Immigration clandestine : 6000 Camerounais ont quitté le pays, les chiffres incroyables publiés

Entre 2017 et 2022, plus de 6000 Camerounais ont pris les chemins de l’aventure pour la recherche d’une meilleure vie. Le gouvernement et l’Agence des Nations -Unies pour les migrations optent pour la sensibilisation contre les migrations irrégulières.

Elias, 19 ans, titulaire d’un baccalauréat est parti de son pays à l’âge de 18 ans. Thomas 24 ans, footballeur professionnel, tous deux ont risqué leur vie pour un rêve : rejoindre la France à tous les prix. Leur aventure commence en 2010 lorsque les deux jeunes décident de quitter le Cameroun en passant par Le Tchad où ils se sont rencontrés. Une longue avancée de trois ans pour enfin échouer à Mourzouq, une ville Libyenne.

Depuis l’assassinat de l’ex-président libyen Mohamar Kadhafi en 2011, la ville de Mourzouq est devenue un centre d’accueil pour les milliers des migrants qui désirent aller en Europe. Etant dans cette ville et n’ayant pas des moyens pour poursuivre leur aventure Elias et Thomas sont devenus les maçons, question pour eux de se faire un peu d’argent pour mieux poursuivre leur périple. Quittant le Cameroun pour la France, Thomas compte devenir un grand footballeur comme il l’était dans son pays avant de se lancer en aventure : « J’ai joué en première division dans mon pays. Il fallait à tout prix trouver un moyen pour sortir du pays afin de m’assurer d’une bonne carrière sur le plan international », explique Elie Son ami Elias nourrit une passion de devenir un grand acteur du show biz.

Après son baccalauréat, ce jeune a fait un stage dans une entreprise camerounaise, puis il a eu l’envie d’aller poursuivre son rêve en France : « je vois souvent la France à la télévision, je vois les grands immeubles, les champs Elysées, les gens sont libres, ils s’expriment comme ils veulent, ils se promènent comme ils veulent. Il y a du travail, bref tout ce dont j’ai besoin se trouve en France. Après deux années passées à Mourzouq leur seule fortune se résume en une seule petite valise qu’ils se partagent à deux. Au moment de poursuivre leur périple, ils doivent franchir 3500 km d’abord le désert, et surtout la mer méditerranéenne qu’ils vont traverser à l’aide d’un bateau de fortune.

Pour atteindre Paris, ces deux jeunes ont subi en chemin, toute sorte de maltraitance de la part des passeurs, des vols et plusieurs formes d’escroquerie. Ce récit a été dévoilé à une assistance composée des jeunes étudiants et des associations des migrants. La projection se passe ce 14 décembre 2022 à l’Institut Français de Yaoundé. C’était au cours d’une projection cinématographique qui entre dans le cadre de la célébration de la journée internationale du migrant. Cette projection cinématographique a réveillé les tristes souvenirs chez Maurice Mpele, un ancien migrant rapatrié en 2017 de la Lybie. Ce jeune de 34 ans avait décidé de quitter sa famille en 2015 pour rejoindre n’importe quel pays d’Europe.

« Je vivais dans mon pays lorsque mon entourage a commencé à mettre la pression sur moi pour quitter le pays. Ma famille me disait que je devrais copier l’exemple d’un ami qui avait pris l’aventure pour rejoindre l’Espagne. Un matin je me décide de me mettre en route avec une somme d’un million huit cent mille. Finalement mon argent est terminé lorsque je me trouvais dans un désert au Niger. Je me suis retrouvé en train de manger du sable pour survivre. J’ai bu des urines deux fois parce qu’il n’y avait pas d’eau et finalement j’ai été récupéré par la police qui avait mené les démarches pour que je puisse rentrer dans mon pays. Lorsque je passais au désert, je traversais les cadavres. Nous étions un groupe dix personnes malheureusement nous avons perdu deux frères en route », témoigne Maurice.

Après son retour au pays, le jeune homme a bénéficié deux ans après d’un financement de 530.000Fcfa du ministère de la Jeunesse et de l’éducation Civique. Avec cet agent, il également sollicité l’aide de sa famille pour ouvrir un petit restaurant. Selon l’Agence des nations-Unies pour les Migrations (Oim), plus de 2017 à 2022, plus de 6000 qui tentaient une aventure vers l’Europe ont finalement échoué avant d’être rapatriés au Cameroun. Ces jeunes pour la plupart ont quitté leurs pays pour la quête d’un meilleur avenir mais ignoraient les risques auxquels ils s’exposaient.

Ce 18 décembre 2022 était jour de célébration de la journée mondiale du migrant. Le thème choisi au Cameroun était : « La migration camerounaise pour le bien-être et le développement ». L’objectif visé par la projection d’un film est de mieux comprendre le parcours migratoire et d’identifier des solutions pour lutter contre la migration irrégulière. Il est question d’informer les jeunes sur la problématique migratoire au Cameroun, les sensibiliser sur les dangers de la migration irrégulière et discuter sur les politiques mises en place par le gouvernement pour lutter contre ce phénomène.

Selon les statistiques de l’Oim, ces trois dernières années 3300 hommes, femmes et enfants en route vers l’aventure ont péri en pleine mer aux Iles de Lampedusa en Italie l’une des portes d’entrée vers l’Europe. Depuis 2010, ils sont 10 mille à avoir voulu traverser la méditerranée à travers les bateaux de fortune pour atteindre l’Europe.