Les souscripteurs avaient payé de fortes sommes d’argent à une entreprise américaine managée au Cameroun par Mme Soppo Ngallè. Huit ans plus tard, cette entreprise reste sans nouvelles.
Sur le site de construction de ce chantier qui devait abriter de nombreux logement haut standing, une plaque indique que ce domaine est litigieux. Paradoxe, certains logements y sont en chantier, « sans que l’on sache pourquoi», s’emporte Joël Mbappè, le vice-président du collectif des victimes.
Pourtant, apprend-on, huit ans après avoir versé de fortes sommes d’argent, caracolant à 26 millions de Fcfa pour certains et à 46 millions de Fcfa pour d’autres, tous, dans l’espoir d’acquérir un logement, aucun des souscripteurs n’a eu droit à son logement. La directrice générale de la SouthWest International Corporation and Construction (Sicc), Mme Soppo Ngallè a été entendue par les services judiciaires compétents. Elle est même frappée d’une interdiction de sortir du territoire. Des réunions tripartites ont été organisées sous la houlette du ministère de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu).
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Ces concertations ont débouché sur une batterie de recommandations, avec un chronogramme d’implémentation bien précis, mais les délais qui étaient impartis sont écoulés. Sans apporter la moindre satisfaction aux 127 victimes recensées par le collectif. Le 30 juin dernier donc, ce regroupement de personnes est monté au créneau. Car le nombre de clients qui ont jusque-là été partiellement remboursées ne dépasse pas 5, sur 127, souligne Donatien Mawel, porte-parole du collectif.
Entre temps, le Minduh a donné des instructions fermes que les autorités judicaires, se plaignent les souscripteurs, tardent à exécuter. Pour Me Teghet Hott, avocat des victimes, «cette situation doit être considérée comme une crise morale et économique, pouvant s’étendre à d’autres milieux, de façon inattendue».
Justice et tyrannie
Face à la stagnation des procédures judiciaires en cours, ainsi qu’aux décisions déjà rendues en faveur de certaines victimes, mais pas appliquées, l’homme de droit convoque le philosophe Blaise Pascal: «la justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique». C’est dire dans cette affaire que la justice devrait peut-être dépasser le paradigme énigmatique du fameux «temps de la justice, qui prend son temps». Selo les 127 personnes qui attendent réparation et qui étaient face à la presse le 30 juin, le Crédit foncier (Cfc), dépositaire des fonds, prétend avoir remis le montant des prêts à la Sicc qui à son tour refuse de restituer les fonds reçus par le Cfc.
«Devant nos démarches insistantes, des langues se sont déliées en interne, pour faire état de ce que les avis concernant le projet à l’époque n’étaient pas unanimes, mais que l’accord aurait été ‘’poussé’’ par la hiérarchie de l’institution, comprenant semble-t-il, des parents de la directrice générale de la Sicc, Brigitte Soppo Ngallè», révèle le collectif L’espoir d’offrir un toit décent à leurs familles s’étend envolé, les victimes espèrent néanmoins que leur préjudice sera réparé. «Il reste au moins dans la société Sicc, désormais en proie à des difficultés financières, un actif de valeur qu’est le terrain de 7 ha environ, sur lequel la cité devait être construite», font-ils savoir.
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Les déboires de ces Camerounais spoliés commencent en 2010. La Sicc, branche camerounaise d’une firme présentée comme un groupe américain lance ses activités au Cameroun. L’entreprise, revendique «40 ans d’expérience» dans le développement immobilier. Elle propose de construire à Douala, une cité d’habitations «haut standing», et choisit pour site de son projet, Yassa, par Mbanga-Bakoko, au lieu-dit Grande Trame. Sur un terrain objet du titre foncier N°46372/W. Trois types de logements sont proposés, pour un prix compris entre 26 et 47 millions de Fcfa, sans compter les frais de souscription et autres.
Des clients souscrivent après avoir, selon les termes du contrat, versé au moins 10 % de la valeur du logement sollicité au CFC, pour certains d’entre eux, et directement à la Sicc, pour d’autres. Le contrat prévoyait également que la maison soit livrée au bout de quatre mois, et quelques mois après, le propriétaire devait commencer les remboursements.