Inondations : Les populations de Logone et Chari sont dans le désarroi

Inondation Degats Cameroun Le gouvernement reste muet face aux cris de détresse des habitants .

Mon, 28 Oct 2024 Source: Le Jour

Face à la montée des eaux du fleuve Logone, plusieurs points de la digue du fleuve Logone ont cédé. Le gouvernement reste muet face aux cris de détresse des habitants .

C’est une semaine pénible qui commence pour les populations du Logone et Chari, dans la région de l’Extrême-Nord. En cause les inondations qui font ravage dans ce département depuis plusieurs semaines. Le niveau du fleuve Logone et Chari bat des records. Il se situe désormais à 8,47 mètres et continue de monter chaque jour de trois centimètres selon la Direction des Ressources en Eau du Tchad. Vendredi dernier, plusieurs points de la digue du Logone ont cédé inondant plusieurs quartiers de la ville de Kousséri.

Les quartiers Laka, Madagascar et Madana sont complètement inondés. Selon le bilan encore provisoire du comité départemental de la Croix rouge du Logone et Chari, près de 700 maisons ont été détruit dans la seule ville de Kousséri. Écoles, mosquées, églises et autres lieux publics quartier Laka sont sous les eaux. « La digue a cédé et l’eau a inondé tout le quartier jusqu’à la grande mosquée. L’école et les commerces au niveau du pont Ngueli sont aussi submergés. La situation est grave. Malgré que des sacs de sables aient été posés, l’eau coule sous la digue. Nous avons peur ici, de ce qui peut arriver dans les prochains jours, les prochaines heures », confie Mahamat Tori, un notable au sultanat de Kousséri et habitant le quartier Laka. Au quartier Madagascar, les eaux ont couvert le quartier jusqu’au niveau du Lycée Mixte de Kousséri. Dans une vidéo-amateur tournée par un habitant de la localité de Maltam, le pont reliant Kousséri à Goulfey est submergé par les eaux du fleuve Logone.

« C’est la catastrophe ici, regardez le niveau d’eau. Le pont est invisible. Venez nous aider, l’eau est entrain de tout détruire ici », lance l’auteur de la vidéo, Ahmat Issaka, un commerçant de Maltam. La route entre Kousséri et le Logone-Birni est hors d’usage depuis vendredi dernier. Les autorités administratives du Logone et Chari, ainsi que les forces vives du département ont lancé un appel à la solidarité pour venir en aide aux populations sinistrées. Le Préfet du Logone et Chari a instruit l’évacuation des femmes, enfants et vieillards en urgence et ce, vers des sites de recasement. Le préfet a annoncé la mise en place d'un comité de crise pour coordonner les actions de secours et de reconstruction.

A Zina, à côté de la montée des eaux du Logone, les pluies diluviennes continuent à s’abattre sur cette unité administrative. Il est impossible de sortir de cette localité, sauf à bord des hors-bords qui parfois sont attaqués par les hippopotames. D’où l’urgence d’une intervention rapide du gouvernement pour venir en aide aux populations. Idem pour Logone-Birni, qui est désormais inaccessible par la route. Selon les explications du préfet du Logone et Chari, il faut en urgence rétablir cette route qui est coupé sur une distance de 2km. Pour cela, il faut des sacs vides, du sable et de la main d’œuvre.

« J’ai laissé sur place 400 sacs vides comme soutien personnel. Je demande aux forces vives et âmes de bonne volonté de se manifester », a insisté l’autorité administrative. Le préfet du Logone et Chari, ainsi que les autorités administratives et municipales ont tous perdu le sommeil. Sans réelle solution pour les populations, elles rassurent par des mots de compassion, d’encouragement. « Nous avons déjà saisi la haute hiérarchie. Nous sommes mobilisés avec et autour des populations qui sont comme le préfet avec un pied dans l’eau. Ce que je peux ajouter c’est un appel à la solidarité en faveur des populations du Logone et Chari. Nous vivons à cause de dame nature, une situation très difficile », a confié Mathias Fombelé Tayem, le préfet du département du Logone et Chari. Ces inondations ont forcé des milliers de personnes à se réinstaller en hauteur sur des sites spontanés et dans une précarité totale avec des mauvaises conditions d’hygiène faisant courir le risque d’épidémies telles que le choléra.

« Certaines infrastructures comme les ponts et les digues ont déjà cédé ce qui va générer des déplacements massifs de populations. Les besoins prioritaires sont les vivres, les abris et articles ménagers essentiels ainsi que l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement. La mobilisation générale de la communauté humanitaire et des bailleurs de fonds est vitale, l’urgence est là », appelle Pascal Maillard, directeur pays d’Action contre la faim au Cameroun. Dans le Logone et Chari, Action contre la faim a déclenché un mécanisme de réponse d’urgence pour fournir une aide appropriée tout en respectant la dignité des populations sinistrées.

Cette intervention s’est déroulée les 19, 20 et 21 octobre 2024 dans les localités de Ardebe, Wayawaya, Dougoumachi, Blabine et Blangoua Bâche et se poursuivra les jours prochains dans les communautés de Kousséri, avec la distribution des kits EAH; et le déploiement des cliniques mobiles pour améliorer l’accès des populations aux soins de santé primaires. Au total, 670 kits ont été distribués pour soutenir 5985 personnes. Chaque kit comprend : une boîte de 50 comprimés d’aqua tab, un porte-savon en plastique perforé, un pot de défécation pour enfant d’un an avec couvercle et dossier, un seau de 20 litres avec couvercle et manche, un bidon de 20 litres avec couvercle et manche, six savons de ménage en morceaux de 400 g et deux gobelets en matière plastique (1000 et 500 ml).

Source: Le Jour