Inondations: les populations entre désarroi, calvaire et inquiétude

Inondation Limbé5 Il faut ajouter à ce tableau sombre des événements malheureux dans la ville de Douala

Mon, 30 Jul 2018 Source: Detective nº 1053

Au propre comme au figuré, la météo n’est pas bonne. Les images étaient insoutenables la semaine dernière dans certaines villes du Cameroun, où une forte pluviométrie a été enregistrée, avec des dégâts matériels et humains lourds. En effet, la circulation a été fortement perturbée à Douala par exemple du moins jusqu’au week-end dernier depuis le 25 juillet 2018, sur la route nationale N° 3, reliant Yaoundé à la capitale économique.

Précisément à la sortie Est de la ville de Douala, au lieu-dit Cogefar, suite à la rupture d’une buse métallique sur un ouvrage de franchissement, entre la station Tradex Boko et le stratégique carrefour Yassa. Un communiqué du ministère des Travaux publics précise qu’«en raison d’une pluviométrie exceptionnelle, la batterie de buses a perdu une partie de son bloc technique avec pour conséquence, l’effondrement d’une des plaques de béton antérieurement posée pour renforcer l’ouvrage», lit-on dans le document signé d’Armand Ndjodom, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics chargé des routes.

LIRE AUSSI: Maroua: un enfant de 8 ans mort suite aux pluies diluviennes

Seuls les conducteurs de motos-taxis et les piétons se faufilent avec difficulté sur le bout de chaussée encore viable à Cogefar. Les véhicules de l’axe Douala-Yaoundé sont obligés d’emprunter une voie de contournement par Nyalla, pour rallier Ndokoti. Un véritable calvaire pour de nombreuses populations qui ont été parfois obligées de débourser des sommes folles (entre 2000 et 5000 F CFA) pour rallier le carrefour Ndokoti, en partant du stade de Japoma en construction.

Les moins nantis étaient soumis à un exercice pédestre forcé, sous une pluie battante ayant fait des morts à Limbe et immergé de nombreuses habitations dans la cité économique. Camion fou sur la route Le ministre des Travaux publics, arrivé à Douala au lendemain de la rupture de ladite buse, a prescrit l’interruption momentanée de la circulation sur cet axe devenu difficilement praticable, et avec déviation sur des itinéraires secondaires. Emmanuel Nganou Djoumessi a en outre instruit la mobilisation de l’entreprise retenue pour finaliser les travaux préalablement commandés pour l’aménagement d’une déviation appropriée en lien avec le remplacement programmé du dalot endommagé.

Les équipes de Razel sont encore à pied d’œuvre pour rétablir la circulation sur cet axe routier, qui mène droit au stade de Japoma, en chantier pour la CAN 2019. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faudra mettre les bouchées doubles pour rétablir la circulation, à quelques jours de l’arrivée des émissaires de la CAF – du 4 au 10 août 2018 - dans le cadre de leur troisième mission d’évaluation des chantiers devant abriter la plus grande compétition africaine du football.

LIRE AUSSI: Inondations: plus de 700 domiciles engloutis à Maroua 1er

Aussi, les fortes pluies qui s’abattent à Douala pourraient-elles provoquer l’interruption des travaux dans les chantiers de la CAN à Douala, où l’état de la voirie reste sérieusement déradé sur l’axe Ndokoti Nyalla Château. Pas moyen pour les véhicules de circuler aisément sur cette route qui mène au stade de Japoma.

Le spectacle à ce niveau est désolent, et les populations ne cachent pas leur désarroi face aux nids de poule béants et profonds ayant investi la chaussée. Même les pétons ont du mal à circuler. Il faut ajouter à ce tableau sombre des événements malheureux dans la ville de Douala ces derniers jours, le grave accident survenu au niveau du carrefour Yassa, mettant en scène un camion assurément devenu fou, qui a presque tout rasé sur son passage : bus, piétons, moto-taximen, tuant plusieurs personnes sur le champ. Peut-être faudrait-il encore réveiller les dispositions interdisant aux camions lourds de circuler en journée entre Douala-Yaoundé Bafoussam ?

Quelques jours plus tôt, un autre accident grave est survenu non loin de Mbankomo sur l’axe Douala-Yaoundé, avec des corps sans vie sur le macadam. La liste est loin d’être exhaustive, mais des images d’une atrocité dégoutante ont fait malheureusement le tour des réseaux sociaux. A ce carnage routier en l’espace d’une semaine, se greffe la compassion à l’endroit des populations de Limbé, dans la région du Sud-Ouest.

Celles-ci ont été victimes d’un éboulement de terres, qui a détruit pas mal d’habitations, suite à de fortes averses tombées sur cette cité balnéaire. A Garoua, capitale régionale du Nord, les pluies ont également été sans pitié pour les populations, qui s’inquiètent pour les jours à venir, tant la saison des pluies n’est pas encore terminée.

Là aussi, les travaux engagés dans le cadre des chantiers de la CAN 2019 qui ont déjà connu des retards suite aux mouvements d’humeur des employés, risquent de connaître un frein préjudiciable.

Critiques pédagogiques

Côté sociopolitique et sécuritaire, les populations n’ont pas non plus été épargnées des mauvaises nouvelles. Les combats entre l’armée nationale et les rebelles pros sécessionnistes ont fait des victimes, dans une guerre sale guerre dont l’issue demeure incertaine, malgré la convocation d’une «conférence générale des anglophones» les 29 et 30 août 2018 par Christian Cardinal Tumi.

L’événement aura pour but de désigner les personnes qui seront habilitées à parler au nom des populations anglophones au cours d’un éventuel dialogue national sur la crise anglophone, dialogue tant souhaité par les Camerounais. D’autres propositions, pas forcément les plus parfaites, mais concrètes et réalistes, restent attendues, en vue d’une sortie de crise durable.

Inutile donc de verser dans une critique gratuite, mais aller plutôt vers une démarche pédagogique et pragmatique. Pourquoi ne pas par exemple, conjuguer et activer simultanément les leviers militaires et politiques, non sans exclure les velléités radicales de quelques irréductibles de la tolérance zéro dans les deux camps ? Ce qui ne saurait par ailleurs signifier que l’on laisse libre cours aux rebelles armés et milices recrutés par des seigneurs de guerre pour semer la terreur dans les régions anglophones, afin de rendre systématiquement ingouvernable cette partie du pays.

Autant de pistes à prendre en compte à moins de trois mois de l’élection présidentielle.

Source: Detective nº 1053