Ils sont soupçonnés d’être les auteurs de prises d’otages en complicité avec des Mbororos.
Djoldé Kouni, localité rattachée au village Mbang- Foulbé dans l’arrondissement de Ngaoundéré 3e, est un village actuellement fantôme. Les populations de ce village ont trouvé refuge à Ngaoundéré, principalement dans les quartiers Gada-Mbanga, Bamnyanga et Sabongari. Ainsi, plus de 30 familles ont fui les assauts répétitifs des «djarguina», bandits en langue locale.
«Nous avons abandonné tous nos domiciles, les mosquées et autres parce que les preneurs d’otages nous menacent. Pour mon cas particulier, j’ai dû m’enfouir avec ma famille parce mon voisin avait déjà été pris en otage et les Djarguina m’ont dit que le prochain, ce sera moi. Ils ont deux options : soit il te prenne en otage et tu donnes une rançon et tu as la vie sauve, soit tu n’as pas des moyens et ils te tuent», confie un septuagénaire réfugié dans le quartier Sabongari.
Comme lui, la plupart de ces villageois ont rejoint la ville de Ngaoundéré au début du mois de février 2018. Dans des villages voisins de Djoldé Kouni, deux personnes ont été exécutées en 2017, renseignent certains déplacés. Certains de ces éleveurs et agriculteurs, pour ceux qui ont eu à débourser des sommes pour ne pas se faire tuer par les preneurs d’oatges, sont complètement ruinés. Aussi, n’ont ils plus de moyens d’envoyer leurs enfants à l’école et de subvenir aux besoins de leurs familles. Aussi, les populations de Djoldé Kouni ont préféré fuir leur village.
En ce début d’année 2018, un jeune homme d’environ 25 ans et une fille de 14 ans ont été pris en otage. Leurs familles ont dû débourser de l’argent pour les voir libérés. Mais ceux-ci sont revenus avec des pieds enflés, confie un habitant de Mbang-Foulbé. Au sujet du profil de leurs bourreaux, les déplacés sont clairs. «En majorité, il s’agit de Centrafricains et de Tchadiens qui s’infiltrent au Cameroun. Du moins, pour ce qui est des mercenaires qui viennent avec des armes, car aidés par d’anciens bergers Mbororo camerounais. Ce sont ces derniers qui guident ces malfaiteurs jusqu’au domicile des cibles.
Au moment où ces enleveurs repartent avec des otages, ces Mbororo se dispersent», explique un déplacé à Bamnyanga. L’alerte des prises d’otages est presqu’au rouge. «Dans la localité de Kori, au mois de janvier 2018, il y a un vieux qui a été pris, Alhadji Hamaselbé, dont la santé est vraiment précaire. Chaque fois, les ravisseurs donnent des rendez-vous, appellent les enfants de l’otage, mais ils n’honorent pas. Ils rappellent pour donner un autre rendez-vous, les prévenant que s’ils ne viennent pas, ils les prendront aussi en otage ; ces enfants étaient obligés de quitter le village par peur de représailles», informe un déplacé à Ngaoundéré.
D’ailleurs, à en croire bon nombre de ces déplacés, la stratégie des ravisseurs a changé. «Avant, ce sont les enfants qu’ils prenaient. Maintenant, ils cherchent la plus vieille personne d’une famille. Ce, pour que les enfants se battent pour collecter et verser la rançon», renseignent des déplacés. Et la recrudescence des prises d’otages dans l’Adamaoua, se justifie par l’actuelle saison sèche au cours de laquelle les Mayo sont asséchés.
Ce qui favorise la traversée des preneurs d’otages. Mais le souhait de ces villageois, c’est de regagner leurs villages, une fois le calme rétabli. Pour le moment, plus de 30 chefs dans l’Adamaoua seraient sans sujets, dans des villages fantômes, estime une source.