça c’était une tribune idéale pour parler à toute l’Afrique. Et je crois que mon ambition dès le départ était d’être sur le toit de l’Afrique dans le couloir que j’ai choisi », a-t-il déclaré.

Martin Camus Mimb entretient des relations amicales avec l’ancien international camerounais Samuel Eto’o et plusieurs personnalités du football mondial. Il décide d’être son propre employeur et lance Radio Sport Info (RSI) sa station radio. Durant sa carrière, Mimb a glané plusieurs distinctions. Le 20 mai 2017, le président camerounais Paul Biya a reconnu les mérites du journaliste et le fait « Chevalier de l’ordre de la Valeur ». Il reçut ses distinctions des mains du gouverneur de la région du Littoral.

« J’estime que si je n’ai rien demandé mais qu’on reconnaît que je fais bien dans un secteur ou dans un domaine, pour moi c’est quelque chose d’agréable. J’étais content. Je ne peux pas bouder mon plaisir de recevoir les distinctions », se rappelle-t-i. L’homme nage dans le bonheur aux côtés de sa femme et ses 5 enfants.

En 2021, il publie « Débout », le livre dans lequel il raconte son parcourt et donne de l’espoir aux personnes vivant en situation de handicap. Camus Mimb ignorait que sa vie allait une fois encore basculer.

La chute

Début juin 2021, les Camerounais ont été choqués de voir sur les réseaux, une vidéo à caractère pornographique tournée dans le bureau de Camus Mimb. Le journaliste sort un communiqué dans lequel il dit être victime d’un complot orchestré par des individus qui veulent porter atteinte à son honorabilité. Il explique aux internautes qu’un couple qu’il ne connaissait pas a profité de son absence pour faire l’amour dans son bureau.

Les arguments du journaliste n’ont pas convaincu les Camerounais. D’autres victimes de Mimb saisissent l’occasion et racontent les abus et tentatives d’abus sexuels dont elles ont été victimes. Les jours passent, les preuves contre Mimb s’entassent. Le 20 juin 2021, Wilfrid Eteki, chef traditionnel et ami de Mimb sort du silence et avoue être l’homme dans la vidéo. Les Camerounais sont choqués. Martin Camus Mimb a menti. Il connaissait bien l’homme dans la vidéo. D’autres sources révèlent qu’ils font tous partie d’un groupe de pervers où ils s’échangent les nudités de leurs conquêtes.

Les personnalités publiques qui ont soutenu le journaliste au début de l’affaire, lui retire leur soutien un à un. Tous demandent à Camus Mimb de présenter des excuses publiques à la véritable victime, une certaine Malicka. La maison d’édition qui a édité le livre du journaliste sort un communiqué le 21 juin 2021 annonçant la cessation de la promotion et la commercialisation de l’œuvre. Des avocats et défenseurs des droits de l’homme se sont constitués en collectif et annoncent des poursuites judiciaires contre le journaliste.

Source: www.camerounweb.com