Inès est une jeune adolescente de 15 ans, qui habite le quartier Emana Search Emana de Yaoundé. Elle a arrêté ses études « par ce qu’elle est une fille ».
Deuxième d’une famille de trois (3) enfants, Inès a arrêté ses études après la mort de son géniteur, il y a cinq (5) ans. Faute de revenus conséquents, la maman d’Inès a privilégié la scolarité de ses deux garçons, au détriment de sa fille.
Inès explique que son géniteur qui était la seule source de revenus de la famille, est décédé après trois jours de forte fièvre en 2011. Elle n’avait que dix (10) ans et était élève à l’école publique d’Emana au CM2.
Titulaire d’un CEPE, Inès a sacrifié son avenir. Elle vend des arachides bouillies sur un plateau. Elle cumule une petite expérience de cinq années dans la vente de ce produit. Son revenu journalier oscille entre 3000 et 3500 FCFA (entre 4.60 et 5.37 euros par jour).
Les revenus qu’elle tire de la vente d’arachides permettent à Inès d’aider sa maman à subvenir aux charges de la famille. Grâce à l’argent qu’elle gagne de ce petit commerce, Inès contribue à la scolarité de ses frères, dont l’aîné entre en classe de seconde et le dernier, est en classe de 4e.
A longueur de journées, la jeune vendeuse d’arachides arpente les quartiers Emana, Messassi, et Olembé. Inès dit subir le harcèlement sexuel et parfois, des attouchements dans les rues. Les regards d’hommes matures à la recherche de la chair fraîche, se posent sur elle avec envie, précise-t-elle.
« Par ce que je suis une fille »
Comme Inès, de nombreuses filles au Cameroun, sont exploitées par des adultes égoïstes qui les envoient dans la rue à la recherche de l’argent. Ils les exposent par ce fait à tous genres de risques. Viols. Harcèlements. Enlèvements. Grossesses précoces. Mariages forcés et à toutes les autres formes de violences basées sur le genre.
C’est pour tenter de venir à bout de ce phénomène, et protéger la jeune fille que l’ONG Plan International Cameroun, a lancé le mouvement « BIAAG »,- Because I am a girl-, traduction (Par ce que je suis une fille).
A travers ce nouveau programme, les responsables de l’ONG entendent appeler les pouvoirs publics, l’ensemble de la communauté et toute personne qui a un enfant, à « ouvrir les yeux sur les droits de la jeune fille ».
Le Cameroun, a certes fait des avancées sur la protection des droits de la jeune fille.
Notamment la signature des conventions internationales et les dispositions du nouveau code pénal qui punissent, les viols, le harcèlement, les auteurs des grossesses précoces et des mariages forcés et toutes les autres formes de violences basées sur le genre.
Dans la pratique, ces engagements se heurtent au poids des traditions et de la culture.