Des sources locales, dont les propos sont confirmés par d’autres, sécuritaires, affirment que « huit otages, tous des bergers peulhs, ont été enlevés par des ravisseurs dont l’identité n’est pas connue jusqu’à ce jour ».
Sur les conditions de leur enlèvement, nos sources déclarent que « tout s’est passé au petit matin, alors que les otages dormaient au camp de Mouloumba, situé en pleine forêt, à une quinzaine du village Zembé-Borongo » Sur la destination vers laquelle les huit bergers ont été conduits, une source sécuritaire indique que « nous n’avons encore aucune information et nous poursuivons nos recherches pour retrouver ces personnes dont la plupart sont des bergers centrafricains dont les familles ont reçu des demandes de rançons ».
Les mêmes recherches sont poursuivies dans le cadre de la tuerie qui s’est déroulée quelques deux semaines plus tard dans le même camp de Mouloumba.
« Cette fois-ci, nous avons été mis au courant de ce massacre par d’autres bergers qui, partis le lendemain rendre visite à leurs frères, n’avaient trouvé que les corps des sept victimes », relatent des villageois rencontrés ce samedi 05 décembre 2015.
« Comme il y a deux semaines, révèlent nos interlocuteurs, c’est vers deux heures du matin que les bergers ont été brusquement attaqués. Nous ne pouvons pas vous dire le moyen utilisé par les présumés assassins pour ôter la vie à leurs victimes mais tout porte à croire qu’ils avaient utilisé des armes à feu de gros calibre. »
Gado-Badzéré
Si dans le village Zembé-Borongo, certains habitants tergiversent sur l’origine de ceux qui sèment la terreur alentours, d’autres pointent un doigt accusateur sur « les réfugiés centrafricains campés à Gado-Badzéré ».
Selon les tenants de cette thèse, que ne confirment ni n’infirment aucune source sécuritaire rencontrée, « les enquêtes menées par les éléments des forces de sécurité qui, après avoir mis la main sur certains présumés fauteurs de troubles montrent que la plupart sortent du camp des réfugiés désigné ».
Récemment encore, en septembre dernier, les pièces officielles de quelques-uns des onze corps exposés à l’esplanade de la légion de gendarmerie de l’Est à Bertoua avaient dévoilé que près de la quasi-totalité des personnes abattues par le Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpign) étaient des réfugiés centrafricains.
A l’époque, pour décrire le modus operandi de ces groupes armés, des sources sécuritaires affirmaient que « les armes de guerre, généralement enfouies dans le sol loin du camp, sont ressorties la nuit tombée pour servir aux rapts effectués dans les villages voisins, lointains ou proches ».
Difficile de ne pas y croire lorsqu’on écoute les autorités et habitants de Garoua-Boulaï, dont dépend Gado-Badzéré, sur « les activités occultes qui se déroulent dans ce camp d’un peu plus de 25.000 réfugiés dont certains sont d’anciens soldats ou miliciens centrafricains ».
Marché à bétail
Zembé-Borongo, localité située à une quarantaine de kilomètres de Bétaré-Oya, chef-lieu de l’arrondissement éponyme auquel elle appartient, est à égale distance de Gado-Badzéré. Selon les villageois, « les attaques que nous subissons peuvent s’expliquer par une forte présence (environ 3.050 selon de récents dénombrements, ndlr) de réfugiés centrafricains tous des bergers peulhs qui animent tous les mardis le plus grand marché à bétail de cette contrée avec des transactions financières de millions de francs Cfa.
Ce sont certainement les retombées de ce commerce que les différents groupes armés visent à travers leurs actes de forfaiture. Malheureusement, il arrive que des bergers déjouent la vigilance des forces de sécurité pour aller négocier et payer les rançons en espèces sonnantes et trébuchantes. Ce qui complique la lutte contre ces présumés bandits. »